Question au Gouvernement n° 2838 :
collèges

14e Législature

Question de : Mme Marie-Jo Zimmermann
Moselle (3e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 6 mai 2015


RÉFORME DU COLLÈGE

M. le président. La parole est à Mme Marie-Jo Zimmermann, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.

Mme Marie-Jo Zimmermann. Monsieur le Premier ministre, dans une lettre adressée à la ministre de l'éducation nationale, l'ancien Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a fait part de son inquiétude quant à l'enseignement de la langue allemande, malmené par la réforme des collèges. Cette inquiétude est partagée par notre collègue Pierre-Yves Le Borgn', président du groupe d'amitié France-Allemagne, ainsi que par tous ceux pour qui l'entente franco-allemande a encore un sens.

Plus largement, c'est toute la communauté franco-allemande qui s'inquiète de cette réforme. En Allemagne, celle-ci suscite une vive émotion et tous nos collègues qui ont des contacts étroits avec nos amis allemands, comme Pierre Lequiller, peuvent en témoigner. Même l'ambassadrice d'Allemagne en France a exprimé sa préoccupation quant à l'affaiblissement de l'apprentissage de l'allemand en France.

Avec cette réforme, vous risquez de mettre à mal le couple franco-allemand que vos prédécesseurs ont construit pas à pas depuis soixante-dix ans et qui s'est décliné sur nos territoires par toute une série d'actions tant sur le plan éducatif – avec les classes européennes, les classes bilangues et les sections AbiBac – que sur le plan économique – avec les échanges universitaires ou des grandes écoles.

Plutôt que de remettre en cause ces actions, il faudrait bien au contraire encourager le développement des classes bilangues sur tout le territoire, comme c'est le cas, entre autres, dans les académies de Nancy-Metz et de Strasbourg. Monsieur le Premier ministre, cette réforme est à la fois une faute politique, une faute économique et une faute culturelle. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

C'est le contraire qu'il faut faire. C'est un exemple de plus de politique de nivellement par le bas. Monsieur le Premier ministre, l'éducation nationale est l'avenir de notre pays ; sa politique doit être ambitieuse et doit donner à nos jeunes tous les moyens nécessaires pour réussir. C'est pourquoi vous devez renoncer à ce volet de la réforme, comme à l'ensemble de la réforme. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

M. Guy Geoffroy. Très bien !

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Madame la députée, vous savez le respect et l'estime que j'ai pour vous : je ne vous ferai donc pas l'affront ici de vous accuser de mauvaise foi. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

Et pourtant, vous fondez votre analyse sur des rumeurs et des contre-vérités et je ne peux que vous inviter, comme je l'ai fait avec nombre d'entre vous, à lire une fois pour toutes le texte de cette réforme du collège.

En effet, cette réforme avance d'une année, de la quatrième à la cinquième, l'apprentissage de la langue vivante 2, ce qui favorisera toutes les langues vivantes 2, dont l'allemand : 25 % d'heures supplémentaires seront offertes aux collégiens pour cette langue vivante 2. Pour ceux qui ont choisi comme première langue vivante au cours préparatoire une autre langue que l'anglais, par exemple l'allemand, il sera possible d'apprendre l'anglais dès la classe de sixième : c'est une façon de promouvoir la diversité dans le choix des langues vivantes 1 en école primaire.

M. Guy Geoffroy. Cela n'a aucun sens !

M. Céleste Lett. Et les classes européennes ?

M. Claude Goasguen. Ce n'est pas le sujet !

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Pour s'assurer de la réalité de ce choix, le ministère de l'éducation nationale pilotera pour la première fois une carte académique des langues visant à garantir la présence sur l'ensemble du territoire de professeurs d'école susceptibles d'apprendre d'autres langues vivantes que l'anglais dès la classe de CP et jusqu'à la fin de l'école primaire, l'anglais pouvant être enseigné en sixième : c'est une véritable incitation à choisir ces autres langues.

Enfin, madame la députée, puisque je vous sais raisonnable, je vous rappelle qu'à la prochaine rentrée scolaire, nous ouvrirons 515 postes de professeurs d'allemand au concours, contre 200 en 2010. Pourquoi le ferions-nous si nous voulions tuer l'allemand ? (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Soyons donc honnêtes et admettons que cette réforme va dans le bon sens ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

M. Guy Geoffroy. Très mauvais !

Données clés

Auteur : Mme Marie-Jo Zimmermann

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Enseignement secondaire

Ministère interrogé : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche

Ministère répondant : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 6 mai 2015

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