États-Unis
Question de :
M. Jacques Myard
Yvelines (5e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 20 février 2014
RELATIONS ENTRE LA FRANCE ET LES ÉTATS-UNIS
M. le président. La parole est à M. Jacques Myard, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
M. Jacques Myard. Monsieur le ministre des affaires étrangères, le Président de la République vient de se rendre en visite d’État aux États-Unis. Les États-Unis sont nos alliés et l'amitié entre nos deux peuples est vivante et stimulante.
M. Pascal Terrasse. Cela commence mal !
M. Jacques Myard. Néanmoins, j'ai été légèrement étonné, et c'est une litote, d'entendre le Président des États-Unis, lors d'une conférence de presse, qualifier la France et l'Angleterre de « ses filles splendides ». Sic !
J'espère que le Président des États-Unis ne pensait pas directement au Premier ministre anglais et au Président de la République car ce serait une belle conversion à la théorie du genre (Exclamations sur les bancs du groupe SRC. - Rires sur les bancs du groupe UMP.)
Mais trêve de plaisanterie ! Je constate néanmoins que cette petite phrase n'a fait l'objet d'aucun démenti, même humoristique, du côté français.
Tout cela m'amène à vous poser une question fondamentale, monsieur le ministre : la France s'est-elle alignée sur les États-Unis ?
Mme Marie-Françoise Bechtel. C'est petit.
M. Jacques Myard. Vous le savez, nos intérêts ne sont pas ceux de Washington même si nous agissons ensemble et étroitement pour lutter contre le terrorisme. La preuve, Washington vient récemment de nous obliger à renégocier le contrat de vente de satellites à Abou Dhabi. Et nous allons le voir dans les négociations commerciales entre les États-Unis et l’Union européenne.
Monsieur le ministre, rassurez-nous : la France conduit-elle toujours une politique indépendante conforme à ses intérêts ou est-elle devenue atlantiste ? Souvenez-vous, monsieur le ministre, de Virgile : « Jamais de confiance dans l'alliance avec un puissant » ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. Bernard Roman. C'était il y a longtemps !
M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères.
M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères. Cher monsieur Myard, je me souviens très bien de Virgile, mais je me souviens aussi de Paul Valéry pour qui, peut-être cela s'applique-t-il à vous, il faut se méfier de ceux qui goûtent cette inimitable saveur que l'on ne trouve qu'à soi-même. (Rires et applaudissements sur les bancs du groupe SRC. - Sourires sur les bancs du groupe UMP.)
Je veux vous rassurer, cher monsieur Myard, nous sommes alliés mais nous ne sommes pas alignés. Si vous aviez eu la possibilité, comme certains de vos collègues, d'accompagner le Président de la République à Washington, vous auriez apprécié le compliment qu'a prononcé à son égard le président Obama. Mais comme disait un autre président, le président Mitterrand, on n'est jamais compromis par un compliment.
M. Jacques Myard. Ce n'est pas sûr !
M. Laurent Fabius, ministre. Par ailleurs, mais peut-être était-ce un moment de la conférence qui n'a pas été diffusé, le Président de la République a répondu au président Obama, qui comparait avec esprit la situation de la Grande-Bretagne et de la France à ses deux filles, que pour ce qui le concernait, il avait quatre enfants. (Sourires.)
Cela étant dit, la France est une puissance indépendante. Il se trouve que, concernant nombre de sujets au travers le monde, nous agissons aux côtés des Américains ou ils agissent à nos côtés. En tout cas, à Washington, comme ailleurs dans le monde, lorsque l'on parle de la politique étrangère de la France, on dit qu'elle a tout lieu d'en être fière. Je suis certain que pour assumer ce sentiment de fierté, vous nous rejoindrez. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur quelques bancs du groupe RRDP. - Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
M. Guy Geoffroy. Mais il n'a rien dit du tout !
Auteur : M. Jacques Myard
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Affaires étrangères
Ministère répondant : Affaires étrangères
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 20 février 2014