ouverture le dimanche
Question de :
M. Christian Eckert
Meurthe-et-Moselle (7e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 10 décembre 2008
OUVERTURE DES COMMERCES LE DIMANCHE
M. le président. La parole est à M. Christian Eckert, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.M. Christian Eckert. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, la République serait-elle à géométrie variable ? (" Oui ! " sur plusieurs bancs du groupe SRC.) D'un côté, vos préfets traduisent devant le tribunal administratif les maires qui ne peuvent pas mettre en oeuvre votre loi inapplicable sur le service minimum d'accueil. (Protestations sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
M. Patrick Roy. Scandaleux !
M. Christian Eckert. D'un autre côté, des ministres de votre gouvernement vont ostensiblement serrer la main à des patrons de grandes surfaces qui ouvrent en toute illégalité le dimanche. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
M. Patrick Roy. Vraiment scandaleux !
M. Christian Eckert. Cela s'est encore produit ce week-end, dans le Val-d'Oise et ailleurs.
Pour l'ouverture des commerces et des services le dimanche, vous soutenez une proposition de loi qui légalise les commerces hors-la-loi,...
M. Maxime Gremetz. Tout à fait !
M. Christian Eckert. ...au mépris des protestations venant de toutes les organisations syndicales salariales à l'unisson, mais aussi patronales, à la quasi-unanimité. Mme Parisot, quant à elle, a tombé le masque et s'est montrée hostile au droit de refus des salariés.
Vie de famille désorganisée, vie associative sabordée, vie culturelle massacrée et vie sociale derrière le caddy, sans argent pour payer aux caisses.
M. Richard Mallié. Caricature !
M. Christian Eckert. Pour soutenir la consommation, imposez des salaires décents plutôt que des horaires déments ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Sous la contrainte, le chantage à l'emploi, face à des salaires indécents, vous ne laissez d'autre choix aux salariés que de sacrifier leur vie personnelle pour vivre.
Monsieur le Premier ministre, cette proposition de loi cynique, inique, décriée jusque dans votre propre camp et qui va contre l'éthique et la qualité de notre vie, allez-vous la faire adopter de nuit, en catimini, noyée dans un autre texte, contre l'avis de l'immense majorité des Français, ou bien la retirer purement et simplement de l'ordre du jour ? (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
M. le président. La parole est à M. Xavier Bertrand, ministre du travail, des relations sociales, de la famille et de la solidarité. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. Patrick Roy. Et du chômage !
M. Xavier Bertrand, ministre du travail, des relations sociales, de la famille et de la solidarité. Mesdames, messieurs les députés, merci pour vos encouragements. Monsieur Eckert, savez-vous qui était avec Luc Chatel et moi-même dimanche dernier ? Mme la maire d'Éragny.
M. Richard Mallié. Et comment s'appelle-t-elle ?
M. Xavier Bertrand, ministre du travail. Qui est la maire d'Éragny ? C'est Mme Gillot, ancienne ministre socialiste. Savez-vous qu'elle nous a demandé de faire voter ce texte le plus rapidement possible pour apporter une solution aux salariés concernés ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP. - Protestations sur les bancs du groupe SRC.) Voilà la vérité, et vous avez oublié de la dire, monsieur Eckert !
Encore une fois, vous faites une triple erreur : économique, sociale et sociétale. (" Non, c'est vous ! " sur les bancs du groupe SRC.) Erreur économique, parce que vous n'entendez pas les salariés dire très clairement, comme à Éragny, qu'ils ne veulent pas perdre 15 % à 20 % de leur salaire, et parce que vous méconnaissez que les étudiants veulent pouvoir continuer à travailler le dimanche plutôt que tard le soir. Préserver leurs emplois, préserver leurs revenus, voilà ce qu'ils attendent et que nous allons faire.
M. Marcel Rogemont. Respectez d'abord la loi !
M. Xavier Bertrand, ministre du travail. Vous commettez aussi une erreur sociale. Plutôt que de demander un maximum de garanties pour les salariés dans les zones concernées - ce que la majorité va faire (" Non ! " sur les bancs des groupes SRC et GDR) -, vous restez dans l'invective et la caricature, sans chercher à améliorer leur situation.
Enfin, l'erreur sociétale, c'est d'oublier de dire que le dimanche n'est pas un jour comme les autres, que le principe du repos dominical va être confirmé dans la loi (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR), et de ne pas reconnaître que de nouvelles habitudes de consommation se sont installées dans notre pays.
Une triple erreur : c'est bien la marque de fabrique du parti socialiste ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe UMP. - Protestations sur les bancs du groupe SRC.)
Auteur : M. Christian Eckert
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Commerce et artisanat
Ministère interrogé : Travail, relations sociales, famille et solidarité
Ministère répondant : Travail, relations sociales, famille et solidarité
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 10 décembre 2008