gouvernement
Question de :
M. Bernard Roman
Nord (1re circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 6 avril 2011
PROPOS DE CLAUDE GUÉANT
M. le président. La parole est à M. Bernard Roman, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.M. Bernard Roman. Monsieur le Premier ministre, la République française est l'héritière de valeurs que nous connaissons tous et dont nous sommes tous ici, députés ou membres du Gouvernement, les garants. Les nouvelles déclarations de votre ministre de l'intérieur (Exclamations sur les bancs du groupe UMP) sont tout simplement contraires à ces valeurs, qui font pourtant l'honneur de notre république. Nous ne faisons pas à M. Guéant l'injure de penser que ses propos sont des dérapages... Non, c'est pire ! (Mêmes mouvements.) Ils s'inscrivent dans une stratégie réfléchie, concertée, délibérée et assumée !
M. Michel Lefait. C'est vrai !
M. Bernard Roman. Le chef de l'État est en campagne électorale pour 2012 ; il a choisi la pire des stratégies : la provocation, la transgression de l'extrême-droitisation !
Il se trouve pourtant que le rôle d'un ministre de l'intérieur n'est pas de faire une campagne électorale, mais d'en assurer le bon déroulement. Le rôle d'un ministre de l'intérieur n'est pas d'agresser et d'inquiéter les citoyens, mais de protéger et de rassurer. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP.) Enfin, il se trouve que le ministre de l'intérieur est aussi chargé des cultes, donc de la laïcité, principe constitutionnel qui, faut-il le rappeler, donne à chaque citoyen, dans le respect des lois républicaines, la liberté de croire ou non, de pratiquer ou non, cette liberté de conscience étant garantie par la neutralité de l'État.
Or l'État aujourd'hui n'est plus neutre ! En effet, le Président de la République revient à l'envi sur " l'héritage chrétien de la France " (" Et alors ? " sur de nombreux bancs du groupe UMP) et le ministre de l'intérieur estime que " l'accroissement du nombre de fidèles " de religion musulmane, ainsi qu'" un certain nombre de comportements ", " posent problème ", quelques jours après avoir assuré que " les Français veulent que la France reste la France ".
Dès lors, monsieur le Premier ministre, devant de telles déclarations qui bafouent la République (" Oh ! " sur de nombreux bancs du groupe UMP) et avant que Claude Guéant ne se voie, comme son prédécesseur, condamné pour provocation à la haine et à la discrimination raciale, rappelez-lui de respecter les valeurs de la République ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR.)
M. le président. La parole est à M. François Fillon, Premier ministre.
M. François Fillon, Premier ministre. Monsieur Bernard Roman, il y a quelques semaines, une publication du parti socialiste présentait le Président de la République sous les traits d'Adolf Hitler. (Protestations sur les bancs du groupe SRC.) Je n'ai entendu aucun regret, aucune excuse, aucune condamnation de la part des dirigeants du parti socialiste ! (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)
Il y a quelques jours, la Première secrétaire du parti socialiste trouvait judicieux d'apposer sa signature au bas d'une pétition aux côtés de celle de Tariq Ramadan, l'homme qui proposait un moratoire pour la lapidation des femmes adultères (Huées sur les bancs du groupe UMP.)
À Marseille, des accusations graves de fraude ont été portées par M. Montebourg.
M. Christian Bataille. Menteur !
M. François Fillon, Premier ministre. Je n'ai entendu aucune réaction, aucune condamnation, aucune décision du parti socialiste !
Et vous venez maintenant instruire le procès de Claude Guéant avec des phrases sorties de leur contexte,...
M. Bernard Roman. Non !
M. François Fillon, Premier ministre. ...coupées en morceaux, selon les bonnes vieilles méthodes des procès staliniens (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) : la caricature, la calomnie, l'amalgame. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes UMP et sur de nombreux bancs du groupe NC.) C'est une attitude méprisable. (De nombreux députés du groupe SRC se lèvent et protestent.) Claude Guéant est un républicain, et toute sa carrière parle pour lui. Vous avez choisi une méthode d'intimidation. Mais je vous l'affirme : je ne céderai pas devant cette méthode, et vous me donnez l'occasion de dire à tous les Français la grande confiance que j'ai dans le ministre de l'intérieur. (Les députés du groupe UMP et de nombreux députés du groupe NC se lèvent et applaudissent longuement. - De nombreux députés du groupe SRC quittent l'hémicycle.)
Auteur : M. Bernard Roman
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : État
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 6 avril 2011