Question au Gouvernement n° 1687 :
Ukraine

14e Législature

Question de : Mme Danielle Auroi
Puy-de-Dôme (3e circonscription) - Écologiste

Question posée en séance, et publiée le 26 février 2014


UKRAINE

M. le président. La parole est à Mme Danielle Auroi, pour le groupe écologiste.

Mme Danielle Auroi. Monsieur le ministre des affaires étrangères, vous n'avez pas ménagé vos efforts, avec vos collègues polonais et allemands, pour accompagner l'Ukraine dans sa sortie de la répression.

M. Philippe Gosselin. Il était en Chine !

Mme Danielle Auroi. Dix ans après la Révolution orange, les aspirations démocratiques de tout un peuple, révolté par les dérives de certaines de ses élites, peuvent enfin s'exprimer. Et cette fois, l'Europe a su leur répondre d'une seule voix. Il nous faut le saluer.

Ce rendez-vous est historique, notre responsabilité aussi. La commission des affaires européennes, que j'ai l'honneur de présider, a adopté, en novembre dernier et à la fin janvier, des conclusions demandant la libération des manifestants et de tous les détenus politiques, ainsi que des sanctions ciblées à l'encontre des responsables de la répression.

Nous avions souligné également la nécessité de reprendre le dialogue pour un accord d'association. Ce n'est évidemment pas maintenant, alors que ce processus s'accélère, qu'il nous faut relâcher notre détermination à soutenir tous les démocrates, quelle que soit la partie de l'Ukraine dans laquelle ils vivent.

Certes, il faut un dialogue de vérité avec la Russie, il faut aussi qu'elle se sente impliquée dans la poursuite du processus. L'Ukraine est au bord du dépôt de bilan. Toutes les solidarités sont nécessaires pour l'aider à relever la tête. C'est à ce prix que sa révolution démocratique pourra aller jusqu'au bout.

Il faut aussi que l'Europe poursuive son aide et débloque en urgence les moyens financiers et politiques nécessaires – je pense notamment à l'assouplissement de l'obtention des visas – pour que le processus mis en œuvre se consolide.

Dans quels délais, sous quelles conditions et pour quel montant notre Union est-elle prête, monsieur le ministre, à apporter son aide concrète à l'Ukraine, pour lui permettre d'avancer sur la voie de la démocratie ? Comment l'aide de l'Europe peut-elle s'articuler avec celle de la communauté internationale ? (Applaudissements sur les bancs du groupe écologiste et sur quelques bancs du groupe SRC.)

M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères.

Un député du groupe UMP . Le Chinois !

M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères. Madame la présidente de la commission des affaires européennes, vous avez bien voulu rendre hommage au travail effectué par la médiation européenne. Très souvent, nous regrettons que l'Europe ne soit pas assez présente. Or là, à travers mes collègues polonais, allemands et moi-même, dans des circonstances extrêmement difficiles, nous avons pu faire en sorte qu'un accord soit trouvé…

M. Pierre Lellouche. Depuis Pékin ?

M. Laurent Fabius, ministre . …entre l'opposition et la majorité, accord qui a permis l'arrêt des meurtres – parce qu'il s'agit de cela, à Kiev –, qui a permis le renversement de la majorité, et qui a permis d'anticiper l'élection présidentielle.

Cet accord a été souligné par l'ensemble des pays d'Europe et par le secrétaire général des Nations unies. Quand l'Europe est au rendez-vous, je crois qu'il ne faut pas bouder sa satisfaction. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)

M. Pierre Lellouche. Vous n'y êtes pour rien !

M. Laurent Fabius, ministre . Madame la députée, vous posez une question de fond : maintenant, que va faire l'Europe ?

J'ai eu beaucoup de contacts avec mes collègues et avec Mme Ashton. Nous voulons agir sur plusieurs plans. D'abord sur le plan politique, pour favoriser une solution d'unité. Ensuite, toujours sur le plan politique, pour faire en sorte que la démocratie joue, car lorsqu'une situation est aussi complexe que celle de l'Ukraine, ce sont les électeurs qui, en définitive, doivent choisir.

Puis, sur le plan économique, avec le Fonds monétaire international, avec les Américains et les Russes – j'ai communiqué, il y a quelques dizaines de minutes, avec mon collègue M. Lavrov. La situation de l'Ukraine est très complexe, très difficile économiquement, mais l'Europe doit avoir à cœur d'aider.

S'agissant de la Russie et de l’Union européenne, je tiens à dire qu'il n'y a pas à opposer l'un à l'autre. L'Ukraine est en Europe, même si elle n'est pas dans l’Union européenne. Il faut à la fois que l'Ukraine travaille avec la Russie et avec l’Union européenne. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe RRDP.)

Données clés

Auteur : Mme Danielle Auroi

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Affaires étrangères

Ministère répondant : Affaires étrangères

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 26 février 2014

partager