Moyen-Orient
Question de :
Mme Valérie Fourneyron
Seine-Maritime (1re circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain
Question posée en séance, et publiée le 3 juin 2015
LUTTE CONTRE DAECH
M. le président. La parole est à Mme Valérie Fourneyron, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.
Mme Valérie Fourneyron. Monsieur le ministre des affaires étrangères et du développement international, la situation sur le terrain en Irak et en Syrie n'a jamais été aussi fragile et alarmante. Au début de l'année, grâce aux frappes aériennes de la coalition, nous avions entretenu l'espoir de voir refluer les terroristes fanatiques et sanguinaires de Daech. Cependant, le fléau de l'obscurantisme et de la folie meurtrière est reparti à l'offensive. L'aéroport de Syrte en Libye, Ramadi, Palmyre : des verrous stratégiques sont tombés aux mains de l'État islamique qui contrôle désormais un large territoire à cheval sur la Syrie et sur l'Irak. Cette continuité territoriale du califat menace Bagdad à l'ouest, Homs et même Damas à l'est.
Le macabre bilan des exactions de Daech est effarant : des centaines de milliers de morts sur des décombres fumants ; des charniers, comme à Tikrit ; des minorités persécutées ; un patrimoine archéologique inestimable détruit ; des familles jetées sur les routes pour fuir la cruauté délirante des djihadistes.
L'opposition des forces locales pour enrayer cette progression sur le terrain apparaît faible, désorganisée et impuissante à empêcher Daech de prospérer. Le régime de Bachar al-Assad combat le mal par le mal en multipliant les bombardements qui tuent des centaines de civils.
Dans la tourmente, la France continue d'assumer toutes ses responsabilités pour mobiliser la communauté internationale et endiguer la barbarie.
Ce matin s'est tenue à Paris une nouvelle réunion des ministres et des institutions internationales engagés dans la coalition contre Daech. Ce fut l'occasion de faire le point sur notre stratégie commune contre les djihadistes.
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous dire quelles ont été les conclusions de vos discussions ? Comment allons-nous proposer des moyens plus efficaces pour entraver l'avancée de Daech et assécher ses soutiens financiers ? Comment parvenir à des solutions politiques durables pour résoudre la crise irakienne et aboutir à l'émergence d'une Syrie libre et intègre – seules façons de lutter efficacement contre le groupe (Applaudissements sur quelques bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.
M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international. Ce matin, comme je l'ai indiqué en réponse à votre collègue M. Folliot, j'ai coprésidé une réunion internationale sur la lutte contre Daech en présence du Premier ministre irakien. Nous avons dressé un bilan lucide de la situation – car il faut toujours être lucide et sans complaisance.
Il s'est récemment produit des revers qui portent les noms que vous avez cités : Ramadi, Palmyre et d'autres encore. Toutefois, nous avons insisté – sans vouloir enjoliver le tableau – sur le fait que nous savions tous qu'il s'agissait d'un combat de longue haleine. Nous avons donc pris un certain nombre de décisions sur le plan militaire et sur le plan politique.
Sur le plan militaire, tout d'abord, le Premier ministre irakien nous a présenté son plan pour reconquérir la région d'Anbar, et en particulier Ramadi, qui se trouve au nord de Bagdad.
M. Pierre Lellouche. Avant c'était Mossoul, maintenant c'est Ramadi !
M. Laurent Fabius, ministre. Il s'agit d'un plan articulé et très précis dont nous avons discuté avec l'aide des militaires présents, et que nous avons soutenu.
Sur le plan politique, ensuite, le Premier ministre irakien s'est engagé à appliquer les mesures dites inclusives qu'il avait proposées dans le passé mais qui n'ont pas toutes été appliquées – pour dire le moins. Certaines de ces mesures sont absolument indispensables pour que toute la population, à commencer par les sunnites, soutienne le combat. En effet, si les sunnites ont le sentiment que le gouvernement ne protège pas leur communauté, alors ils ne soutiendront pas l'armée et, au contraire, ressentiront une certaine proximité avec Daech, un groupe lui-même sunnite.
Troisièmement, nous avons – c'est tout à fait nouveau – intégré les minorités dans notre plan, et vous verrez des décisions prises sur ce point. Enfin, la directrice générale de l'UNESCO nous a présenté des propositions.
En somme, je crois que cette réunion sans concession a été utile, et notre détermination est absolument entière ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)
M. Marc Le Fur. Et les chrétiens ?
Auteur : Mme Valérie Fourneyron
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Affaires étrangères
Ministère répondant : Affaires étrangères
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 3 juin 2015