gouvernement
Question de :
M. Damien Abad
Ain (5e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 16 avril 2014
NOMINATION DU SECRÉTAIRE D'ÉTAT CHARGÉ DES AFFAIRES EUROPÉENNES
M. le président. La parole est à M. Damien Abad, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
M. Damien Abad. Ma question s'adresse au Premier ministre. Si vous êtes incapable de gérer le parti socialiste, allez donc vous occuper des affaires européennes : tel est le signal politique désastreux que vous venez d'adresser aux Français et à nos partenaires européens en nommant Harlem Désir secrétaire d'État de votre gouvernement. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et quelques bancs du groupe UDI.) Monsieur le Premier ministre, pouvez-vous nous expliquer le sens de cette nomination ? Et pouvez-vous nous dire quels ont été les critères fixés par le Président de la République et vous-même pour faire un tel choix pour un poste si important ? (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe SRC.)
M. Michel Vergnier. Incroyable !
M. Damien Abad. Est-ce une prime à l'échec que de nommer le premier secrétaire le plus décrié de l'histoire du parti socialiste ? (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. S'il vous plaît.
M. Damien Abad. Est-ce une prime au mauvais élève, pour récompenser l'implication sans faille du député européen Harlem Désir ? (Vives exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. S'il vous plaît, il y aura une réponse !
M. Jean Glavany. Ça va, quoi !
M. Damien Abad. Un député européen si assidu qu'il fait partie du Top 15 des députés les plus absents (Huées sur les bancs du groupe UMP) et tellement connu que M. Barroso a dû consulter un trombinoscope à l'annonce de sa nomination ? Lui qui est pourtant élu au Parlement européen depuis plus de quinze ans ! (Vives exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. Michel Vergnier. Quelle classe !
M. le président. S'il vous plaît. M. Abad va recevoir une réponse. Calmez-vous.
M. Damien Abad. Cette nomination traduit malheureusement le mal français qui consiste à trop souvent faire de l’Union européenne le réceptacle des responsables politiques qui ont échoué dans leur mission.
M. Nicolas Bays. Scandaleux !
M. Damien Abad. François Hollande et vous-même, monsieur le Premier ministre, méprisez-vous à ce point l'Europe pour renoncer à toute influence française à Bruxelles, à la veille d'élections européennes qui s'avéreront si décisives ? (« Hélas ! » sur les bancs du groupe UMP.)
M. Jérôme Guedj. Honteux !
M. Damien Abad. En tant qu'ancien député européen, je le regrette, comme nous pouvons le regretter au nom des 65 millions de Français que nous représentons dans cet hémicycle. Y compris sur vos bancs, certains déplorent cette nomination, il faut aussi le dire !
Monsieur le Premier ministre, les Français attendent des explications… (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe UMP. – Vives exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. Un peu de calme, pensez aux téléspectateurs qui nous regardent ! Chaque semaine, nous recevons des dizaines de lettres de protestation contre l'ambiance qui règne dans l'hémicycle. J'appelle chacun à son sens des responsabilités.
La parole est à M. le Premier ministre.
M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur le président de l’Assemblée nationale, mesdames et messieurs les députés, dans un instant nous nous retrouverons aux Invalides sous la présidence du chef de l'État pour rendre hommage à Dominique Baudis. Je l'avais rencontré il y a encore quelques semaines dans le cadre de mes fonctions de ministre de l'intérieur. À mon tour, au nom du Gouvernement, je veux m'incliner et rendre hommage à un défenseur de l'indépendance de nos institutions et des libertés.
Monsieur Abad, je vous répondrai en adoptant un autre ton que celui que vous avez employé. Dès qu'il s'agit de questions de personnes, il faut prendre garde à la manière dont on s'adresse aux autres. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP et sur quelques bancs des groupes GDR et UDI.)
D'abord je veux vous dire, et ceux qui ont fait partie d'un gouvernement le savent, que c'est tout le Gouvernement, l'Assemblée nationale et le Parlement qui fondent une relation majeure entre notre pays et l’Union européenne. C'est tout le Gouvernement qui crée cette relation indispensable sur bien des sujets, notamment sur les questions économiques et monétaires qui ont été abordées il y a un instant par Michel Sapin, à commencer par le chef de l'État, par le Premier ministre et par chacun des membres du Gouvernement dans chacune de ses responsabilités.
Mme Claude Greff. Vous êtes donc d'accord qu'il ne sert à rien !
M. Damien Abad. Tout se passe à l'Élysée, on le sait !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Il y a toujours un ministre ou un secrétaire d'État aux relations avec l’Union européenne. Il est en effet tout à fait essentiel que notre présence dans les institutions européennes, dans la relation avec les autres pays soit assurée.
Harlem Désir a été pendant quinze ans député au Parlement européen. (« Très souvent absent ! » sur les bancs du groupe UMP.)
Mme Claude Greff. On ne l'y a pas vu souvent !
M. le président. On se calme ! Madame Greff !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Il a été vice-président de groupe. Il a été rapporteur de plusieurs textes. Il connaît parfaitement les dirigeants européens… (« Cela se saurait ! » sur les bancs du groupe UMP.)
M. Damien Abad. Il n'y allait jamais !
M. Manuel Valls, Premier ministre. …les institutions européennes et le Parlement européen. Il a toutes les qualités, je le dis devant la représentation nationale, pour assurer cette responsabilité, cette relation entre le gouvernement français et les institutions européennes. De par son expérience de député européen et son expérience politique, il en a toutes les qualités. (« Personne n'y croit ! » sur les bancs du groupe UMP.)
Monsieur Abad, pour beaucoup d'entre nous qui nous sommes engagés en politique il y a trente ans, Harlem Désir, c'est aussi une des belles figures de notre société et de la France. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)
M. Christian Jacob. Il y a tant d'années !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Il a été le président de SOS Racisme. Il a été à la tête d'une formidable mobilisation contre le racisme et la xénophobie. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. Écoutez la réponse.
M. Manuel Valls, Premier ministre. Croyez-moi, la présence au sein du Gouvernement de Harlem Désir, lui qui porte un si beau nom français, qui représente la diversité, la France et l'Europe, ce devrait être un honneur pour chacun que de la souligner. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.– Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. Christian Jacob. Il a été condamné !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur Abad, si quelqu'un d'autre avait posé cette question au nom de votre groupe, il y aurait au fond peut-être eu un peu plus de vérité. Si cela avait été M. Devedjian ou M. Bertrand, peut-être votre groupe aurait-il décidé de ne pas poser une telle question. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)
M. Xavier Bertrand. Nous étions ministre avant !
M. Claude Goasguen. Cela veut dire quoi ?
Auteur : M. Damien Abad
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : État
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 16 avril 2014