Union méditerranéenne
Question de :
M. Michel Vauzelle
Bouches-du-Rhône (16e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 3 mars 2011
UNION POUR LA MÉDITERRANÉE
M. le président. La parole est à M. Michel Vauzelle, pour le groupe SRC.M. Michel Vauzelle. Monsieur le ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes, nous sommes heureux que vous arriviez au Quai d'Orsay.
Pour Noël, chaque fois qu'un dirigeant français s'est rendu chez un ami, chef d'État arabe, sa visite a été fatale à son hôte : Mme Alliot-Marie en Tunisie, trois jours après Ben Ali est renversé ; M. Fillon en Égypte, huit jours après M. Moubarak est renversé ; M. Guaino en Libye, quelques jours après M. Khadafi est au plus mal (Exclamations sur les bancs du groupe UMP) ; M. Sarkozy au Maroc, espérons que le roi aura la baraka. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Heureusement, M. Sarkozy a repris la main. Il a envoyé le meilleur d'entre nous comme ambassadeur à Tunis. Il est allé lui-même passer quelques instants en Turquie, juste le temps de s'entendre dire qu'il n'était pas le bienvenu. (Mêmes mouvements.)
En revanche, M. Sarkozy ressort un dossier dont on ne parlait plus et pour cause : celui de l'Union pour la Méditerranée et de son échec cuisant. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
Pouvez-vous, monsieur le ministre, contenir M. Guaino et nous rassurer ? Ne relancez pas une opération qui n'a duré que le temps d'une photo à Paris. Si vous relancez l'UPM, elle sera, vous le savez bien, rejetée par nos partenaires arabes. Elle sera également sabotée par certains pays européens et par les États-Unis qui, avec l'OTAN et donc l'appui de la France, entretiennent une maîtrise de la situation de Gibraltar au Caire , et même jusqu'à Kaboul.
Nous ne sommes pas en voisinage avec les pays du Maghreb et du Sud. Nous sommes en cohabitation, quand la moitié de la famille habite à Marseille et l'autre moitié à Alger. Nous devons donc tisser des liens sur un mode différent de celui qui consiste à pointer du doigt les musulmans ou les arabes... (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. - Vives protestations et huées sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. Alain Juppé, ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes.
M. Alain Juppé, ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes. Monsieur le président Vauzelle, la polémique obscurcit la clarté de votre jugement. J'aurai un peu de mal à répondre à une question que je n'ai pas entendue, mais je vais essayer de le faire.
L'Union pour la Méditerranée est une belle idée. Je serais tenté de dire que c'est une idée plus nécessaire que jamais. La Méditerranée, c'est notre mer, comme disaient les anciens, c'est le berceau des civilisations européennes. C'est le berceau des trois grandes religions du Livre, qui sont notre bien commun.
Elle a rencontré sur son chemin des obstacles. D'abord, le blocage du processus de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne, que ni l'Union européenne ni la diplomatie de M. Obama n'ont pu relancer.
Deuxième obstacle : les révolutions qui se déroulent à l'heure actuelle dans les pays arabes du sud de la Méditerranée sur lesquelles je ne m'attarderai pas davantage.
Que faut-il faire ? Aller de l'avant, ne pas renoncer. Relancer l'Union pour la Méditerranée. Elle est absolument nécessaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) D'abord parce que c'est notre devoir d'accompagner les peuples du Sud dans leur marche vers la démocratie. Ce n'est pas gagné. Le destin hésite en Tunisie, en Libye, en Égypte. Le meilleur est possible, le pire est possible. Notre devoir est de les accompagner vers le meilleur. Ensuite, c'est notre intérêt. Notre intérêt est de faire en sorte que le développement du côté des deux rives permette aux citoyens du Sud de vivre chez eux, sur leurs terres, dans leur pays et d'y trouver la paix, la liberté, le travail (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP) et la prospérité qu'ils sont en droit d'attendre. C'est ce que nous allons faire en relançant l'Union pour la Méditerranée avec le soutien de tous les pays de l'Union européenne - j'ai pu le mesurer depuis quarante-huit heures. Ce sera à l'ordre du jour du 11 mars, lors du Conseil européen consacré à la Libye et un peu plus tard le 24 mars.
Nous nous appuierons davantage sur la politique européenne de proximité. Je crois qu'il y a des moments où, même si le rêve peut paraître utopique, c'est le rêve qui bouscule la réalité. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)
Auteur : M. Michel Vauzelle
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Affaires étrangères et européennes
Ministère répondant : Affaires étrangères et européennes
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 3 mars 2011