Question au Gouvernement n° 1843 :
politique énergétique

14e Législature

Question de : M. Julien Aubert
Vaucluse (5e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 15 mai 2014


TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

M. le président. La parole est à M. Julien Aubert, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.

M. Julien Aubert. Ma question s'adresse à Mme Ségolène Royal, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie. Madame le ministre, (« Madame la ministre ! », sur les bancs du groupe SRC.), comme l'a montré la question précédente, vous êtes en charge de la future loi relative à la transition énergétique qui vise à diminuer d'un tiers la part du nucléaire, en s'inspirant du modèle allemand.

Savez-vous qui a prononcé ces phrases : « La vérité est que la transition énergétique est sur le point d'échouer, la vérité est que sous tous les aspects, nous avons sous-estimé la complexité de cette transition énergétique. La noble aspiration d'un approvisionnement énergétique décentralisé et autonome est bien sûr une pure folie. Quoi qu'il en soit, la plupart des autres pays d'Europe pensent que nous sommes fous ! » Ces phrases sont tirées de l'argumentaire utilisé le 16 avril dernier par le vice-chancelier allemand, socialiste, ministre de l'économie et de l'énergie, M. Sigmar Gabriel, le « Arnaud Montebourg » (Sourires.)

J'ai envie de vous poser une question. Nous nous inspirons du modèle allemand, mais que pensez-vous de ce modèle qui, s'il a produit trois fois plus d'énergie renouvelable – 24 % –, et 50 % de nucléaire en moins, a conduit à une hausse des émissions de CO2 ? M. Fabius ne vient-il pas de dire que nous avions 500 jours pour sauver le monde ? Or, la baisse de la part du nucléaire a entraîné une hausse des émissions de CO2 en Allemagne ! Pourquoi donc critiquer le modèle français alors que nous sommes le deuxième pays le plus faiblement émetteur de gaz à effet de serre dans l’Union européenne ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

À l'heure où le président François Hollande appelle à un EADS franco-allemand de l'énergie, je vous pose cette question simple : Allez-vous favoriser le couple franco-allemand et suivre Sigmar Gabriel en réorientant la loi relative à la transition énergétique ou allez-vous le désavouer ? Après tout, vous avez déjà désavoué M. Montebourg à propos de General Electric, vous pouvez faire de même avec le « Montebourg » allemand ! Ou au contraire allez-vous vous entêter ? Rappelez-vous cependant que le nucléaire représente 400 000 emplois ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie.

Mme Ségolène Royal, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie. Monsieur le député, ce qui serait fou, ce serait de ne rien faire. (Applaudissements sur les bancs du groupe écologiste et sur certains bancs du groupe SRC.) La France s'est au contraire courageusement engagée dans la transition écologique et dans la transition énergétique pour trois raisons. Il s'agit tout d'abord du domaine où nous pouvons créer le plus d'activité et d'emploi – je viens de le démontrer avec l'éolien, dans le domaine de la croissance verte. C'est là où nos entreprises d'aujourd'hui et de demain attendent des actions. Nous allons les accompagner et les encourager !

Parmi les trente-quatre plans industriels d'avenir qu'Arnaud Montebourg a présentés, dix relèvent des énergies renouvelables, de la mutation énergétique et de la croissance verte. Nous réunirons prochainement – vendredi – les chefs de projet de ces trente-quatre plans pour leur donner tous les moyens de se développer, de créer, de recruter, de former les salariés de demain afin que la France, c'est le deuxième point, remplisse son objectif en matière de lutte contre l'effet de serre et les gaz à réchauffement climatique.

Nous avons pris des engagements sur le plan international, nous avons des obligations vis-à-vis de notre civilisation et nous les tiendrons.

Enfin, la troisième raison qui nous pousse à agir, contrairement à ce que vous souhaiteriez, est qu'en engageant cette révolution énergétique, nous allons lutter contre le gaspillage énergétique et donner aux Français du pouvoir d'achat supplémentaire puisqu'ils dépenseront moins. Grâce à l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments, les factures d'énergie des Français baisseront. (Applaudissements sur les bancs du groupe écologiste.)

M. François Fillon. C'est l'inverse.

Mme Ségolène Royal, ministre. Vous le constatez vous-même, monsieur le député, il ne sert à rien de caricaturer les propos de Sigmar Gabriel, que j'ai rencontré la semaine dernière. Ne vous en déplaise, nous allons travailler main dans la main, France et Allemagne, avec les autres pays européens, afin de déposer sur la table du Conseil européen une véritable ambition de la mutation énergétique européenne. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et écologiste.)

Données clés

Auteur : M. Julien Aubert

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Énergie et carburants

Ministère interrogé : Écologie, développement durable et énergie

Ministère répondant : Écologie, développement durable et énergie

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 15 mai 2014

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