Question au Gouvernement n° 3123 :
fonctionnement

13e Législature

Question de : M. Olivier Dussopt
Ardèche (2e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche

Question posée en séance, et publiée le 31 mars 2011

ÉDUCATION NATIONALE

M. le président. La parole est à M. Olivier Dussopt, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
M. Olivier Dussopt. Ma question s'adresse à M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, et j'y associe mon collègue de la Creuse, Michel Vergnier.
Hier, monsieur le ministre, vous avez affirmé devant nous, sans rire, que votre ministère allait créer 17 000 emplois et serait le premier recruteur de France cette année. C'est loin de la réalité, car l'éducation nationale sera en fait le premier " licencieur " de France, si vous me passez l'expression, avec la suppression de 16 000 postes.
Quand vous parlez de la situation de votre ministère, nous avons le sentiment que vous succombez au syndrome des villages Potemkine : tout irait bien dans le meilleur des mondes. On se demande si vous vous moquez de nous seulement ou de l'ensemble de nos concitoyens ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
En réalité, vous avez attendu que les élections soient passées pour annoncer la carte scolaire et, département après département, nous apprenons les projets de suppression de classes et de postes. En Ardèche, par exemple, avec le même nombre d'élèves, nous allons perdre entre quinze et vingt postes, soit autant de classes fermées.
Partout, nous rencontrons aussi des parents qui s'inquiètent que les enseignants de leurs enfants ne soient pas remplacés. Vous ne pouvez pas nous dire que ce n'est pas une question de moyens, car nous savons que vos services ont recours aux maîtres remplaçants pour remplacer les postes que vous avez supprimés dans les classes depuis plusieurs années.
Autre exemple : vous annoncez que tout est fait pour l'encadrement et l'accompagnement des enfants en difficulté, mais dans le même temps votre gouvernement réduit le nombre d'emplois aidés par rapport à 2010, interdit leur renouvellement et raccourcit leur durée.
Vous dites que la lutte contre le décrochage scolaire est une priorité, mais, là encore, l'État réduit les crédits pour les programmes de réussite éducative. Dans ma ville, à Annonay, c'est par exemple une baisse de 15 %, soit la suppression d'un poste d'animateur.
Nous savons tous, et vous le savez aussi, que la lutte contre le décrochage mérite mieux que deux heures de soutien personnalisé. Elle mérite un véritable accompagnement tout au long de la scolarité, commencé le plus tôt possible, pour rétablir un semblant d'égalité des chances. Elle mérite aussi d'aider les familles en difficulté. Or on voit baisser de 12 % les crédits affectés aux contrats urbains de cohésion sociale.
Monsieur le ministre, l'école souffre de vos décisions et de celles de tout le gouvernement. À l'approche des comités techniques paritaires dans les départements, allez-vous renoncer aux suppressions de postes et rendre à l'éducation nationale les moyens d'agir ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR.)
M. le président. La parole est à M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative.
M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative. Monsieur le député, je voudrais tout d'abord me livrer à un rapide calcul devant vous : 33 000 départs en retraite, 16 000 non-remplacements, cela veut bien dire que nous allons recruter cette année 17 000 personnes à l'éducation nationale ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC. - Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) L'éducation nationale sera le premier recruteur de France cette année, même si cela vous est désagréable !
M. Marcel Rogemont. C'est le premier " licencieur " !
M. Luc Chatel, ministre. Vous me parlez de l'Ardèche, monsieur Dussopt, je vais vous répondre sur l'Ardèche. Vous avez trahi la réalité des faits. Il y aura moins d'élèves en premier degré à la rentrée prochaine en Ardèche.
M. Pascal Terrasse. C'est faux : il y en aura vingt-sept de plus ! Menteur !
M. Luc Chatel, ministre. Il y aura donc moins de professeurs du premier degré à la rentrée prochaine en Ardèche !
Il y aura plus d'élèves à la rentrée prochaine en second degré en Ardèche. Il y aura donc plus de professeurs du second degré à la rentrée prochaine en Ardèche ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.) C'est une gestion responsable, assurée avec discernement, qui tient compte de la réalité locale et des faits.
M. Pascal Terrasse. Demandez plutôt ce qu'il en est à votre inspectrice d'académie !
M. Luc Chatel, ministre. Monsieur Terrrasse, dans votre académie, nous allons par exemple ouvrir quatorze nouvelles sections européennes, car c'est une priorité pour nous.
M. Jacques Alain Bénisti. Absolument !
M. Luc Chatel, ministre. Monsieur Dussopt, parce que l'accueil des enfants handicapés est également une priorité, 1 000 de plus seront accueillis cette année en milieu ordinaire, dans votre académie.
M. Jacques Alain Bénisti. Bravo !
M. Luc Chatel, ministre. Parce que l'enseignement professionnel est une priorité, grâce à la réforme de la voie " pro ", dans votre académie, 2 000 élèves de plus passeront en première et auront ainsi une chance de plus d'obtenir leur bac " pro ".
Voilà nos priorités ! J'aimerais bien que les collectivités locales que vous gérez nous accompagnent dans cette direction. (Vives exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
M. Yves Durand. Ce n'est pas possible, ça !
M. Luc Chatel, ministre. Car, quand nous augmentons le budget de l'éducation nationale de 1,6 %, la région Rhône-Alpes, elle, diminue le budget des lycées de 5,7 %. Alors, de grâce, pas de leçons ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP. - Protestations sur les bancs du groupe SRC.)

Données clés

Auteur : M. Olivier Dussopt

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Enseignement

Ministère interrogé : Éducation nationale, jeunesse et vie associative

Ministère répondant : Éducation nationale, jeunesse et vie associative

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 31 mars 2011

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