Iraq
Question de :
M. Jean-Jacques Bridey
Val-de-Marne (7e circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain
Question posée en séance, et publiée le 19 juin 2014
SITUATION EN IRAK
M. le président. La parole est à M. Jean-Jacques Bridey, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.
M. Jean-Jacques Bridey. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.
Monsieur le ministre, en tant que président de notre groupe d'amitié France-Irak, permettez-moi tout d'abord d'adresser toutes mes pensées d'amitié et de solidarité à nos amis irakiens dans les heures tragiques qu'ils connaissent en ce moment.
Depuis plusieurs semaines, la situation en Irak ne cesse de se dégrader et l'inquiétude monte de jour en jour pour ce peuple ami. Rien ne semble arrêter aujourd'hui le groupe terroriste État islamique en Irak et au Levant, qui progresse, terrorise les populations, multiplie les prises d'otages et diffuse sur internet des images insoutenables.
Aujourd'hui, ce sont déjà 500 000 civils irakiens qui ont fui les zones de combats et connaissent une situation humanitaire des plus difficiles. Ces réfugiés fuient essentiellement vers la région autonome du Kurdistan, qui accueille déjà des dizaines de milliers de réfugiés syriens.
Face à cette crise, quel soutien notre pays peut-il apporter et à l'Irak et au Kurdistan ?
La protection des populations, qui est notre préoccupation première, passe à terme par le renforcement de l'État irakien. Après avoir pris le contrôle de nombreuses villes, parmi lesquelles figurent Saadiyah, Djalaoula, Tikrit et Mossoul, cette organisation terroriste exhorte ses combattants à marcher sur Bagdad, à renverser le régime du Premier ministre Nouri Al-Maliki et à instaurer un État djihadiste.
Cette situation est de nature à nous inquiéter et je vous remercie, monsieur le ministre, d'en avoir compris toute la portée en appelant la communauté internationale à s'en saisir et en condamnant les prises d'otages.
L'organisation terroriste met gravement en danger l'unité et la souveraineté de l'État irakien, auxquelles la France est particulièrement attachée. Dans ce contexte, de quelle manière la France peut-elle continuer à accompagner l'Irak dans le renforcement et la stabilité de son système démocratique et à l'aider à retrouver sa sécurité intérieure ? (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.
M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international. Monsieur le député, la situation actuelle de l'Irak est probablement l'une des plus graves que nous ayons connues depuis la Deuxième Guerre mondiale. Ce qui se passe est en effet sans précédent. Un groupe terroriste, à la cruauté illimitée, est sur le point de prendre le contrôle d'un grand État, riche.
Je me suis évidemment entretenu immédiatement de cette situation à la fois avec les ministres des affaires étrangères irakien, saoudien et américain et avec le président kurde, M. Barzani.
La France condamne d'abord de la façon la plus ferme, comme cela a été fait en Conseil de sécurité, ce qui se passe en Irak et prend des dispositions humanitaires. Nous plaidons ensuite et agissons pour qu'un gouvernement d'union nationale soit constitué en Irak car, parmi les causes, lointaines – on les voit – et récentes – on les connaît –, il y a des comportements sectaires qui ont créé une espèce de collusion entre les terroristes, qui, finalement, sont rentrés facilement dans les villes, et le reste de la population. Il faut enfin prendre des dispositions – elles sont prévues dans un projet de loi qui vous sera soumis – pour briser – je dis bien : briser – les tentations d'un certain nombre de ressortissants français d'aller faire le djihad là-bas.
Il n'y a aucune demi-mesure possible. Ce qui est en cause, c'est non seulement l'unité de l'Irak mais la situation de l'ensemble du Moyen-Orient – Syrie, Irak et les pays voisins – et donc la sécurité de l'Europe et même du monde. Il n'est donc pas question que puisse se constituer là-bas un Djihadistan terroriste. (Applaudissements.)
Auteur : M. Jean-Jacques Bridey
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Affaires étrangères
Ministère répondant : Affaires étrangères
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 19 juin 2014