immigration
Question de :
M. Rudy Salles
Alpes-Maritimes (3e circonscription) - Union des démocrates et indépendants
Question posée en séance, et publiée le 11 juin 2014
IMMIGRATION EN EUROPE
M. le président. La parole est à M. Rudy Salles, pour le groupe de l'Union des démocrates et indépendants.
M. Rudy Salles. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
La situation relative à l'immigration en Europe n'est plus seulement un sujet préoccupant. Elle est devenue la cause de véritables drames humains et sociaux.
Sous la précédente législature, je me suis rendu à Lampedusa avec une délégation parlementaire qui a pu mesurer l'ampleur de la situation, dans une île peuplée de six mille habitants mais qui reçoit près de deux mille immigrants par jour.
Le centre de rétention pouvait accueillir, soigner et identifier les immigrants mais au bout de deux jours, les autorités italiennes n'avaient d'autre choix que de les transférer sur la péninsule avant de leur rendre leur liberté.
Aujourd'hui, la situation a empiré : depuis le début de l'année 2014, cinquante mille migrants auraient rejoint les côtes italiennes.
Un député du groupe UMP . Invasion !
M. Rudy Salles. Comment s'étonner, dans ces conditions, que l'Italie, qui gère du mieux qu'elle le peut une situation intenable, s'insurge contre une Europe qui reste sourde à ses appels ?
Aujourd'hui, l'action de l'Europe se résume à une aide matérielle, à l'approvisionnement de bateaux. Cette aide est nécessaire et peut sauver les vies de femmes, d'hommes et d'enfants. Mais elle ne suffit pas à améliorer durablement une situation qui s'aggrave de jour en jour.
Il est grand temps pour les pays européens d'agir avec cohésion, courage et solidarité pour mettre en œuvre une politique d'immigration globale, en créant notamment un corps de garde-côtes européens.
N'accusons pas l'Europe de tous les maux : si ce problème prospère aujourd'hui, ce n'est pas parce qu'il y a trop d'Europe mais parce qu'il n'y en a pas assez. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDI.) C'est à l'échelon européen que nous devons agir.
M. Jacques Krabal. Très bien !
M. Rudy Salles. Dans ce contexte, Monsieur le Premier ministre, quelles actions entendez-vous mener pour impulser une véritable politique européenne, voire méditerranéenne, en matière d'immigration ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UDI.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur. Monsieur le député Rudy Salles, vous vous interrogez sur les événements qui surviennent depuis quelques mois aux frontières de l'Europe, en particulier en Italie depuis que ce pays a lancé, de manière unilatérale d'ailleurs, l'opération Mare Nostrum.
Cette opération de sauvetage en mer a permis, vous l'avez souligné, de sauver des vies mais a conduit à une augmentation très sensible du nombre de migrants arrivant sur le sol italien, et par voie de conséquence, sur le sol européen. Le chiffre que vous avez cité de cinquante mille migrants depuis le début de l'année 2014, soit plus en six mois que tout au long de l'année 2013, est exact. Les effets s'en font sentir dans l'ensemble des pays de l'Union européenne, notamment en France, puisqu'une partie de ces migrants, venant notamment de la Corne de l'Afrique et d'Erythrée, qui veulent passer en Grande-Bretagne, se trouvent aujourd'hui rassemblés dans le Calaisis, avec les conséquences humaines que l'on sait.
Il faut agir de deux manières pour parvenir à maîtriser cette situation. Tout d'abord, à la frontière italienne, dans le respect des principes de l'accord de Schengen, nous procédons à des contrôles afin de démanteler, aux côtés des Italiens, les filières de passeurs qui encouragent l'immigration clandestine. Ainsi, au cours des deux derniers mois, avons-nous procédé à la réadmission de mille cinq cents migrants vers l'Italie.
Ensuite, nous devons faire monter en puissance Frontex et avoir une politique européenne de l'immigration, comme vous avez eu raison de le dire. Frontex doit nous aider à démanteler ces filières d'immigration clandestine ; à mieux contrôler les frontières extérieures de l'Europe ; à essayer, dans le cadre de ce que l'on appelle l'approche globale, d'aider les pays de provenance à mieux maîtriser les flux migratoires. Voilà ce que nous voulons faire, aux côtés de l'Italie et au sein de l'Union européenne, répondant ainsi aux préoccupations que vous avez formulées dans votre question. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Auteur : M. Rudy Salles
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Étrangers
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 11 juin 2014