République centrafricaine
Question de :
M. Jean-Frédéric Poisson
Yvelines (10e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 5 juin 2014
SITUATION EN CENTRAFRIQUE
M. le président. La parole est à M. Jean-Frédéric Poisson, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
M. Jean-Frédéric Poisson. Monsieur le Premier ministre, notre collègue Pierre Lellouche vous a interrogé hier sur la situation au Mali. La manière dont vous lui avez répondu, ou plutôt dont vous ne lui avez pas répondu, est à la fois inacceptable et inquiétante.
Elle est inacceptable, d'abord, parce que je crois me souvenir que lors de votre discours de politique générale vous aviez manifesté votre volonté de respecter l'opposition.
M. Marcel Rogemont. Mais est-ce que l'opposition respecte le Gouvernement ?
M. Jean-Frédéric Poisson. Vous ne l'avez pas fait hier.
La façon dont vous avez réagi est inquiétante, ensuite, parce qu'en ne répondant pas, vous avez donné beaucoup de crédit aux inquiétudes portées par notre collègue Pierre Lellouche et que nous partageons sur ces bancs quant à la situation au Mali.
C'est pourquoi, monsieur le Premier ministre, j'interroge aujourd'hui le ministre de la défense sur la situation en République centrafricaine. Je me souviens que lorsque le Parlement a été sollicité, voilà quelques semaines, concernant l'autorisation de poursuite de l'intervention, nous avons de ce côté de l'hémicycle très majoritairement approuvé la poursuite de l'opération Sangaris, mais avec toutes les réserves exprimées alors par notre président Christian Jacob à la tribune de cette assemblée.
Quelques semaines plus tard, monsieur le ministre, la dégradation jour après jour de la situation en Centrafrique semble nous donner raison. Et les différents témoignages que nous recevons des familles de militaires en exercice sur le terrain sur le déficit d'équipements et sur les conditions insupportables d'intervention, l'absence de ligne stratégique claire, les inquiétudes du corps diplomatique qui nous représente en République du Soudan du Sud, un État très fragilisé par la Centrafrique, tout cela nous indique que vous n'avez pas réussi au moment où nous parlons à préserver notre armée et notre pays des graves accusations de collaboration qui commencent à être portées contre lui par les différentes factions qui s'affrontent sur le territoire centrafricain, à l'instar de ce qui se passe au Mali.
Monsieur le ministre, comment comptez-vous corriger cette situation en Centrafrique, qui est grave pour notre pays et pour notre armée ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et sur quelques bancs du groupe UDI.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de la défense.
M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense. Monsieur le député, l'ensemble des responsables en Afrique, y compris la présidente centrafricaine Mme Samba-Panza, mais aussi les Nations unies et l'Union africaine reconnaissent que si la France n'avait pas initié l'opération Sangaris, la République centrafricaine serait aujourd'hui l'objet d'affrontements extrêmement lourds…
M. Yves Fromion, M. Philippe Armand Martin et Mme Claude Greff . Ce n'est pas la question !
M. Jean-Yves Le Drian, ministre . …et de dispositions proches d'un génocide.
L'opération Sangaris permet un minimum de sécurité. Il est vrai, vous avez raison de le mentionner, que nos forces interviennent dans ce pays avec beaucoup de difficulté et que la sécurité n'est pas encore totalement rétablie. Ces derniers jours, à Bangui, une église et une mosquée ont été incendiées ; les oppositions entre les ex-Seleka et les anti-balaka se poursuivent donc, et l'équilibre politique, malgré le courage de la présidente Mme Samba-Panza, n'est pas encore tout à fait rétabli.
M. Claude Goasguen. C'est le moins qu'on puisse dire !
M. Jean-Yves Le Drian, ministre . Nos soldats accomplissent leur mission avec beaucoup de sang-froid, dans des conditions difficiles, mais pas aussi désastreuses que vous l'indiquez. Je me rends régulièrement sur le terrain et je peux le constater. Notre tâche est de rétablir une sécurité maximale pour permettre à la mission des Nations unies qui va se déployer à partir du 15 septembre de stabiliser définitivement le pays et, surtout, de permettre une transition politique extrêmement rapide. Laurent Fabius s'emploie à répondre à cette nécessité. Pendant ce temps, les forces de Sangaris accomplissent leur devoir avec beaucoup de mérite et de sang-froid. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)
M. Denis Baupin. Très bien !
Auteur : M. Jean-Frédéric Poisson
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Défense
Ministère répondant : Défense
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 5 juin 2014