Question de : M. Hervé Féron
Meurthe-et-Moselle (2e circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain

M. Hervé Féron attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères et du développement international sur la gestion de l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola sévissant actuellement en Afrique de l'ouest. Cette maladie d'origine virale se caractérise par des vomissements, des diarrhées et des hémorragies avec un taux de mortalité pouvant atteindre 90 % en l'absence de moyens préventifs et de traitement efficace pour lutter contre cette infection. L'épizootie qui s'est déclenchée courant janvier en Guinée-Conakry surprend tout autant par le nombre de cas recensés, niveau jamais atteint depuis l'apparition du virus en 1972, que par sa localisation, le virus se cantonnant d'ordinaire à l'est du continent. Au 20 juillet 2014, on dénombre près de 1 093 cas avérés dans trois pays, la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone, avec plus de 660 personnes décédées des suites de la maladie. Alors que l'épidémie semblait maîtrisée début juin, les organisations non gouvernementales sur place s'inquiètent, ayant de plus en plus de mal à contenir sa progression en raison de l'augmentation du nombre de foyers et surtout de leur dispersion. En l'absence d'une sensibilisation accrue de la population aux règles d'hygiène et de précaution visant à enrayer l'extension de l'épidémie vers d'autres territoires, la situation menace d'échapper au contrôle des autorités sanitaires et des professionnels bénévoles qui œuvrent sur le terrain pour dispenser les soins aux malades. L'Organisation mondiale de la santé a organisé une conférence début juillet associant onze pays de la région afin de définir une stratégie commune de lutte contre l'épidémie mais le sous-directeur général chargé de la sécurité sanitaire a déclaré que celle-ci devrait perdurer encore plusieurs mois. Il lui demande ainsi les moyens mis en œuvre par la France en lien avec l'OMS et le reste de la communauté internationale pour mettre fin à cet épisode de fièvre hémorragique.

Réponse publiée le 9 décembre 2014

Dès les premiers signalements de la maladie, en mars dernier, la France a assuré l'information de ses ressortissants via les postes diplomatiques concernés et le site Conseils aux voyageurs du MAEDI sur la nature de la fièvre hémorragique Ebola, son mode de transmission et les mesures de prévention de la contagion. Face à l'aggravation de l'épidémie, la France a renforcé à deux reprises sa posture de prévention : le 1er août en recommandant aux voyageurs de suspendre les déplacements non essentiels en Guinée, en Sierra Leone, au Liberia et au Nigéria ; puis le 27 août en invitant les ressortissants résidant en Sierra Leone et au Libéria à quitter provisoirement ces pays si leur présence n'y était pas indispensable. Le rappel de ses volontaires internationaux a également été décidé. Des mesures d'information et de prévention ont été prises au Lycée Albert Camus de Conakry. La mise en place de ce dispositif a permis à la rentrée des classes de se dérouler dans de bonnes conditions. En liaison étroite avec les ministères de la santé et de la défense, le MAEDI s'est assuré de la disponibilité d'une capacité nationale de transport médicalisé dans l'hypothèse d'une contamination de ses compatriotes par le virus. Répondant à un objectif d'évacuation le plus tôt possible après le signalement d'une exposition à la contamination, ou après l'apparition des premiers symptômes, le dispositif d'Etat repose sur la mise en place d'un avion médicalisé par le ministère de la défense, avec les personnels et l'équipement (caisson d'isolement). A l'arrivée en France, les patients seront dirigés vers l'hôpital d'instruction des armées de Bégin, ou vers l'un des neuf établissements de santé de référence répartis entre les régions françaises comme ce fut la cas lors du rapatriement de notre compatriote infirmière de MSF, contaminée au Liberia. La France est par ailleurs fortement engagée dans la mobilisation internationale pour combattre l'épidémie. Dès son apparition, la France a fourni de l'expertise aux autorités guinéennes dans le domaine de la santé publique, de l'analyse biologique et de l'appui au diagnostic, via le ministère de la santé et l'Institut Pasteur. Un soutien financier a été accordé par le MAEDI à la Croix-Rouge française pour soutenir ses actions en Guinée forestière sur la gestion des inhumations. Un laboratoire mobile de haute sécurité, EUWAM Lab, financé par la Commission européenne, est en voie d'établissement par l'Inserm, en lien avec l'Institut Pasteur, la Fondation Mérieux et France Expertise internationale. La France a annoncé le 22 octobre un plan d'action global pour la lutte contre l'épidémie en Guinée, mobilisant des financements supérieurs à 100 M€. Ce plan prévoit la formation en France et en Guinée des personnels soignants engagés contre Ebola, dans des centres de formation dédiés ; la mise en place d'un centre de traitement Ebola à l'épicentre de l'épidémie, dans une zone difficile d'accès (Macenta) et la préparation de deux nouveaux centres que la France voudrait armer de soignants venus de pays partenaires ; l'ouverture sur place d'une structure hospitalière dédiée au personnel soignant contaminé par le virus ; la participation au mécanisme européen d'évacuation des personnels humanitaires internationaux contaminés, dont le principe a été décidé au Conseil des affaires étrangères de l'Union européenne du 20 octobre 2014. Il s'agit là d'un élément clé pour encourager les soignants à se rendre dans les pays touchés. La France mobilise tous les moyens à sa disposition pour permettre la mise en oeuvre de ce plan d'action dans les délais les plus rapides.

Données clés

Auteur : M. Hervé Féron

Type de question : Question écrite

Rubrique : Santé

Ministère interrogé : Affaires étrangères

Ministère répondant : Affaires étrangères

Dates :
Question publiée le 5 août 2014
Réponse publiée le 9 décembre 2014

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