Question de : M. Hervé Féron
Meurthe-et-Moselle (2e circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain

M. Hervé Féron attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les effectifs d'enseignants dans les matières scientifiques. Depuis le milieu des années 1990, on observe une désaffection des jeunes générations pour ces disciplines malgré les débouchés existants dans ces secteurs d'activité. Entre 2004 et 2012, le nombre d'étudiants dans les filières dites de « sciences dures » est passé de 174 760 à 161 173, soit une diminution de 7,8 % des effectifs, avec un plancher enregistré en 2008 de 148.203 étudiants seulement. Par ailleurs, la même année, les bacheliers de la série scientifique n'étaient que 43 % à s'orienter vers une formation traditionnelle de l'université dans la continuité de leur cursus scolaire. Le désintérêt pour ces formations se retrouve dans les résultats aux concours de l'enseignement public, la dernière session n'échappant pas à cette tendance. Certaines matières sont cependant davantage touchées que d'autres. Pour exemple, à l'occasion du CAPES de mathématiques cette année, 836 candidats ont été admis pour 1 243 postes ouverts, soit près du tiers des postes restant vacants. Le ratio est similaire pour l'agrégation avec 275 reçus pour 395 postes ouverts. Si les recrutements exceptionnels pour répondre aux suppressions massives de postes de professeur entre 2008 et 2012 ainsi que la disparition de la formation aux métiers de l'enseignement durant plusieurs années ont pu jouer sur ce taux, le phénomène est cependant plus ancien et le malaise plus profond. Beaucoup d'étudiants se détournent du professorat pour s'engager vers des voies plus rémunératrices ou offrant davantage d'opportunités de carrière. Cette tendance est susceptible de poser dans l'avenir de graves problèmes dans les établissements scolaires qui pourraient se retrouver sans enseignant dans ces disciplines. Il lui demande ainsi les mesures que le Gouvernement entend prendre pour remédier à cette situation.

Réponse publiée le 14 avril 2015

Le volume des postes offerts aux concours de recrutement des enseignants du second degré public, dans chaque discipline, est déterminé dans le respect des emplois votés en loi de finances au regard d'un certain nombre de critères, tels que les prévisions d'effectifs d'élèves et le nombre de départs en retraite dans chaque discipline. S'agissant des mathématiques, les besoins de la discipline ont conduit depuis plusieurs années à proposer une augmentation substantielle du nombre de postes offerts, répartis entre les différentes voies de concours. Ainsi, entre les sessions 2010 et 2015, le volume de postes a progressivement augmenté de + 67 % (soit 919 postes). Par ailleurs, depuis la session 2011, la part des recrutements en mathématiques est stabilisée autour de 15 % du total des postes offerts pour l'enseignement public (contre 13 % antérieurement). Si, depuis la session 2011, on observe que tous les postes offerts au CAPES externe de mathématiques ne sont pas pourvus, la déperdition constatée évolue néanmoins à la baisse. En effet, elle était de 40 % en 2011, 31 % en 2012, 33 % en 2013. L'année 2014 est tout à fait particulière du fait d'une double session : une session exceptionnelle, pour laquelle 50 % des postes offerts n'ont pas été pourvus, et la première session de concours rénovés, qui a enregistré 33 % de déperdition. Ces résultats s'expliquent en grande partie par la porosité entre les deux viviers de candidats à ces concours (environ 80 % des inscrits à la session exceptionnelle étaient également inscrits à la session rénovée). On constate toutefois pour la session 2015 une progression significative de près de 47 % du nombre d'inscrits au CAPES externe, qui excède largement l'augmentation du nombre de postes proposés (+ 12 %). Ainsi, le ratio du nombre d'inscrits par postes passe de 2,5 à 3,3. Par ailleurs, vient d'être lancée la Stratégie mathématiques qui doit permettre à l'école française de relever un triple défi : s'appuyer sur des programmes de mathématiques en phase avec leur temps, avoir des enseignants mieux formés et mieux accompagnés pour la réussite de leurs élèves, promouvoir une nouvelle image des mathématiques. Dans ce cadre, l'attractivité des concours sera renforcée par le maintien du niveau élevé de postes proposés aux concours de mathématiques ainsi que par la création d'une option « informatique » au CAPES de mathématiques. Parallèlement, l'attractivité des carrières scientifiques sera renforcée par une politique de valorisation des études scientifiques auprès des élèves des différentes voies de formation, en accentuant la promotion auprès des filles afin de combattre les stéréotypes sexués et favoriser l'égalité hommes/femmes en mathématiques. Enfin, la loi n° 2012-1189 du 26 octobre 2012 portant création des emplois d'avenir a instauré les emplois d'avenir professeur. Ceux-ci ont pour ambition de faciliter l'insertion professionnelle et la promotion sociale des jeunes dans les métiers du professorat en permettant à des étudiants boursiers d'exercer pendant leurs études des fonctions d'appui éducatif rémunérées dans les écoles et les établissements scolaires, tout en bénéficiant d'une entrée progressive dans le métier. La loi prévoit que les candidats qui effectuent leurs études dans une discipline connaissant des besoins particuliers de recrutement bénéficient d'une priorité d'accès aux emplois d'avenir professeur. La liste de ces disciplines a été fixée par l'arrêté du 18 janvier 2013 ; les mathématiques figurent parmi ces disciplines.

Données clés

Auteur : M. Hervé Féron

Type de question : Question écrite

Rubrique : Enseignement : personnel

Ministère interrogé : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche

Ministère répondant : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche

Dates :
Question publiée le 5 août 2014
Réponse publiée le 14 avril 2015

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