élèves
Question de :
M. Yves Durand
Nord (11e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 15 décembre 2010
CONCLUSIONS DU RAPPORT PISA SUR L'ÉDUCATION
M. le président. La parole est à M. Yves Durand, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.M. Yves Durand. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, la semaine dernière, notre collègue Jacques Grosperrin vous a fait part de l'inquiétude que lui inspirent les résultats plus qu'alarmants - je reprends ses termes - de l'enquête PISA sur le système éducatif français. Voici votre seule réponse : " Continuons dans la même direction, parce que la jeunesse de France le mérite "...
Pourtant, tous les acteurs de l'école vous demandent de changer de politique en prenant exemple sur les pays qui réussissent. L'Allemagne, qui était en queue de liste, remonte dans le classement parce qu'elle injecte des moyens supplémentaires dans le système, en ciblant les zones en difficulté. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) C'est très exactement le contraire de ce que vous faites en supprimant 16 000 postes en 2011 et en sacrifiant l'éducation prioritaire que le gouvernement de Lionel Jospin avait instaurée en 1997. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. - Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Tous les pays où, comme au Portugal, l'école gagne en efficacité ont fait de la formation des enseignants leur priorité. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
M. Jean-Michel Ferrand. Il y a aussi la Grèce !
M. Yves Durand. C'est très exactement le contraire de ce que vous faites en supprimant les stages de formation professionnelle. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.) Aujourd'hui, quoi que vous prétendiez, les jeunes sont lâchés sans formation devant les élèves. Et que dire de la stupidité, d'un point de vue pédagogique, de la semaine de quatre jours imposée par votre prédécesseur ? (Même mouvement.)
Mais chaque fois que nous vous alertons sur les conséquences de votre politique, vous affichez la même autosatisfaction, rejetant toutes nos propositions. Pourtant, les résultats sont là : le système éducatif français est de moins en moins efficace et de plus en plus injuste. Et l'enquête PISA montre que l'efficacité d'une école dépend à 94 % des politiques gouvernementales. C'est donc bien votre politique, monsieur le ministre, celle que vous menez depuis près de dix ans, qui est responsable de ces mauvais résultats. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
Monsieur le ministre, la jeunesse de France mérite une autre politique : elle mérite que l'on abandonne rapidement l'autosatisfaction et la désinvolture. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative.
M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative. Monsieur Durand, l'enquête PISA doit attirer l'attention de l'observateur avisé des questions scolaires que vous êtes - comme elle aurait dû le faire en 2000, du reste, puisque les quatre enquêtes menées au cours des neuf dernières années par l'OCDE témoignent d'une parfaite stabilité. (Protestations sur les bancs du groupe SRC.)
Ainsi, la France demeure classée à la fin du premier tiers des pays évalués ; elle reste dans la moyenne des pays de l'OCDE, au côté des États-Unis, de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne.
Faut-il s'en satisfaire, monsieur Durand ? Non. Au contraire, une enquête internationale permet précisément de se comparer aux autres pays et de progresser en identifiant les recettes qui permettent d'obtenir des résultats.
Qu'ont fait les pays qui sont en tête du peloton ? Ils ont fait le contraire de ce que vous avez préconisé pendant des années. À l'instant encore, vous avez insisté sur les moyens, toujours les moyens, rien que les moyens. (Protestations sur les bancs du groupe SRC.)
M. Marc Dolez. Eh oui !
M. Yves Durand. Non, ce n'est pas vrai !
M. Luc Chatel, ministre. Eh bien, je vais vous apprendre quelque chose, monsieur Durand : les élèves évalués par la dernière enquête PISA, qui avaient quinze ans en 2009, sont donc entrés dans le système éducatif en 1997. En d'autres termes, ils ont connu un système éducatif dont la seule réaction à la massification était d'apporter toujours plus de moyens, plus de postes, plus d'heures de cours, plus d'enseignements. Telle est la solution que vous avez proposée pendant des années. (Protestations sur les bancs du groupe SRC.)
Cette solution n'est pas la bonne : le principal enseignement de l'enquête PISA, c'est que ce ne sont pas les pays qui investissent le plus qui obtiennent les meilleurs résultats. (Même mouvement.)
M. Jean Glavany. Supprimez tous les moyens, alors !
M. Luc Chatel, ministre. Cela doit nous conduire à nous interroger sur l'efficacité du système éducatif, monsieur le député. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
Auteur : M. Yves Durand
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Enseignement
Ministère interrogé : Éducation nationale, jeunesse et vie associative
Ministère répondant : Éducation nationale, jeunesse et vie associative
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 15 décembre 2010