sidérurgie
Question de :
M. Michel Liebgott
Moselle (8e circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain
Question posée en séance, et publiée le 3 octobre 2013
AVENIR DE FLORANGE
M. le président. La parole est à M. Michel Liebgott, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.
M. Michel Liebgott. Monsieur le président, chers collègues, ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Jeudi dernier, le Président de la République est revenu à Florange, en privilégiant le dialogue avec les salariés et les représentants syndicaux. Cet échange fut franc et utile pour expliquer les accords de Matignon de novembre 2012 que le Président de la République a dit assumer pleinement.
Monsieur le Premier ministre, avec le Président de la République, vous avez engagé un véritable plan industriel et territorial pour conforter la sidérurgie et l'économie lorraines. Ce plan stratégique se décline en trois piliers complémentaires.
D'abord, il consiste en un accord avec ArcelorMittal pour des investissements structurants, à hauteur de 180 millions d'euros au moins, afin de pérenniser ses produits phares et l'emploi d'au moins 2 000 salariés.
Ensuite, il prévoit un double programme de recherche, avec d'une part le centre de recherche publique annoncé par le Président de la République pour un coût de 20 à 50 millions d'euros, permettant de sécuriser les brevets, et d'autre part le projet LIS, en partenariat avec le centre de recherche d'ArcelorMittal pour un montant de 32 millions d'euros, permettant de trouver des solutions techniques pour produire des aciers encore plus propres et toujours aussi haut de gamme.
Enfin, il repose sur un plan particulier de soutien à la région Lorraine intégrant de nombreuses aides à la filière des matériaux regroupées sous le label « Lorraine, vallée européenne des matériaux et de l'énergie ». Celles-ci représentent 300 millions d'euros de crédits qui, avec un effet de levier, pourraient atteindre 1,5 milliard d'euros pour moderniser et rendre plus compétitives plusieurs filières économiques, dont la sidérurgie et la métallurgie.
En comparaison, Nicolas Sarkozy n'avait pu annoncer en 2012 que 17 millions d'euros.
Plusieurs députés du groupe SRC . Zéro !
M. Michel Liebgott. Monsieur le Premier ministre, pouvez-vous nous indiquer les grandes lignes de la stratégie que vous mettez en œuvre pour la région Lorraine, qui pourrait servir pour d'autres territoires en reconversion (« Allô ! » sur plusieurs bancs du groupe UMP) et mérite à ce titre une attention toute particulière de l'État stratège ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. – Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. Calmez-vous, mes chers collègues !
M. Laurent Furst. La France va mal, mais nous sommes calmes !
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Monsieur le député Michel Liebgott, je vous remercie pour votre question qui me permet de rappeler (« Allô ! » sur plusieurs bancs du groupe UMP) que, le 17 septembre dernier, j'ai signé avec la région Lorraine un contrat spécifique pour l'avenir de cette région.
M. Bernard Roman. Un contrat important !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Vous êtes bien placé pour savoir, comme d'autres élus de cette vieille région industrielle, que celle-ci a connu des périodes difficiles dans son histoire, sur les plans non seulement politique et militaire, mais aussi industriel. Bien des mutations et des souffrances ont marqué cette région, cette culture, cette identité. En même temps, j'observe le courage de ceux qui habitent et vivent dans cette région, et qui veulent relever le défi de l'avenir.
C'est le message que le Président de la République a voulu porter en se rendant à Florange la semaine dernière. Cette visite, il l'avait souhaitée et envisagée comme un retour après une campagne électorale, mais avec des perspectives, des propositions et le respect des engagements pris. Vous l'avez rappelé : même si cela a été difficile et douloureux, des engagements ont été pris…
Mme Catherine Vautrin. Ces promesses n'engagent que lui !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. …pour que l'activité du groupe Mittal – la « filière froide » – soit maintenue et développée.
Sur le site, 2 200 salariés voient aujourd'hui leur avenir conforté.
M. Alain Gest. Contre un poste de député européen !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre . L'engagement qui a été pris d'investir sur ce site est respecté.
M. Alain Gest. Surtout d'investir un certain Martin ! (Sourires.)
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre . Le comité de suivi est chargé d'y veiller, les élus y sont associés, et le Président de la République a pu constater sur place que ces engagements avaient été tenus.
De même, nous avions obtenu et nous nous étions engagés à ce qu'aucun salarié ne soit inscrit à Pôle Emploi : c'est le cas.
M. Jean-Louis Borloo. Tournez-vous aussi vers nous, monsieur le Premier ministre ! Il y a des parlementaires à droite !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Mais nous avons voulu aller plus loin. En effet, le Président de la République a annoncé, pour cette région, un plan stratégique en vue d'aller le plus loin possible s'agissant de la haute valeur ajoutée des métiers de la sidérurgie.
M. Jean-Louis Borloo. Monsieur le Premier ministre, il y a aussi des parlementaires à droite !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Cette plate-forme publique… (Vives exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI.)
M. Jean-Louis Borloo et M. Yves Jégo . Regardez-nous !
M. Laurent Furst. C'est une insulte au Parlement !
M. Franck Gilard. On n'a plus qu'à s'en aller !
M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues…
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. …de recherche et de valorisation des brevets, c'est l'engagement qui a été pris.
Quant au contrat que j'ai signé, il vise à renforcer les filières d'excellence de cette région, de former davantage la jeunesse, d'investir dans les technologies de l'avenir. (« On est là ! » sur les bancs des groupes UMP et UDI.)
M. le président. Mes chers collègues, écoutez le Premier ministre !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Le Président de la République s'est rendu à Florange, mais aussi à Pompey. Vous le savez fort bien : la région de Pompey a été sinistrée dans les années quatre-vingts, lorsque des milliers d'emplois ont été détruits dans la sidérurgie. (Mêmes mouvements.)
M. le président. Arrêtez, mes chers collègues ! Le Premier ministre s'adresse au député qui a posé la question ! (Mêmes mouvements.)
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Aujourd'hui, il y a davantage d'emplois dans cette région. (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI.)
Le Gouvernement et la région ont décidé de mettre sur la table 150 millions d'euros chacun, avec un effet de levier de 1,5 milliard d'euros. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Le Gouvernement n'est pas indifférent aux souffrances des territoires. (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI.) Il négocie les contrats de plan et, lorsque les régions connaissent des difficultés particulières, il agit davantage. Cela vaut pour la Lorraine comme pour d'autres territoires. Je l'ai dit l'autre jour en Bretagne, dont le secteur agroalimentaire est également sinistré : nous sommes prêts à faire pour la Bretagne la même chose que pour la Lorraine.
J'aurais aimé qu'au lieu de hurler, la droite, qui se veut responsable, ait été dans le passé à la hauteur de ses responsabilités. (Vives exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI. – Applaudissements sur les bancs des groupes écologiste et RRDP. – Les députés du groupe SRC se lèvent et applaudissent vivement.)
Auteur : M. Michel Liebgott
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Industrie
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 3 octobre 2013