permis de conduire
Question de :
Mme Edith Gueugneau
Saône-et-Loire (2e circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain
Mme Edith Gueugneau attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt sur la formation à la sécurité de la conduite des véhicules de plus de 3,5 tonnes et son impact sur le monde agricole. Le décret n° 2007-1340 du 11 septembre 2007, applicable depuis septembre 2009, prévoit qu'à partir du 10 septembre 2012, tout conducteur d'un véhicule de plus de 3,5 tonnes et dont la vitesse maximale est supérieure à 45 km/h doit avoir effectué deux formations : une formation initiale minimum obligatoire (FIMO) d'une durée de 140 heures ainsi qu'une formation continue obligatoire à la sécurité (FCOS), renouvelable tous les 5 ans. Les titulaires d'un permis C et EC délivrés avant septembre 2009 sont eux exemptés de FIMO. Elle attire particulièrement son attention sur la situation des agriculteurs-éleveurs, qui ne réalisent avec ces véhicules que de courts trajets. Ces formations s'imposent ainsi à l'ensemble du personnel agricole, sans distinction du temps de conduite annuel de chaque salarié ou exploitant, engendrant de fortes contraintes de coût et de gestion des absences. Celles-ci alourdiraient une situation déjà précaire pour de nombreux éleveurs vivant avec le RSA, et pourraient mettre en péril la pérennité de leur exploitation. Plus particulièrement, la FIMO représente un frein supplémentaire pour l'installation de jeunes agriculteurs dans le contexte d'une première année déjà dense et complexe. Aussi, elle lui demande que soit étudiée la possibilité d'une dérogation pour le secteur agricole, ou que soit réintroduit la distinction entre les chauffeurs conduisant plus de 300 heures par an et moins de 300 heures par an, ceci afin de ne pas ajouter de charges supplémentaires à des situations individuelles déjà difficiles, et ne pas décourager les repreneurs d'exploitations agricoles.
Réponse publiée le 19 mars 2013
La formation obligatoire de sécurité poursuit un objectif d'amélioration de la sécurité routière. Les programmes de la Formation continue obligatoire (FCO) sont adaptés notamment pour permettre aux conducteurs des véhicules poids lourds de recevoir une formation adaptée à des situations dans lesquelles des accidents très graves sont intervenus. Des lors, les conducteurs de véhicules répondant aux définitions des catégories C ou CE du permis de conduire sont soumis à la double obligation de possession de la catégorie de permis de conduire correspondante et, lorsqu'ils utilisent ces véhicules dans le cadre de leurs activités professionnelles, de formation professionnelle. L'article R. 22 1-20 du code de la route prévoit que le conducteur d'un tracteur agricole ou forestier, attaché à une exploitation agricole, à une entreprise de travaux agricoles ou à une coopérative d'utilisation du matériel agricole, est dispensé de permis de conduire sous réserve d'être âgé d'au moins 16 ans. Dès lors, ces engins sont exclus du champ national d'application des obligations de formation professionnelle des conducteurs routiers. En revanche, n'entre pas dans cette catégorie un véhicule routier dont la conduite est subordonnée à la détention des catégories C ou CE du permis de conduire au seul motif d'une utilisation du véhicule pour un trajet entrant dans le cadre d'une activité agricole. En conséquence, le transport sur la voie publique de bétail par un véhicule de la catégorie C ou CE impose aux conducteurs la possession du permis de conduire correspondant et le respect des obligations de formation professionnelle. Cependant, les agriculteurs bénéficient de deux cas d'exemption aux obligations de formation professionnelle, en application de l'article 2 de la directive 2003/59/CE du 15 juillet 2003, intégralement transposée par l'article 1 de l'ordonnance n° 58-1310 du 23 décembre 1958 modifiée. En premier lieu, sont exemptés de l'obligation de formation tous les conducteurs des « véhicules dont la vitesse maximale autorisée ne dépasse pas 45 km/h ». Cette exemption dispense de formation tous les conducteurs de tracteurs et d'engins agricoles. En second lieu, sont exemptés de l'obligation de formation les conducteurs « des véhicules transportant du matériel ou de l'équipement, à utiliser dans l'exercice du métier de leur conducteur, à condition que la conduite du véhicule ne représente pas l'activité principale du conducteur ». Cependant, cette exemption ne concerne ni les conducteurs conduisant des véhicules chargés de bétail ni, plus généralement, les conducteurs conduisant des véhicules chargés de produits agricoles n'étant ni du matériel, ni de l'équipement. Pour s'assurer de la bonne transposition de la directive du 15 juillet 2003, la Commission européenne réunit régulièrement un comité d'experts nationaux. Lors de la réunion du 25 juin 2012, les experts français ont mis en avant la problématique de l'inclusion des agriculteurs dans le champ de la directive. La Commission a alors refusé de faire un sort particulier à une catégorie professionnelle particulière. Le cadre communautaire contraignant les États membres, ils ne peuvent élargir les possibilités de dérogation au-delà de celles prévues par la directive. La Commission européenne a, à ce sujet, récemment rappelé la nécessité d'une application rigoureuse aux conducteurs concernés quel que soit leur secteur d'activité.
Auteur : Mme Edith Gueugneau
Type de question : Question écrite
Rubrique : Sécurité routière
Ministère interrogé : Agriculture, agroalimentaire et forêt
Ministère répondant : Transports, mer et pêche
Dates :
Question publiée le 16 octobre 2012
Réponse publiée le 19 mars 2013