détenus
Question de :
M. Olivier Falorni
Charente-Maritime (1re circonscription) - Radical, républicain, démocrate et progressiste
Question posée en séance, et publiée le 14 octobre 2015
RADICALISATION DANS LES PRISONS
Mme la présidente. La parole est à M. Olivier Falorni, pour le groupe radical, républicain, démocrate et progressiste.
M. Olivier Falorni. Madame la ministre de la justice, comme la loi nous le permet, j'ai visité il y a quelques jours la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré, dans ma circonscription.
J'y ai constaté le grand professionnalisme des agents pénitentiaires, à qui je veux rendre hommage car ils assurent eux aussi, au quotidien, la sécurité de nos concitoyens.
Mais j'ai entendu également les fortes préoccupations de ces personnels devant la montée de l'islamisme radical en milieu carcéral et j'ai découvert, dans la cour même de cette prison, un ensemble de préfabriqués baptisé « Casino » qui fait régulièrement office de mosquée clandestine salafiste, malgré la vigilance des surveillants. Cela n'est pas acceptable.
Ce travail des agents est trop souvent parasité, voire décrédibilisé, par des déclarations stupéfiantes, comme celles de la contrôleuse générale des prisons qui prône l'autorisation des portables dans les cellules (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains) ou par des décisions consternantes, comme celles de juges d'application des peines qui confondent permission et permissivité pour des détenus dangereux et radicalisés. (Mêmes mouvements.)
Madame la ministre, devant cette situation, il faut réagir avec fermeté. Cela suppose un régime d'isolement adapté pour les détenus islamistes recruteurs. Cela suppose un véritable service de renseignement pénitentiaire. Cela suppose des unités de prévention et de déradicalisation pour les détenus les plus fragiles psychologiquement.
Madame la ministre, nos prisons ne peuvent pas, ne doivent pas être des pépinières à djihadistes, car c'est la sécurité des Français, de tous les Français, qui est en jeu. (Applaudissements sur les bancs du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste, du groupe de l'Union des démocrates et indépendants et du groupe Les Républicains.)
Mme la présidente. La parole est à Mme la garde des sceaux, ministre de la justice. (Huées sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains.)
On se calme !
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux, ministre de la justice. Merci, madame la présidente.
Monsieur le député, la lutte contre la radicalisation violente est un sujet que nous avons pris au sérieux de façon très rapide (Protestations sur les bancs du groupe Les Républicains),d'abord en organisant la surveillance de détenus particulièrement signalés dès novembre 2012 – surveillance que nous avons intensifiée en juin 2013 avec un plan de sécurisation de 33 millions d'euros, que nous avons intensifiée encore en avril 2014 avec un plan interministériel et que nous avons encore consolidée en janvier 2015.
Nous avons commencé par renforcer le renseignement pénitentiaire dès notre arrivée. Il était composé de 70 agents : aujourd'hui, ils sont 159 et seront 185 l'année prochaine. Il s'agit principalement d'officiers qualifiés.
Nous avons décidé de consacrer près d'un millier d'emplois à la lutte contre la radicalisation violente. Pour faire face à l'augmentation du nombre de procédures, l'autorité judiciaire va bénéficier d'un supplément de 114 magistrats et de 114 greffiers. En outre, nous avons mis en place depuis décembre 2014 un réseau de magistrats référents antiterroristes.
S'agissant de la Pénitentiaire, nous lui consacrons plus de 500 emplois. Parmi eux, nous avons déjà recruté des informaticiens veilleurs et nous avons acquis un logiciel de détection et de contrôle. (Interruptions sur les bancs du groupe Les Républicains.)
M. Jean-Claude Bouchet. Alors là, bravo !
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. Nous avons créé une cellule de veille qui fonctionne 24 heures sur 24. Nous avons également recruté des traducteurs arabophones. Nous avons formalisé nos relations de travail avec l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste – l'UCLAT.
Par ailleurs, nous avons mis en place un vaste plan de formation contre l'emprise sectaire.
Pour la protection judiciaire de la jeunesse, nous avons consacré 169 emplois à la lutte contre la radicalisation violente, avec un plan s'adressant aux personnels tout comme au secteur associatif habilité. Nous avons constitué un réseau de référents en matière de laïcité et de citoyenneté sur l'ensemble du territoire… (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)
Mme la présidente. Mes chers collègues !
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. Vous le voyez, c'est une réponse coordonnée et transversale qui est apportée. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)
Auteur : M. Olivier Falorni
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Système pénitentiaire
Ministère interrogé : Justice
Ministère répondant : Justice
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 14 octobre 2015