Question au Gouvernement n° 2837 :
collèges

14e Législature

Question de : M. Rudy Salles
Alpes-Maritimes (3e circonscription) - Union des démocrates et indépendants

Question posée en séance, et publiée le 6 mai 2015


RÉFORME DU COLLÈGE

M. le président. La parole est à M. Rudy Salles, pour le groupe de l'Union des démocrates et indépendants.

M. Rudy Salles. Madame la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, malgré vos allégations et votre recours à la méthode Coué, votre réforme du collège rencontre chaque jour une opposition de plus en plus vive. Les enseignants sont inquiets ; les parents d'élèves sont inquiets ; tous les défenseurs de l'école républicaine sont inquiets. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDI.) Et pour cause : vous envisagez de supprimer l'enseignement du latin, les classes européennes et les classes bilangues qui ont permis à l'allemand de rester la troisième langue vivante enseignée en France, car vous les jugez trop élitistes. (Mêmes mouvements.)

Pire, vous vous apprêtez à affaiblir l'enseignement de l'histoire avec des programmes déséquilibrés qui ne réserveront qu'une place secondaire à tout ce qui fait la grandeur de la France, à ce qui nous rassemble en une communauté nationale et européenne de destin.

Sous couvert d'égalité, cette réforme abandonne l'idée de l'excellence et fragilise l'élitisme républicain. Vous allez ainsi procéder à un véritable nivellement par le bas et ce sont les enfants issus de familles défavorisées que vous allez le plus pénaliser (Applaudissements sur les bancs des groupes UDI et UMP) car, madame la ministre, vous allez leur refuser le droit d'avoir les mêmes chances d'accéder au savoir et ainsi de dépasser leur condition par le travail et le mérite, ce droit au fondement même de notre pacte républicain !

Mme Bérengère Poletti. Très bien !

M. Rudy Salles. Madame la ministre, ma question est simple : allez-vous abandonner ce projet de réforme néfaste et apporter enfin des vraies réponses aux inégalités de notre système scolaire, qui poussent 150 000 jeunes à en sortir chaque année sans diplôme ? (Applaudissements sur les bancs des groupes UDI et UMP.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur le député, la ministre de l'éducation nationale a déjà eu l'occasion de répondre à deux questions sur la réforme du collège et des programmes, et je ne doute pas qu'elle y revienne dans un instant. Mais je tiens à vous répondre parce que précisément la jeunesse est notre priorité, parce que l'école est la priorité de ce quinquennat et que je ne supporte plus les contre-vérités de l'opposition sur cette réforme. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

C'est notre priorité pour les raisons évoquées par la ministre de l'éducation nationale : premièrement, l'école est redevenue le premier budget de la nation ; deuxièmement, nous avons décidé de recruter 60 000 enseignants pendant ce quinquennat, quand vous en avez supprimé des milliers (« Contre-vérités ! » sur les bancs du groupe UMP) ; surtout – c'est un point essentiel qui explique que je ne puisse me retrouver dans vos propos, monsieur le député –, l'élitisme républicain c'est lutter contre les inégalités. Or, malheureusement, l'école ne cesse de reproduire ces inégalités depuis des années.

Nous voulons répondre d'abord à l'angoisse des familles, des classes moyennes et des couches populaires qui sont aujourd'hui en échec parce que la majorité précédente non seulement a mis en cause la priorité fondamentale qu'est l'école et supprimé des milliers de postes, mais a également saccagé - j'utilise ce mot à dessein - la formation des enseignants, que nous avons rétablie. (Protestations sur les bancs du groupe UMP. - Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

M. Philippe Cochet. Cela commence à bien faire !

M. Philippe Meunier. Fossoyeurs !

M. Manuel Valls, Premier ministre . Monsieur le député, il faut toujours regarder les choses en face. Pour restaurer cet élitisme républicain que vous appelez de vos vœux, il faut non seulement des moyens, mais également une refonte fondamentale de la pédagogie : c'est le sens de la réforme des collèges. Arrêtez ces contre-vérités : ni l'allemand, ni le latin, ni le grec ne seront supprimés. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

Quant à la réforme des programmes, la ministre de l'éducation nationale l'a dit de manière très claire, elle est aujourd'hui en consultation. (« Ah ! » sur les bancs du groupe UMP.) C'est une nostalgie que vous essayez de défendre, la nostalgie d'une France du passé. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

M. Philippe Meunier. Fossoyeurs !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Nous, nous voulons regarder l'avenir. Cette réforme, sur laquelle les enseignants notamment seront consultés pendant encore un mois, devra revoir notre roman national, non pas celui de la nostalgie, mais celui qui correspond à la réalité du monde d'aujourd'hui, qui arme les jeunes et les collégiens pour le XXIème siècle. Sortez de la nostalgie, regardez la réalité de ce que vous avez fait quand vous étiez au pouvoir et soutenez une réforme dont le pays et sa jeunesse ont besoin ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.– Huées sur les bancs du groupe UMP.)

Données clés

Auteur : M. Rudy Salles

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Enseignement secondaire

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 6 mai 2015

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