revendications
Question de :
M. Jean-Pierre Dufau
Landes (2e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 24 janvier 2008
FONCTION PUBLIQUE
M. le président. La parole est à M. Jean-Pierre Dufau, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.M. Jean-Pierre Dufau. Monsieur le secrétaire d'État chargé de la fonction publique, les fonctionnaires sont mécontents du Gouvernement. (" Oui ! " sur de nombreux bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine. - " Oh ! " sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) C'est pourquoi ils seront massivement en grève demain jeudi 24. Ils sont mécontents de la décision de ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux et peut-être, bientôt, deux sur trois. Pourtant, chacun sait que les fonctionnaires ne sont pas assez nombreux, notamment dans les hôpitaux, les écoles, la justice, la police.
Comme tous les Français, ils sont mécontents de la baisse de leur pouvoir d'achat - baisse qui concerne les actifs et les retraités. Où sont les promesses du candidat Sarkozy ? Vous préférez ouvrir largement la privatisation des services publics, conformément à votre idéologie libérale. Vous cherchez à opposer, par des mesures dilatoires, les fonctionnaires aux usagers, comme vous opposez les Français entre eux. Les fonctionnaires ne comprennent pas le mépris de l'État employeur. Pourtant, la fonction publique garantit l'intérêt général, elle est nécessaire à la cohésion sociale.
Quand allez-vous entamer un véritable dialogue pour réformer l'État en valorisant la fonction publique au service de tous les citoyens sans exclusive ? Quand allez-vous considérer les fonctionnaires comme des agents de la modernisation du pays et leur accorder les moyens de mener à bien leur mission ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)
M. le président. La parole est à M. le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique.
M. Éric Woerth, ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique. Quand allons-nous valoriser le travail des fonctionnaires, monsieur le député ? Maintenant ! Quand allons-nous discuter avec les fonctionnaires de leur évolution professionnelle ?
M. Jérôme Lambert. Il ne s'agit plus de discuter mais de décider !
M. le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique. Nous le faisons depuis que nous sommes au Gouvernement (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.) Votre question est donc particulièrement décalée par rapport à la réalité qui n'est pas celle que vous décrivez.
En effet, les fonctionnaires sont fiers de servir l'État, fiers de servir les hôpitaux, fiers de servir les collectivités territoriales. Nous entretenons avec l'ensemble des syndicats de la fonction publique un dialogue constructif...
M. Bernard Roman. Il n'y a que vous qui le dites car sinon pourquoi feraient-ils grève !
M. le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique. ...grâce auquel nous travaillons sur la question des rémunérations. Abordons ce sujet, parlons des traitements, du pouvoir d'achat des fonctionnaires, ce n'est pas un sujet tabou ! Mais, en même temps, parlons-en sérieusement, et non en nous jetant à la figure des chiffres souvent mal calculés. Efforçons-nous d'avoir un dialogue républicain.
Je ne crois pas à la logique de confrontation, je crois à la logique de concertation. C'est celle que nous suivons.
M. Frédéric Cuvillier. Nous sommes au paradis, à vous entendre !
M. le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique. Nous avons proposé aux fonctionnaires une garantie individuelle de pouvoir d'achat, le Président de la République l'a indiqué.
M. Daniel Vaillant. Quelle garantie ?
M. Frédéric Cuvillier. Vous allez supprimer un poste sur deux !
M. le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique. Nous avons proposé aux fonctionnaires de bénéficier d'une augmentation sur le point d'indice dès 2008. Nous en discuterons dès que le Premier ministre les aura reçus, dans quelques semaines. Nous allons discuter avec eux de leurs conditions de travail car ils ne sont pas uniquement préoccupés par leur traitement, mais aussi, et c'est bien naturel, par les parcours professionnels, par la qualité de leur travail (" Oh ! " sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine), par la possibilité de passer d'une fonction publique à l'autre, par la possibilité de passer du public au privé.
Tout cela doit être mis sur la table...
M. Frédéric Cuvillier. C'est plutôt sous la table !
M. le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique. ...et fera l'objet de négociations au cours de cette année. Jamais le dialogue avec la fonction publique n'a été aussi actif et aussi enrichissant. (" Ben voyons ! " sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)
M. Bernard Roman. Mais alors pourquoi font-ils grève ? C'est insupportable d'entendre cela !
M. le président. Monsieur Roman, je vous en prie !
M. le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique. Alors, s'il vous plaît, ne caricaturez pas la situation. En effet, toujours, avant les grandes décisions, se manifestent ici ou là des inquiétudes ; or nous sommes là pour les lever. Il y a certes un malaise, parfois même un mal-être dans la fonction publique ;...
M. Bernard Roman. Oh ça, oui !
M. Frédéric Cuvillier. Il y a en effet un malaise !
M. le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique. ...nous devons y répondre, et le Gouvernement y répondra sereinement mais puissamment.
Il y a trop longtemps que la fonction publique n'a pas évolué.
M. Henri Emmanuelli. Cela fait six ans que vous êtes au pouvoir !
M. le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique. Nous devons travailler avec elle. Il n'y a pas de service public sans fonction publique. La réforme de l'État se fera donc avec la fonction publique.
Vous voilà, j'en suis sûr, monsieur le député, parfaitement rassuré. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de l'Union pour un mouvement. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)
Auteur : M. Jean-Pierre Dufau
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Fonctionnaires et agents publics
Ministère interrogé : Budget, comptes publics et fonction publique
Ministère répondant : Budget, comptes publics et fonction publique
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 24 janvier 2008