Libye
Question de :
M. Philippe Folliot
Tarn (3e circonscription) - Nouveau Centre
Question posée en séance, et publiée le 13 avril 2011
OTAN ET INTERVENTION EN LIBYE
M. le président. La parole est à M. Philippe Folliot, pour le groupe Nouveau Centre.M. Philippe Folliot. Monsieur le ministre de la défense et des anciens combattants, je tiens tout d'abord à saluer, au nom du groupe Nouveau Centre et apparentés, l'action des forces françaises en Côte d'Ivoire qui, dans des conditions difficiles, ont rigoureusement agi dans le cadre de la légalité internationale. (Applaudissements sur les bancs des groupes NC et UMP.) Elles ont permis de faire cesser une situation dramatique pour les populations dans un contexte de guerre civile, dont les conséquences humanitaires étaient insupportables. Il était urgent que la situation se dénoue dans ce pays jadis considéré comme la vitrine de l'Afrique.
Au-delà de l'actualité ivoirienne, nous tenons à rendre hommage à l'ensemble de nos forces engagées hors de nos frontières, notamment en Afghanistan et en Libye. Le professionnalisme de nos hommes sur ces théâtres, mais aussi au Kosovo, au Tchad ou au Liban, mérite le respect de la France et de la représentation nationale, car, au bout de leur engagement pour la paix aux quatre coins du monde, il y a, pour ce métier comparable à nul autre, le sacrifice suprême, celui de la vie.
Aujourd'hui, tout le monde se félicite de leur action. J'espère que nous serons aussi nombreux et unanimes quand il s'agira de doter nos forces armées des budgets adéquats pour que nos soldats puissent agir dans de bonnes conditions et pour que la France tienne son rang dans le concert des nations.
Nous, centristes, qui sommes attachés à la politique européenne de sécurité et de défense, nous eussions préféré que l'Europe soit en première ligne sur le théâtre libyen, d'autant qu'à terme, les conséquences de ce conflit, surtout s'il venait à durer, seront supportées en grande partie par l'Europe. À ce sujet, d'ailleurs, le ministre des affaires étrangères a déclaré, ce matin, que l'OTAN ne jouait " pas suffisamment " son rôle en Libye.
Monsieur le ministre, pouvez-vous faire le point sur la stratégie et l'implication, dans le cadre du respect des résolutions des Nations unies, des forces françaises en Libye ? Par ailleurs, quel doit être, selon vous, le degré d'implication de l'OTAN dans ce pays ? (Applaudissements sur les bancs du groupe NC.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de la défense et des anciens combattants.
M. Gérard Longuet, ministre de la défense et des anciens combattants. Monsieur Folliot, votre question est d'une intense actualité. L'OTAN est en effet une modalité d'application de l'organisation de la coalition intervenant en Libye, mais elle n'en est qu'une modalité d'application. Faut-il rappeler que l'intervention en Libye a pour origine l'initiative courageuse, lucide, du Premier ministre britannique et du Président de la République française, qui a permis de mobiliser l'intérêt du Conseil de sécurité des Nations unies et l'adoption de la résolution 1973 ?
Encore une fois, l'OTAN, dans cette affaire, est un outil. La direction politique est assurée par un groupe de contact rassemblant le monde arabe et la coalition européenne, pour l'essentiel, et atlantique, qui doit se réunir dans les heures qui viennent à Doha. L'OTAN n'a pas, actuellement, la possibilité d'obliger les partenaires à participer à cette action. Je déplore, comme vous, par exemple, que la France et l'Angleterre supportent l'essentiel de cet effort, même si les États-Unis continuent d'apporter un soutien dans l'environnement aérien. Ce soutien est indispensable, mais il ne concerne plus aujourd'hui l'attaque au sol, sans laquelle il n'est pas possible de desserrer l'étau qui enserre des villes assiégées telles que Misrata ou Zintan.
Je conclurai par une observation. Celles des grandes nations européennes qui ne nous ont pas rejoints au début de la coalition sont en train de mesurer combien il serait nécessaire qu'elles rattrapent leur retard - je vois que vous acquiescez. Ainsi, l'Allemagne participera résolument à l'initiative humanitaire qui a été annoncée par l'Union européenne et qui est, au fond, un oral de rattrapage. (Applaudissements sur les bancs des groupes NC et UMP.)
Auteur : M. Philippe Folliot
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Défense et anciens combattants
Ministère répondant : Défense et anciens combattants
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 13 avril 2011