Question de : M. Laurent Furst
Bas-Rhin (6e circonscription) - Les Républicains

M. Laurent Furst attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement, sur la situation de la filière forêt-bois française. En 2013, un million de mètre cube de grumes ont été expédiées de France à destination principalement de l'Asie. Ces grumes reviennent pour partie sur le marché européen sous forme de produits finis à bas coût. En fait, les pays émergents récupèrent notre matière première, la transforment et nous vendent le produit fini. La valeur ajoutée du bien produit, en partie financée par le fonds forestier national, profite donc à la balance commerciale des pays étrangers. Cette situation nous prive d'un potentiel d'emplois non négligeable que notre ressource en bois pourrait nous permettre de créer. De plus elle met en péril les scieurs et exploitants forestiers de notre pays. Sur le plan écologique et phytosanitaire, ces expéditions et le retour ensuite du produit transformé sur notre territoire sont aussi un non-sens. La filière bois est bien souvent une industrie essentielle au cœur des territoires ruraux, elle est menacée, la situation est alarmante, 450 000 emplois sont en jeu. D'autres grands pays forestiers ont réussi à lutter efficacement contre le dumping social par un engagement fort. Aussi, il souhaiterait connaître les mesures concrètes, rapides, et au niveau des enjeux économiques et sociaux, que le Gouvernement entend mettre en oeuvre pour soutenir et promouvoir ce secteur d'activités.

Réponse publiée le 10 février 2015

Les représentants des industries de transformation du bois s'inquiètent depuis plus d'un an des exportations françaises de bois non transformé, en particulier à destination de la Chine. Le constat qui est dressé par la profession est celui d'un renchérissement du prix des bois, alimenté par les négociants qui exportent vers la Chine et sur lequel les scieries françaises ne peuvent pas s'aligner. Sur l'année 2013, le niveau total des exportations de bois non transformé toutes essences et qualités confondues s'est établi à 256 millions d'euros pour 4,7 millions de mètres cubes, ce qui correspond à environ 13,5 % de la récolte commercialisée. La part exportée vers la Chine atteint 56 millions d'euros (22 % du total) pour 711 000 mètres cubes (15 % du total). Le niveau total des exportations évolue peu sur les dernières années. La part exportée vers la Chine augmente en effet au détriment de la part exportée vers l'Union européenne. Face à ce phénomène, des leviers d'action aux niveaux national et européen sont activés. D'une part, une mission parlementaire visant à analyser précisément les flux commerciaux de produits de bois brut et à faire émerger des propositions d'actions pour remédier au déséquilibre des échanges de la filière forêt-bois française a été initiée en décembre 2014. D'autre part, toute décision concernant des mesures de restriction des exportations (quotas et/ou taxes à l'exportation) étant de la compétence stricte de l'Union européenne, la France a soulevé en septembre 2014 la question au sein du groupe technique « forêt » du Conseil européen. De son côté, le comité stratégique de filière a consacré un groupe de travail à la question de l'approvisionnement des industries de transformation du bois. Les résultats de ces réflexions ont été mises en évidence dans le contrat de filière signé le 16 décembre 2014 par les ministres chargés de la forêt, de l'économie, du logement, de l'écologie et de l'énergie, ainsi que la plupart des acteurs du secteur, de l'amont à l'aval. Enfin, certains modes de commercialisation peuvent aider les scieries françaises dans leurs achats de matière première, comme la contractualisation qui est inscrite dans le contrat d'objectifs et de performance signé fin 2011 entre l'État, l'office national des forêts et la fédération nationale des communes forestières. Cette thématique importante sera au coeur de la négociation anticipée du contrat en 2015. La solution pour la filière bois française réside avant tout dans sa capacité à promouvoir des solutions industrielles compétitives, tout en créant des emplois en France. Cela passera par une dynamisation de la gestion forestière et le développement de l'utilisation du bois, matériau renouvelable aux qualités exceptionnelles, notamment dans la construction.

Données clés

Auteur : M. Laurent Furst

Type de question : Question écrite

Rubrique : Bois et forêts

Ministère interrogé : Agriculture, agroalimentaire et forêt

Ministère répondant : Agriculture, agroalimentaire et forêt

Dates :
Question publiée le 9 décembre 2014
Réponse publiée le 10 février 2015

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