Question au Gouvernement n° 2480 :
zones sensibles

14e Législature

Question de : Mme Bérengère Poletti
Ardennes (1re circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 21 janvier 2015


RÉFORME DE L'ÉDUCATION PRIORITAIRE

M. le président. La parole est à Mme Bérengère Poletti, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.

Mme Bérengère Poletti. Monsieur le Premier ministre, entre Mme Vallaud-Belkacem ministre de la ville et Mme Vallaud-Belkacem ministre de l'éducation nationale, laquelle faut-il écouter ? La ministre de la ville qui demandait à ses services de « piloter » la ville de Rethel, dans les Ardennes, comme d'autres villes en France, afin que ses quartiers soient reconnus comme prioritaires ? Ou la ministre de l'éducation nationale, qui décide en décembre de faire sortir le collège de cette même ville du réseau d'éducation prioritaire ? (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

M. Jacques Myard. C'est scandaleux !

Mme Bérengère Poletti. Pourtant, les arguments retenus, qui concernent notamment la jeunesse en difficulté, sont les mêmes pour le ministère de la ville et pour le ministère de l'éducation nationale ! Ces trois dernières années, la situation s'est considérablement dégradée : retard scolaire, nombre de familles monoparentales très élevé, nombre important de boursiers, taux d'absentéisme et de chômage des jeunes eux aussi très importants. Ce collège n'est malheureusement pas le seul en France à vivre cette situation ubuesque. Devant cette incohérence, puisque les critères requis se sont aggravés, comment demander à une équipe éducative de s'impliquer dans la politique de la ville, alors qu'on dénie la difficulté de sa tâche dans son établissement scolaire ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

Je vous laisse imaginer, mes chers collègues, dans quel état d'esprit sont aujourd'hui les professeurs, les parents d'élèves et les élus locaux, très émus par cette décision totalement incompréhensible. J'ai souhaité, comme beaucoup d'autres élus confrontés à une telle situation en France, rencontrer Mme la ministre de l'éducation nationale et depuis plusieurs semaines déjà, j'attends sa réponse. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Alors que nous sommes tous tellement conscients de l'importance de tenir un discours cohérent vis-à-vis de notre jeunesse, nous vous demandons de bien vouloir revenir sur cette politique aberrante et de ne pas désespérer les jeunes. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Madame la députée Bérengère Poletti, M. le Premier ministre nous appelait, il y a un instant, à faire preuve de lucidité à l'égard de nos politiques publiques et à ne pas reconduire, année après année, des dispositifs qui n'ont pas fait la preuve de leur efficacité. La politique de la ville et l'éducation prioritaire méritaient d'être réinterrogées. Cela faisait même trente ans que cette dernière ne l'avait pas été ! Je l'assume : dans mes fonctions de ministre de la ville puis de l'éducation nationale, j'ai voulu que l'on évalue l'efficacité réelle des moyens apportés aux établissements dans lesquels nous considérons qu'ils concentrent davantage de difficultés sociales que les autres.

M. Dominique Dord. Vous tenez deux discours !

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre . Cela nous a conduits à revoir la cartographie des établissements scolaires. Certains sortent de la carte de l'éducation prioritaire pour permettre à d'autres, bien plus mal lotis, d'y entrer et d'être mieux aidés. Je ne dis pas que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes dans l'établissement dont vous nous parlez, le collège de Rethel, mais, en termes de profil sociologique, il ne va pas aussi mal que les 1 089 établissements que nous avons décidé d'intégrer à la carte de l'éducation prioritaire.

Cela signifie-t-il pour autant que cet établissement disparaît de nos radars ? Je vous ai dit mille fois que non, madame Poletti. Pour les trois ans qui viennent, les moyens de cet établissement, son taux d'encadrement, le nombre d'élèves par classe et la dotation horaire globale seront préservés.

Il est bien naturel que nous réinterrogions nos politiques pour leur donner plus d'efficacité. C'est ce qu'attendent nos concitoyens. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

M. Dominique Dord. Recevez Bérengère Poletti !

Données clés

Auteur : Mme Bérengère Poletti

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Enseignement

Ministère interrogé : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche

Ministère répondant : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 21 janvier 2015

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