Iran
Question de :
M. Meyer Habib
Français établis hors de France (8e circonscription) - Union des démocrates et indépendants
Question posée en séance, et publiée le 14 novembre 2013
PROGRAMME NUCLÉAIRE IRANIEN
M. le président. La parole est à M. Meyer Habib, pour le groupe de l'Union des démocrates et indépendants.
M. Meyer Habib. Monsieur le Premier ministre, le groupe UDI condamne totalement les propos indignes de l'hebdomadaire Minute. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDI, SRC et RRDP, et sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères. J'appartiens à l'opposition et mon groupe, l'UDI, s'oppose fermement à la politique économique, sociale et fiscale du Gouvernement. Mais quand il s'agit de politique étrangère, il n'y a plus d'opposition et il n'y a plus de majorité. Il y a simplement les intérêts de la nation.
Votre fermeté, monsieur le ministre, lors de la première phase des négociations sur l'Iran mérite donc d'être saluée. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Elle fait honneur à la France (Mêmes mouvements), à la France de Jaurès, à la France de Clemenceau, à la France de Jean Moulin et du général de Gaulle, à cette France qui sait être intransigeante quand il s'agit de ses valeurs.
Grâce à vous, Genève, pour l'instant, ne s'est pas transformé en Munich. Contrairement à Daladier, vous avez, sous l'autorité du président de la République, choisi courageusement, de ne pas plier. Samedi soir, en formulant de façon très précise les conditions demandées aux Iraniens, vous avez fait avancer la cause de la paix.
Qui peut penser que c'est seulement la passion soudaine pour les isotopes anticancéreux qui pousse les Iraniens, au bord de l'asphyxie économique, à genoux, à continuer de faire tourner les 16 000 centrifugeuses qui enrichissent de l'uranium à 20 %, utilisable uniquement à des fins médicales ? Qui peut penser que les missiles balistiques à longue portée puissent servir à autre chose qu'à délivrer une charge nucléaire ?
Comment le monde pourrait-il laisser un régime négationniste, un régime qui tient à bout de bras le Hezbollah et la Syrie, un régime qui déclare ouvertement vouloir détruire Israël où vivent plus de 100 000 de nos compatriotes, se doter d'armes nucléaires ?
Fait rarissime, les grands États arabes et Israël sont unis contre la nucléarisation de l'Iran. Quel symbole ! Je rentre de ma circonscription d'Israël. Je sais que, soixante-dix ans après la Shoah, l'État juif n'acceptera jamais que l'Iran devienne une puissance nucléaire et menace son existence. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes UDI et UMP.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères.
M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères. Monsieur le député, merci beaucoup des propos que vous avez tenus et des références illustres que vous avez citées.
M. Franck Gilard. Daladier !
M. Laurent Fabius, ministre. Sur la question, extrêmement sérieuse, du nucléaire iranien, la France a pris depuis un certain temps déjà une position des plus nettes. Le nucléaire civil, oui ! La bombe atomique, non ! Cette position est partagée, ce qui n'est pas fréquent, par l'ensemble de la communauté internationale. Or, voici qu'à la suite de l'élection du nouveau président iranien, M. Rohani, on observe un changement de ton incontestable. Avec d'autres, nous souhaitons qu'il se traduise par un changement de fond, d'où la négociation de Genève.
Dans cette négociation, la France a défendu les positions qui sont celles de la solidité sur les questions techniques, mais qui ont une traduction politique très ferme. Il s'agit du réacteur d'Arak, de l'uranium à 20 % et de l'enrichissement. Nous allons poursuivre, mais je veux qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, monsieur le député : nous sommes pour la négociation, mais pour une négociation sur des bases solides. Je vois ici ou là que l'on opposerait fermeté et ouverture. C'est justement notre fermeté qui nous permet d'être ouverts. C'est parce que nous sommes ouverts que nous pourrons concrétiser cette fermeté. Nous ne servons aucun État en particulier. Nous servons la cause de la sécurité et de la paix. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes SRC, UDI et RRDP.)
Auteur : M. Meyer Habib
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Affaires étrangères
Ministère répondant : Affaires étrangères
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 14 novembre 2013