Question au Gouvernement n° 2836 :
croissance et emploi

14e Législature

Question de : M. Éric Woerth
Oise (4e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 6 mai 2015


POLITIQUE ÉCONOMIQUE

M. le président. La parole est à M. Éric Woerth, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.

M. Éric Woerth. Monsieur le Premier ministre, le bilan économique et social de François Hollande est désastreux. L'anniversaire de son élection ne sera pas célébré : il est vrai que les Français ne sont pas à la fête. Le chemin des désastres est souvent pavé de bonnes intentions ; votre bilan, lui, est pavé de mauvais résultats.

M. Philippe Cochet. Eh oui !

M. Éric Woerth. Dressons ensemble un constat objectif. Vous vouliez qu'il y ait moins de chômage en France : il y a plus de chômage en France, plus de chômage des jeunes, plus de chômage des seniors, plus de précarité. Pire encore, sans crise, le chômage augmente plus vite sous François Hollande que sous Nicolas Sarkozy. Votre résultat, c'est 600 000 chômeurs supplémentaires en trois ans !

Vous vouliez moins de 3 % de déficit public : le compteur des déficits est bloqué à 4 %.

M. Pascal Popelin. Et vous ? Vous êtes le ministre des 7 % de déficit !

M. Éric Woerth. Ils ont baissé d'un peu plus d'un point en trois ans, soit trois fois moins vite qu'en sortie de crise entre 2009 et 2011.

Vous vouliez plus de croissance : vous avez réussi l'exploit d'éteindre durablement la croissance en France par des augmentations d'impôts massives, asphyxiant le pouvoir d'achat des ménages et l'investissement des entreprises.

Vous vouliez plus de simplicité : vous avez créé l'usine à gaz de la pénibilité.

Vous nous dites maintenant : « Tout va mieux. Notre politique est en train de réussir. Nous avions raison avant l'heure. » C'est prendre encore une fois des vessies pour des lanternes ! La performance d'un pays, comme celle d'un athlète, n'est pas une valeur absolue, mais relative : il faut la comparer à celle des autres pays. La réalité, c'est qu'à l'échelle internationale, la France décroche depuis trois ans.

M. Guy Geoffroy. Eh oui !

M. Éric Woerth. La croissance y est deux fois plus faible qu'ailleurs, le déficit public se réduit à une vitesse de tortue, moins vite qu'ailleurs. Quand la plupart de nos partenaires créent de l'emploi, nous continuons mois après mois à créer du chômage.

Voilà quelle est la situation. Bien sûr, les astres nous sont favorables ; le pétrole, les taux d'intérêt, la politique monétaire de la Banque centrale européenne, tout concourt à relancer la croissance en France et en Europe, mais ces facteurs externes ne nous serviront à rien sans les réformes internes que vous avez courageusement choisi de ne pas faire. Vous venez de présenter à l'Europe un programme de stabilité qui ne fait, en réalité, que refléter l'instabilité de votre programme.

Monsieur le Premier ministre, allez-vous mettre fin à ce décrochage que nous subissons depuis trois ans ? (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et UDI.)

M. le président. La parole est à M. le ministre des finances et des comptes publics.

M. Michel Sapin, ministre des finances et des comptes publics. Monsieur le député…

M. Guy Geoffroy. Le ministre !

M. Michel Sapin, ministre. Je devrais dire, en effet, monsieur le ministre, car vous avez été ministre un peu plus de trois ans, de 2007 à 2010, trois années que vous saluez dans votre diatribe enflammée. Pourtant pendant ces trois ans, la croissance a diminué et le PIB de la France a chuté ; et vous nous demandez une augmentation de la croissance ! (Vives exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI.)

Mme Claude Greff. N'importe quoi !

M. Sébastien Huyghe. Menteur !

M. Michel Sapin, ministre . Pendant ces trois ans, le chômage est passé de 8 % à 9,4 %, soit 600 000 chômeurs de plus. Pendant ces trois ans, le déficit a explosé, passant de 2,7 % à 7,1 %. Monsieur Woerth, dans ce domaine, je vous demande, à vous comme à d'autres, de faire preuve d'un peu de modestie et de pondération ! (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)

Retrouver une croissance plus forte : c'est un vrai sujet, et c'est la bataille que nous menons. Je préférerais que vous me fassiez des propositions dans ce domaine, plutôt que de m'obliger à vous rappeler le désastre que fut l'action de votre gouvernement et la vôtre. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)

Faites des propositions pour réduire plus rapidement que nous le faisons le déficit public de la France – car nous avons, nous, diminué ce déficit ! Ne vous contentez pas d'affirmer de manière arbitraire qu'il faut faire 140 milliards d'euros d'économies supplémentaires, alors qu'à l'instant même, M. Bertrand vient de nous reprocher 100 millions d'euros d'économies…

Mme Valérie Pécresse et Mme Catherine Vautrin . Ce ne sont pas des économies !

M. Michel Sapin, ministre . … sur les réserves des universités, qui ont permis de financer des emplois supplémentaires de professeurs dans ces mêmes universités. (Vives protestations sur les bancs des groupes UMP et UDI.)

Si vous avez des idées pour faire baisser le chômage, monsieur Woerth, vous feriez mieux de nous les soumettre : cela permettrait à la France d'avancer et au débat démocratique d'être de meilleure qualité que l'exercice auquel vous venez de vous livrer. (Protestations persistantes sur les bancs des groupes UMP et UDI. – Claquements de pupitres.)

Mme Bérengère Poletti. Incroyable !

Données clés

Auteur : M. Éric Woerth

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique économique

Ministère interrogé : Finances et comptes publics

Ministère répondant : Finances et comptes publics

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 6 mai 2015

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