Question au Gouvernement n° 2966 :
Premier ministre

13e Législature

Question de : M. Jean Mallot
Allier (3e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche

Question posée en séance, et publiée le 10 février 2011

SÉJOUR DU PREMIER MINISTRE EN ÉGYPTE

M. le président. La parole est à M. Jean Mallot, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
M. Jean Mallot. Monsieur le Premier ministre, lors de sa campagne présidentielle de 2007, le candidat Sarkozy avait déclaré vouloir une démocratie irréprochable, un État impartial. Il ajoutait : " Si l'État veut être respecté, il doit être respectable. Je ne transigerai pas. "
La commission Sauvé, mise en place à l'occasion de l'affaire Woerth-Bettencourt (Exclamations sur les bancs du groupe UMP), définit la notion de conflit d'intérêts comme une situation d'interférence entre une mission de service public et l'intérêt privé d'une personne qui concourt à l'exercice de cette mission.
Il avait pourtant fallu de longs mois au Président de la République pour admettre que la situation d'Éric Woerth, à la fois ministre du budget et trésorier de l'UMP, correspondait exactement à cette définition. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.) M. Woerth a d'ailleurs été écarté de ces deux fonctions.
Entre-temps, deux autres ministres avaient été éliminés, sans doute pour éloigner les regards. Cela n'a pas empêché le Président de la République, là encore récidiviste, de réunir, à nouveau, le mois dernier le Premier cercle des généreux donateurs de l'UMP dans un grand hôtel parisien. (Même mouvement.)
La ministre des affaires étrangères, quant à elle, alors que le mécontentement populaire en Tunisie avait largement entamé le processus qui allait conduire à la chute du régime Ben Ali, n'a rien trouvé de mieux que d'aller passer ses vacances dans ce pays (Exclamations sur les bancs du groupe UMP) et d'utiliser, par commodité, l'avion privé d'un homme d'affaires proche du pouvoir. Ses explications emberlificotées et contradictoires n'y changent rien. Elle a commis une faute et l'image de la France en pâtit. (Protestations sur les mêmes bancs.)
M. Guy Geoffroy. Parlez-nous de Marseille !
M. Jean Mallot. Mais voilà que les Français, consternés, découvrent ce matin que vous-même, monsieur le Premier ministre, avez passé vos vacances personnelles en Égypte, en grande partie aux frais du régime en place. (" Marseille ! Marseille ! " sur les bancs du groupe UMP.) Ne pensez-vous pas que cela commence à faire beaucoup ? Quand allez-vous enfin mettre en cohérence votre comportement et celui de vos ministres avec les proclamations vertueuses du Président de la République ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. - Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. François Fillon, Premier ministre. Monsieur Mallot, je comprends que vous vouliez m'interroger sur le séjour que j'ai effectué, à la fin de l'année, en Égypte.
Avant de le faire, je voudrais - pardon d'exprimer un sentiment personnel - remercier tous ceux qui, du côté de la majorité, m'ont apporté un soutien très fort, mais aussi tous ceux qui à gauche, de Robert Badinter à Jean-Pierre Chevènement, en passant par beaucoup d'autres, ont eu des propos mesurés et responsables. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)
Mon voyage était connu, puisque j'ai eu l'occasion, notamment, d'y rencontrer de manière officielle le Président égyptien, avec lequel, je le rappelle, la France entretient, depuis longtemps de très bonnes relations diplomatiques,...
M. Patrick Lemasle. Cela n'excuse rien !
M. François Fillon, Premier ministre. ...pour une raison simple : c'est qu'il s'agit d'un homme qui a joué un rôle clé dans l'établissement du processus de paix au Proche-Orient. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si, il y a quelques mois, c'est au Caire que le Président Obama, dont on vante par ailleurs la perspicacité sur tous ces sujets du Moyen-Orient, a décidé de s'adresser au monde arabe. (" C'est vrai ! " sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
Ce n'est pas non plus un hasard si, il y a quelques semaines, c'est aux côtés du président Moubarak et du roi de Jordanie que M. Obama a tenté, malheureusement sans succès, de relancer le processus de paix. (" Et les vacances ? " sur les bancs du groupe SRC.)
Je vais y venir.
J'ai répondu à une invitation ancienne et réitérée du gouvernement égyptien. Je l'ai fait, comme beaucoup d'autres chefs de gouvernement, ...
M. Christian Hutin. En famille !
M. François Fillon, Premier ministre. ...en famille, comme vous dites, et comme beaucoup d'autres présidents de la République. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP.) Je n'ai pas besoin de m'étendre à ce sujet. (" Mitterrand ! " sur les bancs du groupe UMP.)
Dans un souci de transparence, j'ai publié, hier, un communiqué qui donne tous les détails de ce déplacement et je vous y renvoie, car je n'ai pas l'intention de me répéter. En le lisant, vous constaterez que j'ai respecté strictement toutes les règles qui s'attachent aux déplacements privés à l'étranger du Premier ministre, comme du Président de la République, règles qui obéissent à des contraintes de sécurité et à des contraintes diplomatiques. (Les députés du groupe UMP et plusieurs députés du groupe NC se lèvent et applaudissent longuement. - Applaudissements sur les bancs du groupe NC.)

Données clés

Auteur : M. Jean Mallot

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : État

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 10 février 2011

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