gouvernement
Question de :
M. Jean-Paul Bacquet
Puy-de-Dôme (4e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 8 mai 2008
POLITIQUE DU GOUVERNEMENT
M. le président. La parole est à M. Jean-Paul Bacquet, pour le groupe socialiste, républicain, citoyen et divers gauche.M. Jean-Paul Bacquet. Monsieur le Premier ministre, il est des jours où il reste difficile pour un député et pour nos concitoyens de comprendre la politique que vous menez. (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Cela a commencé lors du débat sur les OGM où une ministre a demandé à ses collègues de prendre leurs responsabilités en dénonçant un concours de lâcheté et d'inélégance, avant de devoir s'expliquer et s'excuser devant son groupe politique.
Ce fut ensuite la Chine, la secrétaire d'État aux droits de l'homme, Mme Rama Yade, posant trois conditions pour que le Président de la République assiste à l'ouverture des jeux Olympiques, déclaration immédiatement contredite par M. Kouchner selon lequel il " ne s'agit pas de poser des conditions à la Chine ".
Puis ce fut Roselyne Bachelot qui a affirmé à la radio que " la question [était] posée " de savoir si l'assurance maladie devait se désengager complètement du remboursement des frais d'optique, avant de démentir elle-même ses propos dans cet hémicycle.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative. Comme vous y allez !
M. Jean-Paul Bacquet. Luc Chatel - porte parole du Gouvernement ! - a déclaré qu'aucune réforme des allocations familiales n'était envisagée, la secrétaire d'État à la famille, expliquant, le soir même à la télévision, le nouveau mode d'attribution de celles-ci... Quant au ministre du travail, Xavier Bertrand, il ajoutait de son côté : " Ce n'est pas un désengagement de l'État mais une mesure de simplification. " Alors qu'il s'agissait de compliquer un peu plus la compréhension du dispositif.
En ce qui concerne la carte famille nombreuse, Dominique Bussereau a annoncé qu'elle allait " certainement disparaître " tandis que Jean-Louis Borloo répondait qu'elle serait " maintenue d'une manière ou d'une autre ". Le Président de la République de conclure : " Je vous confirme que la carte famille nombreuse est maintenue avec l'ensemble des avantages qui y sont associés. "
Quant au RSA, pour finir, le ministre du budget, Éric Woerth, a souligné que sa généralisation devait tenir compte des contraintes budgétaires, provoquant l'inquiétude du haut commissaire du Gouvernement aux solidarités actives contre la pauvreté, Martin Hirsch : " Le Gouvernement lance un train de réformes, je ne veux pas que le wagon des pauvres soit décroché du train. "
Je pourrais continuer longtemps la liste des incohérences gouvernementales. Convenez donc, monsieur le Premier ministre, qu'il devient de plus en plus difficile de comprendre votre politique. Ma question est simple : y a-t-il encore un pilote dans l'avion et où nous conduit-il ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine. - Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. le président. La parole est à M. Roger Karoutchi, secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement.
M. Roger Karoutchi, secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement. Monsieur le député Bacquet, vous êtes un spécialiste.
M. Jean-Paul Bacquet. Vous avez raison !
M. le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement. Vous avez en effet des capacités d'auscultation qui nous ravissent et vous venez d'un parti où les contradictions internes, naturellement, n'existent pas. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. - Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Et nous savons qu'entre vous tous il y a unité de vue sur tous les sujets, ce qui nous laisse chaque jour admiratifs.
M. Jean-Pierre Brard. Nous ne sommes pas au Caveau de la République, monsieur le secrétaire d'État !
M. le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement. Depuis à peine un an, le Président de la République et le Gouvernement ont changé profondément le pays avec un objectif, une méthode et une responsabilité.
L'objectif, c'est le mouvement, c'est faire de la France un pays qui conserve son rang ;...
M. Frédéric Lefebvre. Eh oui !
M. le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement. ...mieux : qui gagne même plusieurs places.
M. Bruno Le Roux. C'est raté !
M. le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement. C'est une France qui ne passe pas son temps à s'ausculter. C'est une France qui agit, qui se transforme pour le bénéfice de tous les Français.
La méthode, c'est la rupture ; pas la rupture pour le plaisir de la rupture, monsieur Bacquet,...
M. Jean-Pierre Brard. Pour la souffrance !
M. le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement. ...pas la rupture pour faire chic. C'est que nous devons rompre avec les conservatismes, avec les immobilismes qui ont fait tant de mal à notre pays depuis trente ans, à droite et à gauche de cet hémicycle.
M. Jean-Pierre Brard. Votre rupture, c'est une rupture d'anévrisme !
M. le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement. Nous avons besoin de ces réformes pour changer notre pays et nous avons besoin qu'elles forment un bloc afin qu'elles provoquent une réelle et forte impulsion pour le redressement.
Le troisième élément, c'est la responsabilité, celle du Président de la République, du Premier ministre et de l'ensemble du Gouvernement. Il ne s'agit pas seulement de la responsabilité devant le Parlement, certes,...
M. Bruno Le Roux. Jamais devant le Parlement, d'ailleurs !
M. le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement. ...mais devant tous les Français, devant l'ensemble de l'opinion publique. Vous en êtes témoin, monsieur Bacquet.
Je souhaite remercier à nouveau la majorité pour son action et sa loyauté. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)
M. Bernard Deflesselles. Très bien !
M. le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement. Depuis un an, le chômage baisse. Depuis un an, les droits de succession sont supprimés. La réforme sur l'autonomie des universités est engagée,...
M. Bernard Deflesselles. Tout à fait !
M. le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement. ...tout comme celle des heures supplémentaires et celle des peines plancher en cas de récidive. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Où étiez-vous à ce moment-là, monsieur Bacquet ? (Protestations sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.) Vous étiez dans la contestation, dans l'opposition systématique. Vous n'avez apporté aucune proposition, aucune modification. Merci donc à la majorité et tant pis pour l'opposition. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Auteur : M. Jean-Paul Bacquet
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : État
Ministère interrogé : Relations avec le Parlement
Ministère répondant : Relations avec le Parlement
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 8 mai 2008