Question au Gouvernement n° 3284 :
gouvernement

14e Législature

Question de : M. Christian Jacob
Seine-et-Marne (4e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 4 novembre 2015


VISITE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE À VANDŒUVRE-LÈS-NANCY

Mme la présidente. Nous commençons par une question du groupe Les Républicains. La parole est à M. Christian Jacob.

M. Christian Jacob. Jeudi dernier s'est jouée une scène absolument surréaliste, de laquelle le Président de la République n'est pas sorti grandi, il faut bien le dire. Nous avons découvert avec consternation un tweet de son grand communicant annonçant : « Le Président @fhollande chez Lucette à Vandœuvre ». (« Grotesque ! » sur les bancs du groupe Les Républicains. - « Vous êtes ridicule ! » sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)

Mme Brochet, puisque tel est le nom de cette dame, a donc accueilli chez elle, prétendument à l'improviste, le Président de la République accompagné d'une brochette de ministres et d'élus.

M. Bruno Le Roux. Jaloux !

M. Christian Jacob. Cette visite « à l'improviste » avait été précédée par celle d'agents de l'Elysée chargés d'indiquer à Mme Brochet les questions qu'elle devait poser et celles qu'elle ne devait pas poser. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)

Mme la présidente. Un peu de calme !

M. Christian Jacob. Ensuite, les agents de la mairie socialiste sont venus faire le ménage, fournir les fleurs, le café, les tasses, les soucoupes, jusqu'aux petites cuillères sans doute ! Et le Président de la République était censé découvrir à l'occasion de cette visite inopinée la situation des retraités, et bien sûr s'en émouvoir avec beaucoup de compassion. (« Ignoble ! » sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)

Mais le pot aux roses a été découvert : tout était totalement faux et fabriqué. C'était une opération montée de toutes pièces, préparée jusque dans les moindres détails. (Mêmes mouvements.)

Je vous le dis les yeux dans les yeux, monsieur le Premier ministre (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen) : arrêtez de prendre les Français pour des imbéciles ! (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains.)

La mauvaise farce ne s'arrête pas là. Paniqués comme vous l'êtes à cinq semaines des élections régionales, vous annoncez que vous allez rembourser les impôts locaux payés par des centaines de milliers de retraités, sans aucune base légale pour ce faire.

Monsieur le Premier ministre, vous ne ferez jamais oublier que vous êtes le gouvernement des impôts et des taxes en tous genres. (« Très bien ! » sur les bancs du groupe Les Républicains.) Comment osez-vous dire que les impôts baissent alors que le taux des prélèvements obligatoires ne baisse pas ?

Quand allez-vous comprendre que les Français ne supportent plus vos petites manœuvres et ne vous supportent plus, monsieur le Premier ministre ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains et sur certains bancs du groupe de l'Union des démocrates et indépendants. – Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)

Mme la présidente. Un peu de calme, mes chers collègues : la parole est à M. le Premier ministre.

M. Manuel Valls, Premier ministre. Ce que les Français ne supportent plus, monsieur le président Jacob, c'est votre comportement, et c'est ce type de question. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen et sur certains bancs du groupe écologiste. – Huées sur certains bancs du groupe Les Républicains.)

M. Christian Jacob. Ce n'est pas ce que disent les urnes !

M. Manuel Valls, Premier ministre. La France, comme bien d'autres pays, est confrontée à des défis redoutables : le rendez-vous climatique à Paris, qui doit être un succès – la déclaration commune des deux présidents chinois et français permet de préparer ce rendez-vous.

M. Claude Goasguen. Quel rapport ?

M. Manuel Valls, Premier ministre. La France est confrontée, comme d'autres pays, au défi terroriste, ce qui nécessite de l'action et du sérieux.

M. Bernard Deflesselles. Quel rapport ?

M. Manuel Valls, Premier ministre. La France et l'Europe sont confrontées au défi des réfugiés, qui appelle une action au niveau européen et une politique migratoire maîtrisée.

La France est confrontée bien sûr au défi de la croissance et de l'emploi, et c'est le sens de notre politique.

La France est confrontée depuis des années – et votre responsabilité en la matière est tout à fait écrasante – à des déficits excessifs, à l'endettement que vous nous avez laissé, à un niveau de chômage insupportable pour beaucoup de nos compatriotes, et à un niveau d'imposition lui aussi insupportable.

M. Philippe Meunier. Pourquoi en rajouter alors ?

M. Manuel Valls, Premier ministre. Enfin le niveau du débat public et politique en France est parfois aussi insupportable pour tous ceux qui aiment la République et la démocratie. (« C'était chouette chez Lucette ? » sur les bancs du groupe Les Républicains.)

M. Claude Goasguen. C'est vous qui le tirez vers le bas !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Chacun son rôle, monsieur le président Jacob. Nous, nous gouvernons et nous continuerons à le faire jusqu'au bout, dans l'intérêt des Français ; à l'opposition d'être sérieuse et à la hauteur de ses responsabilités, plutôt que d'être dans l'anecdote,…

M. Claude Goasguen. Pourquoi aller chez Lucette alors ?

M. Christian Jacob. Vous êtes ridicule !

M. Manuel Valls, Premier ministre. …dans l'attaque stérile, dans la proposition absurde, comme Nicolas Sarkozy, dans le spectacle pitoyable que vous donnez au Français. (« Chez Lucette ! Chez Lucette ! » sur les bancs du groupe Les Républicains.)

M. Claude Goasguen. C'est le spectacle que vous nous servez qui est pitoyable !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Soyons à la hauteur de l'attente de nos compatriotes, à celle d'un grand pays comme le nôtre. Dans ce domaine, monsieur Jacob, vous avez décidément encore quelques efforts à faire. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen et sur certains bancs du groupe écologiste. – Huées sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains.)

M. Philippe Meunier. Lucette reviens, ils sont devenus fous !

Données clés

Auteur : M. Christian Jacob

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : État

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 4 novembre 2015

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