Président de la République
Question de :
M. Christian Jacob
Seine-et-Marne (4e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 15 janvier 2014
PROTECTION DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
M. le président. Nous commençons par une question du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. La parole est à M. Christian Jacob.
M. Christian Jacob. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre. La vie privée doit être un sanctuaire pour tous nos concitoyens, y compris pour le Président de la République. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. Bruno Le Roux. Dites-le à M. Copé !
M. Christian Jacob. Il y a un an, vous nous avez proposé une loi pour la transparence de la vie politique à la suite du scandale de l'affaire Cahuzac. Cette loi traduit une véritable course démagogique à la transparence, qui débouchera sur le voyeurisme. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP.) Ne comptez donc pas sur nous pour juger le comportement privé du Président de la République.
M. Bernard Roman. Expliquez-le à M. Copé !
M. Christian Jacob. C'est à lui et à lui seul de s'expliquer face aux Français…
M. Bruno Le Roux. Dites-le à M. Copé !
M. le président. Monsieur Le Roux, s'il vous plaît !
M. Christian Jacob. …et de nous dire quelles suites il entend donner à cette affaire, en particulier s'agissant du rôle officiel de sa compagne. Reste la question de sa sécurité. Pendant le temps de son mandat, le Président de la République n'est pas un citoyen normal. Il est le chef de nos armées ; il est la clé de voûte de nos institutions. Sa protection ne doit souffrir d'aucun amateurisme.
Dans ce contexte, monsieur le Premier ministre, je vous poserai deux questions. Première question : comment est-il possible que le Président de la République fasse l'objet, pendant plusieurs semaines, de ce qui s'apparente à une véritable filature, sans que personne, au sein du service de protection des hautes personnalités, s'aperçoive de rien ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) C'est une défaillance.
Deuxième question : est-il possible que le Président de la République décide lui-même de son niveau de sécurité et de protection ?
M. Jean Glavany. Qu'est-ce que ça peut vous faire ?
M. Christian Jacob. Monsieur le Premier ministre, le Président de la République doit prendre conscience du niveau des responsabilités qu'il exerce,… (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP. – Vives exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. Jean-Claude Perez. C'est minable !
M. Bruno Le Roux. Honteux !
M. Christian Jacob. …du fait que sa fonction sublime sa personne et qu'il incarne l'image de la France aux yeux du monde ? (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Monsieur le président Jacob, vous aviez bien commencé, mais cela n'a duré que quelques secondes.
M. Jean-Claude Perez. Comme d'habitude !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre . Il faut cesser de confondre vie privée et exercice de la fonction publique. Or c'est ce que vous venez, hélas ! de faire. (« Pas du tout ! » sur de nombreux bancs du groupe UMP.)
Vous prétendez défendre la fonction du chef de l'État et vous ne faites rien d'autre qu'essayer de l'abîmer. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. Mes chers collègues, s'il vous plaît !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Monsieur le président Jacob, je vous le demande devant la représentation nationale : pouvez-vous citer une seule fois où le Président de la République ait opéré une quelconque confusion entre la vie privée à laquelle il a droit et les fonctions qu'il exerce à la tête de la République ? (Rires et exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Vous êtes incapable d'en citer le moindre exemple ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. Julien Aubert et M. Pierre Lellouche . Répondez à la question !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre . Pour le reste, je vais répondre très simplement : je vous invite à regarder dans quelques instants votre écran de télévision et à écouter ce que dira le Président de la République à l'occasion de sa conférence de presse. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Vous verrez bien qu'il n'a qu'une seule préoccupation, d'ailleurs essentielle : l'avenir de la France, le retour de la croissance et la bataille pour l'emploi, pour l'avenir de notre modèle social et républicain. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe SRC.) Je vous invite donc à le regarder et à l'écouter. Si vous avez à le critiquer, c'est là votre devoir, car nous sommes en démocratie ; si vous avez à proposer, c'est encore mieux. Mais s'il s'agit de poursuivre la polémique et d'essayer d'instrumentaliser tel ou tel aspect dont la presse people se fait l'écho, ce n'est pas digne d'une grande démocratie. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. – Huées sur les bancs du groupe UMP.)
M. Julien Aubert et Mme Virginie Duby-Muller . C'est nul !
Auteur : M. Christian Jacob
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : État
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 15 janvier 2014