politique de l'éducation
Question de :
M. Éric Ciotti
Alpes-Maritimes (1re circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 3 décembre 2014
ECOLE DE LA RÉPUBLIQUE
M. le président. La parole est à M. Éric Ciotti, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
M. Éric Ciotti. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Monsieur le Premier ministre, depuis deux ans, votre majorité s'emploie - d'une façon méthodique, il faut bien le reconnaître - à saper les fondements essentiels de l'école de la République. (Exclamations et rires sur les bancs des groupes SRC, RRDP, écologiste et GDR.)
Prisonnier d'une idéologie égalitariste, vous vous êtes attaqués à tous les piliers porteurs d'un système éducatif qui, depuis Jules Ferry, au fil des décennies et des siècles, a fait la force de notre pays.
La laïcité, tout d'abord, qui est mise à mal avec la dernière circulaire de Mme Vallaud-Belkacem autorisant le port du voile pour les accompagnants scolaires.
Le mérite, ensuite, avec la suppression des bourses d'enseignement supérieur pour les bacheliers ayant obtenu une mention très bien au baccalauréat.
L'obligation scolaire, également, avec la suppression de la loi contre l'absentéisme scolaire que j'avais eu l'honneur de porter.
Dans le même temps, vous avez promu des projets dangereux et inutiles, à l'instar de cette ridicule journée de la jupe, prémisse de l'introduction de la théorie du genre à l'école (Exclamations sur les bancs du groupe SRC) ou de ces nouveaux rythmes scolaires (Exclamations sur les mêmes bancs)…
M. le président. S'il vous plaît ! Ecoutez !
M. Éric Ciotti. …qui épuisent les élèves tout en les détournant de l'apprentissage des savoirs fondamentaux.
Dernière cible que vous avez choisie : les notes. Un rapport nous annonce en effet aujourd'hui que vous allez les supprimer au profit d'un « système d'évaluation bienveillant » !
Monsieur le Premier ministre, ça suffit ! Cette entreprise de destruction doit cesser ! (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) Ne laissez pas ceux qui, dans votre gouvernement, sont prisonniers d'une idéologie d'extrême gauche post-soixante-huitarde détruire ce qui fait la force de notre système scolaire ! (Protestations sur les bancs du groupe SRC. - Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. S'il vous plaît ! Allez, je vous demande de faire un peu de calme ! La parole est à M. le Premier ministre. (« Ah ! » sur les bancs du groupe UMP).
M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur Ciotti, en vous écoutant, je me disais que c'est vous, plutôt, qui êtes prisonnier d'une forme d'idéologie (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, RRDP, écologiste et GDR).
Comment peut-on en arriver à tenir des propos aussi caricaturaux sur un sujet comme celui de l'école de la République ?
Samedi, pour répondre à l'invitation de quelqu'un qui est lui aussi attaché à mon territoire, j'étais dans la ville d'Evry – dont je suis encore conseiller municipal – afin de participer à la remise des diplômes que recevaient tous ceux qui ont réussi, depuis le brevet et le CAP jusqu'au baccalauréat et aux diplômes universitaires.
En regardant cette belle jeunesse de France, je me disais que lorsqu'on lui apprend le goût de l'effort, qu'on lui transmet les savoirs et les valeurs, l'école de la République, sous toutes ses formes, joue pleinement son rôle.
Plutôt que de la critiquer et de porter ce regard caricatural, plutôt que de promouvoir cette vision de l'école et de mettre en cause les enseignants – qui continuent à exercer le plus beau métier du monde, c'est-à-dire, précisément, à transmettre ces savoirs et ces valeurs (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC) –, pourrions-nous au moins nous rassembler sur cette belle idée qu'est l'école de la République ?
M. Sylvain Berrios. Vous la détruisez !
M. Manuel Valls, Premier ministre . Mais puisque vous voulez en venir au bilan, je vous rappelle que lorsque nous sommes arrivés aux responsabilités, nous avons trouvé une école démoralisée.
M. Claude Goasguen. Aujourd'hui, son état est pire !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Parce que c'était nécessaire à la fois pour notre démographie et parce qu'il faut soutenir les élèves les plus en difficulté, nous avons décidé de recruter 60 000 enseignants pendant le quinquennat. Oui, c'est nécessaire ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur quelques bancs du groupe écologiste.)
Vous vous y opposez dans vos discours mais, sur le terrain, lorsque les enseignants ne sont pas assez nombreux dans un département populaire comme la Seine-Saint-Denis ou dans les territoires ruraux, vous êtes les premiers à demander des enseignants supplémentaires aux côtés de leurs collègues et des parents d'élèves. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Vous-même me parlez de laïcité, monsieur Ciotti, mais c'est ce gouvernement, c'est Vincent Peillon, c'est cette majorité qui ont voulu la mise en place d'une charte de la laïcité, parce que la laïcité,…
M. Claude Goasguen. Vous n'y comprenez rien !
M. Manuel Valls, Premier ministre. …c'est la valeur la plus précieuse que nous devons défendre, notamment à l'école.
En effet, lorsque l'on est enseignant ou élève, il ne peut pas y avoir la moindre discrimination à l'école en fonction de la couleur de la peau, du quartier où l'on habite, de la religion ou de la croyance.
Alors, monsieur Ciotti, vraiment, abandonnez cette caricature, soutenez cette majorité qui fait de l'école et de la jeunesse une priorité, soutenez nos projets,…
M. Claude Goasguen. Vos projets ? Vous n'en avez pas !
M. Manuel Valls, Premier ministre. …pour la réforme des collèges et des programmes notamment.
Quant aux expérimentations qui sont mises en œuvre, plutôt que de choisir la caricature et de courir après ceux qui veulent diviser la République et l'école, rassemblez, rassemblez ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
En tant que Premier ministre, monsieur Ciotti, il y a quelque chose que je ne laisserai jamais faire : diviser l'école, mettre en cause l'école de la République et mettre en cause les enseignants de la République. (Les députés du groupe SRC se lèvent et applaudissent.)
Auteur : M. Éric Ciotti
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Enseignement
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 3 décembre 2014