Président de la République
Question de :
M. Laurent Marcangeli
Corse-du-Sud (1re circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 10 octobre 2013
DÉPLACEMENT DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE EN CORSE
M. le président. La parole est à M. Laurent Marcangeli pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
M. Laurent Marcangeli. « Moi, Président de la République, j'essaierai d'avoir de la hauteur de vue pour fixer les grandes orientations, les grandes impulsions, mais en même temps je ne m'occuperai pas de tout… », disait le candidat socialiste à l'occasion du débat télévisé de l'entre-deux-tours de la présidentielle de 2012. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe SRC.)
Monsieur le Premier ministre, vendredi dernier, l'ex-candidat devenu Président se trouvait en Corse pour célébrer le soixante-dixième anniversaire de la libération de la Corse. Cet événement lui donnait pleinement l'occasion d'être en phase avec ses engagements, mais, une fois de plus, force est de constater que nous sommes bien loin du compte ! À Ajaccio, celui qui devrait être le Président de tous les Français a profité d'une célébration historique censée rassembler par-delà les clivages partisans pour se comporter comme l'agent électoral d'une municipalité sortante en manque de confiance. (« Très bien ! » et applaudissements sur de très nombreux bancs du groupe UMP.)
Soutien partial, promesse d'aide de l'État dans des dossiers déjà anciens et attitude partisane étaient au menu du voyage présidentiel. La presse régionale ne s'y est d'ailleurs pas trompée puisqu'elle titrait, le lendemain : « Coup de pouce présidentiel à la majorité municipale ajaccienne ». Quelle atteinte portée à la fonction présidentielle, quel manque de hauteur de vue alors qu'on célébrait la libération du premier département !
Monsieur le Premier ministre, il est peut-être temps d'informer le Président de la République qui n'est plus le premier secrétaire du Parti socialiste ! (« Voilà ! Bravo ! » et applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP.) Il est peut-être temps de lui dire que notre pays gronde et qu'il attend du chef de l'État qu'il soit à la hauteur des enjeux ! Il est peut-être temps de lui rappeler que la voix de la France a été affaiblie sur le terrain diplomatique à l'occasion du débat syrien et qu'il devrait s'occuper de restaurer notre image plutôt que de penser aux municipales à Ajaccio ou ailleurs ! (« Bravo ! » et applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
Pouvez-vous, par ailleurs, assurer les Ajacciens que les promesses du Président ne demeureront pas lettre morte suite à l'alternance issue des urnes lors des élections du mois de mars prochain ? (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) Dois-je vous rappeler que votre majorité perd toutes les élections partielles depuis un an et, qu'une fois sur deux, elle n'est même pas qualifiée au second tour ? Comme le dit l'adage, la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit ! (« Bravo ! Très bien ! » et applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre. (« Oh ! » sur les bancs du groupe UMP.)
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Monsieur le député, je ne sais pas si vous attendiez une réponse de ma part. Peut-être cherchiez-vous plutôt à faire votre publicité, puisqu'il semble que vous soyez candidat à une élection municipale. (Les députés des groupes SRC, écologiste et RRDP applaudissent M. le Premier ministre. – Les députés du groupe UMP se lèvent et applaudissent très vivement M. Marcangeli.)
Plusieurs députés UMP . On va gagner ! On va gagner !
M. le président. Je vous en prie !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre . Mon premier réflexe était de ne pas vous répondre. Mais, voyez-vous, vous avez mis en cause le chef de l'État devant la représentation nationale, et je ne l'accepte pas ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP. – Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Si vous étiez digne de votre fonction, vous auriez salué le geste de rassemblement du Président de la République, qui est venu saluer la libération de la Corse (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP. – Exclamations sur les bancs du groupe UMP), premier territoire libéré par les forces alliées et, d'abord, par les forces françaises avec le soutien des Marocains.
Le prince héritier du Maroc était du reste présent. Ce que vous n'avez pas compris, c'est que les Corses, de toute sensibilité politique, se sont rassemblés avec ferveur et fierté parce que la Corse a été le premier territoire de liberté après la Seconde Guerre mondiale. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.) C'est ce que vous auriez dû rappeler ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) J'espère que les Corses, lors de l'élection municipale à laquelle vous vous présenterez, n'oublieront pas que vous n'avez pas été digne, ce jour, du mandat qui vous a été confié ! (« Bravo ! » et vifs applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP. – Vives protestations sur les bancs du groupe UMP.)
Auteur : M. Laurent Marcangeli
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : État
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 10 octobre 2013