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Question de :
M. Franck Reynier
Drôme (2e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
Question posée en séance, et publiée le 23 octobre 2008
RÉFORME DES LYCÉES
M. le président. La parole est à M. Franck Reynier, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.M. Franck Reynier. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, le lycée que nous connaissons a beaucoup contribué à la démocratisation de l'accès au baccalauréat et aux études supérieures. Il s'est progressivement ouvert à toute la diversité de notre société et n'est plus ce lieu élitiste réservé aux élèves des classes les plus favorisées. Cette réussite est à mettre au crédit de la communauté éducative, et notamment des enseignants, qui ont accompagné ces évolutions avec beaucoup de dévouement.
Pourtant, dans les lycées, les quatre grandes filières semblent ne plus être adaptées à la réussite et à l'épanouissement scolaire de nos élèves, et apparaissent trop sélectives.
Par ailleurs, le choix d'une de ces filières ne correspond pas toujours aux besoins réels des élèves. La rigidité des parcours est en partie responsable des échecs observés à l'université, en raison d'une orientation souvent trop précoce et mal adaptée.
Faire le choix d'une filière plutôt que d'une autre, c'est se priver de certaines disciplines optionnelles, c'est s'interdire la polyvalence, c'est se conformer à un modèle qui ne correspond pas toujours aux besoins d'adaptation d'un monde du travail qui réclame toujours plus de compétence et d'efficacité.
Aujourd'hui, les Français expriment de nouvelles attentes : celle d'un meilleur accompagnement des élèves, celle d'une meilleure qualité de l'orientation, celle d'un suivi personnalisé qui permette à chacun de corriger ses erreurs et de combler ses lacunes à mesure qu'elles apparaissent. Ils ne comprennent pas que notre lycée, pour lequel nous dépensons beaucoup plus que tous nos voisins, ne soit pas en mesure d'assurer efficacement ces missions nouvelles.
Monsieur le ministre, vous avez présenté hier la future organisation de la classe de seconde. Pouvez-vous nous dire en quoi elle répond aux attentes des Français ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. Patrick Roy. Elle sert à mettre la pagaille !
M. le président. La parole est à M. Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale.
M. Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale. Monsieur Reynier, je vous remercie d'avoir rappelé que le lycée français a été profondément évolutif ces dernières années, qu'il a su répondre à des besoins de la société en créant des filières technologiques ou le bac professionnel en trois ans et en s'adaptant sans cesse à l'évolution sociale.
Voilà pourquoi, alors que tout bouge tant autour de nous, je suis surpris que l'on puisse résister à l'idée qu'il faille, encore une fois, faire évoluer le lycée. Je l'ai connu moi-même comme professeur en province, puis à Paris.
M. Jean-Pierre Brard. Il y a longtemps !
M. Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale. Celui que j'ai connu au début de ma carrière et celui que nous voyons aujourd'hui ont beaucoup de différences.
Vous avez rapidement rappelé ce que nous voulons faire.
Nous voulons une organisation différente sur le plan de l'année - pas du tout par caprice. Pourquoi passer au semestre et abandonner le trimestre ? Tout le monde sait - tous ceux qui connaissent l'école - que le premier trimestre était très long : quatre mois, le second un peu plus court : un peu moins de trois mois, et que le dernier s'effilochait très rapidement. On n'avait pas le temps de rattraper les élèves qui étaient en très grande difficulté. Il fallait donc s'organiser par semestre, pour qu'on puisse voir, au milieu de l'année, où en sont les élèves qui se sont mal orientés, qui ne vont pas bien, et pour qu'on ait le temps de les amener vers d'autres formations, ou de les aider à progresser.
Ce n'est pas du tout une logique de zapping, comme je l'ai entendu dire par un ancien ministre de l'éducation nationale. C'est, au contraire, une logique qui lutte contre l'échec scolaire.
Je rappelle qu'aujourd'hui, en France, et seulement en France, 15 % des élèves de seconde redoublent. Pourquoi ? Parce qu'ils se rendent compte, au milieu de l'année, qu'ils sont mal orientés, qu'ils n'ont pas fait les bons choix, qu'on ne peut pas les aider. Ils sont donc maintenus dans la voie de l'échec et ils redoublent.
Notre lycée s'organisera autour de trois pôles : d'abord, des enseignements fondamentaux, grâce à nos enseignants - vous avez eu raison de rappeler qu'ils faisaient parfaitement leur travail ; ensuite, grâce à des enseignements spécialisés, que choisiront les élèves ; enfin et surtout, grâce à un accompagnement éducatif pour ceux qui en auront besoin, c'est-à-dire pour tous, parce que, au fond, tous les élèves ont besoin, aujourd'hui, que l'on personnalise leur travail, leur relation au savoir.
M. Patrick Roy. C'est mal parti !
M. Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale. Il y a une logique entre ce que nous avons fait à l'école primaire : les fondamentaux, le soutien, l'accompagnement ; au collège : restaurer les programmes, faire de l'accompagnement éducatif ; au lycée : les enseignements fondamentaux, l'accompagnement et également le soutien personnalisé. Le nouveau lycée républicain est le haut de la pyramide d'une réforme complète de l'éducation nationale. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
Auteur : M. Franck Reynier
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Enseignement secondaire
Ministère interrogé : Éducation nationale
Ministère répondant : Éducation nationale
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 23 octobre 2008