Question au Gouvernement n° 1561 :
programmes

14e Législature

Question de : M. Lionnel Luca
Alpes-Maritimes (6e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 23 janvier 2014


ENSEIGNEMENT DE L'HISTOIRE CONTEMPORAINE

M. le président. La parole est à M. Lionnel Luca, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.

M. Lionnel Luca. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale. Nombre d'intellectuels, d'enseignants, de parents et, pour tout dire, de citoyens, s'alarment de la disparition des personnages fondateurs de notre histoire nationale mais aussi d'une discontinuité de la chronologie, qui rendent incompréhensible l'existence même de notre nation. Des événements importants qui ont façonné l'histoire de l'Europe, des personnages déterminants qui ont incarné la résistance nationale sont jetés aux oubliettes de l'histoire.

Si le phénomène n'est hélas pas nouveau, il s'aggrave depuis votre prise de fonction. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP. – Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) Dernière victime en date : le général de Gaulle. C'est vous qui avez décidé d'alléger les programmes de troisième dont le corollaire est l'édulcoration de la présidence du fondateur de la Ve République, un programme qui, d'ailleurs, évoque Vichy après la Seconde guerre mondiale ! (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)

Derrière cette disparition du roman national, il y a cette idée obsessionnelle que notre histoire ne serait pas présentable, pas défendable, voire honteuse, et qu'à défaut de repentance affichée, l'oubli gommerait ses fautes supposées. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) « Il est bon qu'une nation soit assez forte de tradition et d'honneur pour trouver le courage de dénoncer ses propres erreurs » a écrit Albert Camus. Mais elle ne doit pas oublier les raisons qu'elle peut encore avoir de s'estimer elle-même. Il est dangereux en tout cas de lui demander de s'avouer seule coupable et de la vouer à une pénitence perpétuelle. Serez-vous le ministre du redressement ou de l'abandon de l'histoire nationale ? (« Bravo ! » et applaudissements sur les bancs des groupes UMP. – Applaudissements sur quelques bancs du groupe UDI.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale.

M. Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale. Monsieur le député, l'enseignement de l'histoire, notre mémoire nationale, la République de Jules Michelet, de Charles Péguy, de Marc Bloch, de Fernand Braudel, nous la portons dans notre cœur et, je le souhaite, nous la partageons ! Vous avez été, pendant vingt ans de votre vie, professeur d'histoire et vous avez consacré un mémoire à Charles de Gaulle. L'idée qui a été la nôtre, à la suite de la demande de tous les professeurs et de l'ensemble des associations de parents d'élèves, a été précisément de rendre notre histoire, celle de la construction européenne et celle du général de Gaulle et de la reconstruction de la France, plus lisible par les élèves grâce à des séquences chronologiques mieux adaptées. Nous le savons, quand nous touchons à l'histoire, nous pouvons redouter des polémiques. C'est pourquoi nous avons souhaité mettre en place le Conseil supérieur des programmes et vous avons, pour cela, associé sur tous les bancs de l'hémicycle.

Mais, et vous l'avez constaté au printemps dernier, nous avons dû répondre à des urgences, et ce à la demande des professeurs, des familles et de l'ensemble de la communauté. Nous avons alors dû procéder, non à des allégements, mais à des réajustements, ce qui va dans le sens que vous souhaitez. Nous allons célébrer, cette année, les soixante-dix ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, un siècle après le début de la guerre de 1914. Nous célébrerons, lundi, la libération du camp d'Auschwitz et la mémoire de la nation contre tous les génocides. Je ne veux pas que soit ranimée dans notre pays la guerre des mémoires. Il n'existe qu'une mémoire : la mémoire républicaine !

M. Jean Glavany. Très bien !

M. Vincent Peillon, ministre. Je me trouverai, lundi, au village des Justes de Dieulefit et à Grenoble pour honorer celle des professeurs de tous bords, FFI, FTP, Maquis du Vercors, qui ont sauvé l'idée de la République, celle de la France ! Je veux que cette histoire soit enseignée ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP.)

Données clés

Auteur : M. Lionnel Luca

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Enseignement

Ministère interrogé : Éducation nationale

Ministère répondant : Éducation nationale

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 23 janvier 2014

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