Question au Gouvernement n° 2606 :
réforme

14e Législature

Question de : M. Jean-Frédéric Poisson
Yvelines (10e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 19 février 2015


PROJET DE LOI MACRON

M. le président. La parole est à M. Jean-Frédéric Poisson.

M. Jean-Frédéric Poisson. Monsieur le Premier ministre, à cet instant, il est assez plaisant de vous entendre défendre un projet de loi auquel personne ne comprend plus rien. (Protestations sur les bancs du groupe SRC.)

Il est assez plaisant de vous entendre essayer d'expliquer les 295 articles d'un texte que personne ne peut résumer simplement et brièvement.

Il est assez plaisant de vous entendre expliquer que, grâce à ce foisonnement qui relève de la brocante du dimanche après-midi, la France pourra tirer quelque profit que ce soit en matière de croissance et d'activité. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Monsieur le Premier ministre, vous avez bien fait, hier, d'engager la responsabilité du Gouvernement : cet épisode témoigne qu'il s'agit d'abord de votre échec.

Si ce texte n'a pas été adopté normalement – vous avez décidé d'engager cette procédure du 49-3 d'une manière inintelligible –, c'est que votre méthode n'était pas la bonne.

Vous ne pouvez pas faire croire aux Français qu'il y aura moins de chômeurs parce que des cars rouleront à la place de trains qui ne rouleront plus (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP), vous ne ferez pas croire aux Français qu'il y aura moins de chômeurs parce que les postiers feront passer le permis de conduire (Mêmes mouvements), vous ne ferez pas croire aux Français qu'il y aura moins de chômeurs parce que les Allemands achèteront notre industrie de l'armement (Mêmes mouvements), vous ne ferez pas croire aux Français qu'en vendant les bijoux de famille des aéroports, le nombre de demandeurs d'emploi diminuera !

Plusieurs députés du groupe UMP . Excellent !

M. Jean-Frédéric Poisson. Tout cela est trompeur, monsieur le Premier ministre. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

M. Michel Herbillon. Supercherie !

M. Jean-Frédéric Poisson. Finalement, en décidant d'appeler ce texte « projet pour la croissance et l'activité », titre qui n'a que peu à voir avec son contenu, vous entretenez une tromperie qui, hier, a éclaté à la face du pays.

La réalité, c'est que vous ne réussissez pas à convaincre votre propre majorité. Vous ne réussissez pas à convaincre votre propre parti. Vous ne réussissez pas à convaincre que la France ne doit pas entrer dans une vague de marchandisations qui ne correspond pas à sa tradition.

Nous résistons quant à nous à tout cela et nous faisons bien.

Monsieur le Premier ministre, plutôt que de vous limiter au 49-3, vous devriez tirer de votre propre incapacité à réformer le pays bien d'autres conséquences, dont celle de la pertinence de votre présence à la tête du Gouvernement. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et sur plusieurs bancs du groupe UDI.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre. (Brouhaha sur les bancs du groupe UMP.)

M. le président. Vous avez écouté la question, écoutez la réponse !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur Poisson, je sais que vous avez participé activement au débat…

M. Christian Jacob. Maîtrisez-vous ! Restez calme !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur Jacob, vous êtes un expert en la matière !

Je réponds à M. Poisson.

Monsieur Poisson, vous avez donc participé à ces débats et j'imagine que vous avez ainsi pleinement accompli votre travail de parlementaire, parce que vous considériez que ce texte était important et que chacun avait son mot à dire à son propos.

M. Yves Censi. C'est que le péril était grand !

M. Manuel Valls, Premier ministre . Je remarque d'ailleurs qu'un certain nombre de parlementaires de l'opposition souhaitaient voter ce texte. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Cela est vrai chez les centristes, mais j'ai compris que bien des consignes avaient été données jusqu'à hier encore pour qu’aucune échappée ne se produise du côté de l'UMP.

Mme Catherine Vautrin. Faites donc voter le texte !

M. Manuel Valls, Premier ministre . Cela illustre bien la difficulté dans laquelle vous vous trouvez.

Lorsqu'il s'agit de réformer, d'avancer, de libérer les énergies dans notre économie, quand il s'agit, oui, de lui donner de la force, y compris à travers des privatisations partielles ou des ouvertures de capital, vous êtes incapables de vous mobiliser en faveur de l'intérêt général parce que vous vous bornez à la confrontation et à une opposition systématique. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Telle est, malheureusement, la réalité !

Face à cela, oui, la majorité a débattu, mais le 49-3 nous permet d'avancer parce que, dans le contexte économique que nous connaissons et dans un climat si tendu, les Français attendent que le Gouvernement avance, progresse et ne perde pas de temps afin de réaliser les réformes nécessaires.

Alors, monsieur Poisson, malgré vos derniers propos, soyez certain que je suis pleinement à ma place en tant que chef du Gouvernement ! Je suis en effet convaincu que l'action que nous menons est attendue par les Français et que c'est celle dont le pays a besoin !

Vous pouvez compter sur moi et sur ma détermination pour continuer les réformes, malgré vous, malgré tous les conservatismes, malgré tous les immobilismes, que l'on retrouve sur de nombreux bancs ! Mais il y a une majorité, il n'y a pas de majorité alternative et nous continuerons à agir ainsi ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et RRDP.)

M. Philippe Meunier. Parlez à votre majorité !

Données clés

Auteur : M. Jean-Frédéric Poisson

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique économique

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 19 février 2015

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