Nigeria
Question de :
M. Philippe Baumel
Saône-et-Loire (3e circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain
Question posée en séance, et publiée le 4 février 2015
LUTTE CONTRE BOKO HARAM
M. le président. La parole est à M. Philippe Baumel, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.
M. Philippe Baumel. Monsieur le ministre des affaires étrangères, massacres, viols, égorgements et pillages orchestrés par la secte Boko Haram sont le quotidien de la population au nord du Nigeria, à l'extrême-nord du Cameroun, près du lac Tchad et de la République centrafricaine. Ces exactions constituent évidemment une menace de déstabilisation supplémentaire pour toute une partie de l'Afrique centrale. C'est une zone grande comme deux fois le Liban qui est aujourd'hui sous le joug de cette secte.
Début janvier, au Nigeria, à Baga, durant cinq jours, Boko Haram a massacré hommes, femmes et enfants. Des milliers d'habitants ont fui par bateau vers le lac Tchad ; d'autres se sont réfugiés au Cameroun où ils sont aujourd'hui regroupés dans un camp de réfugiés qui rassemble près de 250 000 personnes.
Dimanche dernier, les 2 millions d'habitants de la ville de Maiduguri, au Nigeria, ont dû subir pendant cinq heures une attaque à l'arme lourde.
Enlèvements de jeunes filles, massacres de familles – enfants compris –, assassinats d'otages et organisation de trafics en tous genres : voilà la triste activité de cette secte. Amnesty International estime que plusieurs milliers de victimes civiles sont déjà décomptées.
Les gouvernements camerounais et tchadien ont décidé de réunir leurs forces pour résister militairement à cette folie meurtrière.
Monsieur le ministre, face à cette grave crise, beaucoup se tournent à nouveau vers la France. Quelles initiatives internationales, africaines et européennes peuvent être rapidement engagées ou soutenues ? La France soutiendra-t-elle une résolution au Conseil de sécurité pour mobiliser les forces des Nations unies ? Sur les plans humanitaire et militaire, quel soutien fort pouvons-nous apporter aux populations dans le désarroi, peut-être cette fois avec l'Union européenne, tant au Cameroun qu'en République centrafricaine, au Tchad et au Nigeria ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.
M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international. Monsieur Baumel, qui sont les dirigeants de Boko Haram ?
M. Jean-Pierre Gorges. Des islamistes !
M. Claude Goasguen. Des sauvages !
M. Laurent Fabius, ministre . Ce sont de faux religieux et de vrais criminels.
M. Guy Geoffroy. Bravo !
M. Laurent Fabius, ministre. Vous étiez récemment dans la région et vous avez mesuré le degré d'atrocité qui augmente chaque semaine.
Certains disent que ces événements se passent loin de chez nous. On ne peut pas réagir comme cela, d'abord pour des raisons humanistes évidentes, ensuite parce que sont concernés non seulement le Nigeria, mais également le Cameroun, le Niger, le Tchad, l'Afrique centrale et l'ensemble de l'Afrique.
C'est la raison pour laquelle la France, la première, s'est mobilisée. Au mois de mai dernier, une conférence a été organisée à l'Élysée, à l'initiative du Président de la République. Peu à peu, d'autres pays ont réagi positivement, bien que très tardivement. Le Tchad a eu le courage d'engager ses troupes aux côtés du Cameroun.
Récemment, l'Union africaine a décidé de lancer un appel à lever jusqu'à 7 500 personnes pour mener la charge contre Boko Haram. Pour répondre à votre question, la France soutient bien sûr cette initiative, qui sera sans doute bientôt discutée devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Mais la France ne peut pas résoudre cette question toute seule :…
M. Pascal Terrasse. Absolument !
M. Laurent Fabius, ministre. …elle a besoin de l'ensemble des nations d'Afrique, des États-Unis…
M. Pascal Terrasse. De l'Union européenne !
M. Laurent Fabius, ministre . …et de l'Europe. C'est dans ce sens que nous allons agir. Nous avons commencé à agir, mais il faut mobiliser encore bien plus l'ensemble de la communauté mondiale. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe écologiste et du groupe RRDP.)
Auteur : M. Philippe Baumel
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Affaires étrangères
Ministère répondant : Affaires étrangères
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 4 février 2015