perspectives
Question de :
M. Paul Giacobbi
Haute-Corse (2e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 27 novembre 2008
CRISE FINANCIÈRE
M. le président. La parole est à M. Paul Giacobbi, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.M. Paul Giacobbi. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Le 13 novembre, le Président de la République déclarait : " Je pars demain à Washington pour expliquer que le dollar qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à Bretton Woods, était la seule monnaie du monde, ne peut plus prétendre à être la seule monnaie du monde ".
Il a souhaité, à ce titre, que le G 20 aborde la question des monnaies en plus de son ordre du jour relatif à la transparence financière, à la régulation des marchés ou à la relance de l'économie.
Depuis plusieurs décennies, en effet, les déficits américains et le privilège accordé au dollar d'être la monnaie internationale, ont généré un océan de liquidités qui noie régulièrement les terres émergées de l'économie réelle sous de véritables tsunamis de spéculations incontrôlées. (Interruptions sur les bancs du groupe UMP.) Je sais, mes chers collègues, que ce n'est pas très intéressant, mais c'est néanmoins la question la plus importante parmi toutes celles qui se poseront à nous dans les dix prochaines années ! (Exclamations sur les mêmes bancs.)
Dans ce contexte, la perversion des outils financiers est non seulement la conséquence de l'irresponsabilité des acteurs des marchés, mais encore le moyen par lequel les États-Unis ont pu aspirer à leur profit, en compensation de déficits abyssaux, l'essentiel de l'épargne du reste du monde.
Malgré les déclarations, françaises et européennes, le G 20 n'a pas abordé cette question cruciale, ni dans son communiqué final ni dans les commentaires d'aucun participant.
Quand il se réunira à nouveau, en avril, les États-Unis auront adopté un plan de relance qui portera leur déficit budgétaire annuel à mille milliards de dollars, tandis que leur déficit extérieur se creusera, le tout financé selon le principe énoncé autrefois par John Connally : " Le dollar est notre monnaie, mais c'est votre problème ".
Au point où nous en serons alors - et où nous en sommes déjà -, bien des observateurs avertis s'interrogent sur la survie du système global face à cette fuite en avant.
Au-delà des déclarations grandiloquentes et des comptes rendus d'autosatisfaction, la France pense-t-elle obtenir que ce problème soit enfin abordé au prochain G 20, avant qu'il ne soit trop tard ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
M. le président. La parole est à M. Luc Chatel, secrétaire d'État chargé de l'industrie et de la consommation, porte-parole du Gouvernement. (Protestations sur les bancs du groupe SRC.)
M. Luc Chatel, secrétaire d'État chargé de l'industrie et de la consommation, porte-parole du Gouvernement. Bretton Woods, monsieur le député, c'était une autre époque. La mondialisation reposait alors sur deux piliers principaux : le commerce et les changes. Depuis soixante ans, un nouvel élément est apparu avec l'explosion des marchés financiers. Or nous avons vu avec la crise que nous traversons actuellement, les limites de ce système.
M. Henri Emmanuelli. Et on n'a pas tout vu encore !
M. Luc Chatel, secrétaire d'État. Il était donc urgentissime que les principaux acteurs politiques mondiaux, les représentants des grands pays développés, se retrouvent pour réguler cet aspect de la mondialisation. On ne peut nier les avancées obtenues en la matière puisque le sommet du G 20 a permis une régulation importante des marchés mondiaux. Je pense au travail qui sera effectué au niveau des agences de notation, de la transparence des rémunérations, de celle des hedge funds et des systèmes financiers internationaux.
M. Maxime Gremetz. Y a-t-il des marges arrière ?
M. Luc Chatel, secrétaire d'État. Cela étant, le G 20 ne va pas s'arrêter là, monsieur Giacobbi. Bretton Woods a duré au moins deux ans. De la même manière, Washington est le début d'un cycle de conférences internationales où l'ensemble de ces sujets doit être abordé.
Vous le savez, le Président de la République a réaffirmé à plusieurs reprises qu'il souhaitait que soit évoquée la question des organisations internationales : quel rôle pour le Fonds monétaire international, pour la Banque mondiale dans l'économie de demain ? Mais il veut aussi que soit soulevée la question monétaire puisque les choses ont évolué en la matière. Si, en Europe, nous avons trouvé une stabilité, la monnaie demeure un instrument de compétitivité mondiale, qui est utilisée par un certain nombre de pays.
Monsieur le député, vous le voyez, un cycle de conférences est engagé. Nous avons déjà obtenu des résultats et nous comptons développer les autres points auxquels j'ai fait référence.
M. Maxime Gremetz. Pourrions-nous avoir parfois droit à des réponses consistantes ?
Auteur : M. Paul Giacobbi
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique économique
Ministère interrogé : Industrie et consommation
Ministère répondant : Industrie et consommation
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 27 novembre 2008