Question au Gouvernement n° 3127 :
agriculteurs

14e Législature

Question de : M. Gilles Lurton
Ille-et-Vilaine (7e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 23 juillet 2015


CRISE AGRICOLE

M. le président. La parole est à M. Gilles Lurton, pour le groupe Les Républicains.

M. Gilles Lurton. Saint-Malo, ville hautement fréquentée en cette période de vacances, est bloquée depuis plus de vingt-quatre heures. Savez-vous pourquoi, monsieur le Premier ministre ? Face à l'immense sentiment de mépris de votre gouvernement et au dédain de votre ministre de l'agriculture, les agriculteurs sont aujourd'hui dans la rue.

Je les ai rencontrés hier à Saint-Malo. Leurs questions sont simples. Ils veulent vivre de leur travail. Pourquoi leurs produits sont-ils vendus moins cher que ce qu'ils leur coûtent ? Entre le prix d'achat et celui de vente aux consommateurs, que se passe-t-il ? Où passe l'argent ? À ces questions, vous ne répondez rien !

Monsieur le Premier ministre, vous dénoncez les conséquences de la loi de modernisation de l'économie, mais qu'avez-vous fait depuis trois ans ? (Applaudissements et « Rien ! » sur les bancs du groupe Les Républicains.) Quels sont les résultats de la loi d'avenir sur l'agriculture ? Plutôt une absence de résultats ! Qu'avez-vous fait au niveau européen pour reconquérir les marchés extérieurs et redonner de la compétitivité à notre agriculture ?

Après autant de désintérêt et de désinvolture, alors que la maison brûle, vous annoncez aujourd'hui vingt-quatre mesures pour éteindre le feu : des mesures financières d'urgence, certes, mais que valent 1 000 euros alors qu'une exploitation laitière en perd 4 000 tous les mois ? Des mesures financières, certes, mais quelles mesures structurelles pour l'avenir ? Vous ne faites que reporter les charges. Qu'en sera-t-il à l'automne ? Où sont les mesures de simplification des normes tant promises, alors que vous les avez complexifiées à outrance depuis trois ans !

Monsieur le Premier ministre, avec mes collègues bretons, Isabelle Le Callennec, Thierry Benoit, Marc Le Fur et Philippe Le Ray, nous n'avons cessé de vous alerter sur les particularités des éleveurs et des agriculteurs bretons.

M. Jean-Yves Caullet. Il n'y a pas que les Bretons !

M. Gilles Lurton. Comme eux, nous attendons toujours une réponse. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt.

M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le député, je ne vais pas chercher à répondre sur le même ton que vous, qui insinuez que j'aurais du dédain pour les agriculteurs. (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.) Franchement, s'il y en a qui ont du dédain, ce sont ceux qui sont déjà partis de cette séance où l'on parle d'agriculture, ceux qui, après avoir posé une question ou s'être exprimés dans les médias, ne restent pas à l'Assemblée nationale pour discuter des sujets de fond. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen. – Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)

Plusieurs députés du groupe Les Républicains. Sur vos bancs aussi, il y en a qui sont partis !

M. Stéphane Le Foll, ministre. J'aimerais que l'on arrête ce genre de formule, parce que je n'ai jamais eu de dédain pour les agriculteurs. Au contraire, je les ai toujours considérés et écoutés, et je suis suffisamment proche d'eux pour être respecté et écouté à chacun de mes déplacements. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.) Monsieur le député, évitons donc sur ce sujet de telles formules.

S'agissant de la Bretagne, des questions environnementales, de la simplification, rien n'avait été fait avant notre arrivée. Et quand je dis rien, c'est rien ! Le Premier ministre a rappelé la création de la procédure d'enregistrement…

M. Marc Le Fur. C'est tout petit !

M. Stéphane Le Foll, ministre. …qui simplifie toutes les procédures de mise en route de projets, en particulier dans le domaine porcin, alors que vous aviez été incapables de proposer, voire seulement d'évoquer quoi que ce soit quand vous étiez au gouvernement. Et s'agissant du débat que nous avons eu avec l'Europe sur le contentieux relatif aux zones vulnérables, aujourd'hui, enfin, sur neuf bassins en contentieux depuis plus de dix ans, cinq en sont sortis grâce à l'action que nous avons menée. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)

Monsieur le député, comme on dit en Normandie, quand on monte au pommier, il faut avoir une échelle pour redescendre. (Sourires.) Vu ce que vous avez fait, vous devriez avoir un peu plus de retenue lorsque vous posez vos questions. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen et du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste.)

Données clés

Auteur : M. Gilles Lurton

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Agriculture

Ministère interrogé : Agriculture, agroalimentaire et forêt

Ministère répondant : Agriculture, agroalimentaire et forêt

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 23 juillet 2015

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