Question au Gouvernement n° 2022 :
machines et équipements

14e Législature

Question de : M. Daniel Fasquelle
Pas-de-Calais (4e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 26 juin 2014


ALSTOM

M. le président. La parole est à M. Daniel Fasquelle, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.

M. Daniel Fasquelle. Ma question s'adresse à Arnaud Montebourg, ministre de l'économie et du redressement productif.

Monsieur le ministre, vous avez l'art d'habiller les défaites en victoires. En effet, l'accord conclu entre Alstom et General Electric n'a rien d'une alliance : il s'agit bien de la prise de contrôle par un groupe américain d'un fleuron de l'industrie française.

M. Jean-Luc Laurent. C'est faux !

M. Daniel Fasquelle. Comme le dit avec beaucoup de clairvoyance un journaliste dans un grand hebdomadaire français paru aujourd'hui, « dans l'affaire Alstom, le ministre goûte un succès de façade, mais c'est le PDG de General Electric qui triomphe. Arnaud Montebourg parade en vitrine, Jeffrey Immeit met la main sur le fonds de commerce. »

Mme Marie-Françoise Bechtel. Mais non !

M. Daniel Fasquelle. Pourtant, Alstom n'était pas en difficulté, contrairement à 2004, où l'entreprise a été sauvée par Nicolas Sarkozy et Jean-Pierre Raffarin. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)

M. le président. Mes chers collègues, veuillez écouter l'orateur !

M. Daniel Fasquelle. Monsieur le ministre, pourquoi, alors qu'il était certain qu'Alstom pouvait être racheté à tout moment par un groupe étranger, ne pas avoir anticipé et mis en place une solution française ?

M. le président. Monsieur Bachelay, s'il vous plaît !

M. Daniel Fasquelle. À défaut, monsieur le ministre, comment expliquez-vous votre échec à mettre en place une solution européenne dont vous étiez pourtant l'ardent défenseur ?

Évidemment, dès qu'il s'agit de reconnaître que l'ancien président de la République a fait du bon travail, vous vociférez ! (Mêmes mouvements.) Oui, Nicolas Sarkozy a fait du bon travail et, en particulier, ne vous en déplaise, il a sauvé Alstom !

M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues !

M. Daniel Fasquelle. Monsieur le ministre, comment expliquez-vous ce qui apparaît également comme un échec de l' « Airbus de l'énergie » voulu par le Président de la République ?

Au-delà d'une agitation aussi sympathique que peu efficace, allez-vous enfin mettre en une vraie politique industrielle française ?

Dans l'affaire Alstom, on s'est battu dos au mur, on est intervenu trop tard, alors qu'il y avait d'autres solutions possibles, notamment une solution française. Il y avait également une solution européenne.

Ce dossier Alstom est non seulement un échec français, mais également un échec européen. C'est un échec pour Arnaud Montebourg, pour Manuel Valls et pour François Hollande ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. François Loncle. Il ne faut pas lui répondre ! (Sourires.)

M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur le député Fasquelle, j'ai bien compris qu'à l'occasion de votre question, vous vouliez parler de M. Nicolas Sarkozy et oublier, au fond, l'essentiel.

Quand il y a un succès pour la France, pour l'industrie et pour l'emploi, je crois qu'il vaut mieux le reconnaître et le souligner (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur quelques bancs des groupes écologiste et GDR), plutôt que de faire preuve d'une opposition systématique, en allant ainsi à l'encontre, d'ailleurs, de voix qui se sont élevées sur tous les bancs.

Il y avait, depuis deux mois, un certain nombre d'interrogations, ce qui est normal. Mais qu'auriez-vous dit s'il n'y avait pas eu de repreneur ? Qu'auriez-vous dit si cela avait été un autre repreneur, compte tenu des problèmes qui se posaient en termes de concurrence au niveau européen ou de doublon pour l'emploi ? Qu'auriez-vous dit, à ce moment-là, monsieur Fasquelle ? De grâce, sachez reconnaître un succès !

Au moment où je vous réponds, Arnaud Montebourg, qui a bien travaillé sur ce sujet, est avec les ouvriers d'Alstom au Creusot. Ces derniers savent, monsieur Fasquelle, que nous avons trouvé, que le Président de la République, Arnaud Montebourg et Ségolène Royal ont trouvé la bonne solution pour bâtir, avec General Electric et Alstom, un géant mondial dans deux domaines majeurs, qui concernent la France et l'Europe : l'énergie et les transports.

Je crois, pour ma part, que le rôle de l'opposition – car il y va ici de l'intérêt de la France dans l'Europe et dans le monde – est de reconnaître un succès, non du Gouvernement, mais de notre industrie, pour nos emplois et les salariés d'Alstom. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs des groupes RRDP, écologiste et GDR.)

Données clés

Auteur : M. Daniel Fasquelle

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Industrie

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 26 juin 2014

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