Question au Gouvernement n° 3397 :
Russie

14e Législature

Question de : M. Gérard Menuel
Aube (3e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 2 décembre 2015


RELATIONS AVEC LA RUSSIE

Mme la présidente. La parole est à M. Gérard Menuel, pour le groupe Les Républicains.

M. Gérard Menuel. Monsieur le Premier ministre, ces dernières semaines ont été chargées en matière de politique étrangère, tellement chargées que nous avons assisté à de nombreux revirements : le plus marquant est le nouveau rapprochement avec la Russie. Le Président de la République et votre gouvernement refusaient en effet jusqu'ici toute coopération avec ce pays sur le plan international. Votre intransigeance a ainsi notamment coûté à notre pays plusieurs centaines de millions d'euros rien que dans l'affaire des frégates Mistral. Mais la donne a changé : dorénavant, touchés par le terrorisme, nos deux pays ouvrent un nouveau chapitre dans leur relation bilatérale. La guerre déclarée contre l'ennemi absolu, l'État Islamique, nous oblige à revoir notre politique internationale.

Pourtant, monsieur le Premier ministre, cela fait des mois que nous vous demandions d'apaiser les relations avec la Russie. Aujourd'hui, le Président de la République l'a dit, et vous aussi : nous sommes en guerre. Celle-ci ne peut être gagnée sans une grande coalition regroupant des pays occidentaux, la Russie, l'Iran et des pays du Moyen-Orient.

Mais la politique que vous avez menée jusqu'ici n'a pas eu des conséquences qu'au niveau de la vente des Mistral, elle en a eues aussi sur nos agriculteurs. En effet, la Russie, en réponse à votre politique intransigeante, a imposé un embargo sur nos produits agricoles. Nos agriculteurs, plus que tous les autres agriculteurs européens, en souffrent. Ils ont été touchés de plein fouet par ces décisions.

La semaine dernière, mon collègue Axel Poniatowski vous avait déjà posé une question similaire, à laquelle vous n'aviez pas répondu. Maintenant que nos deux pays se rapprochent enfin, allez-vous être cohérent en levant les sanctions économiques à l'égard de la Russie et permettre ainsi à nos agriculteurs de restaurer leurs échanges commerciaux avec ce pays ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains et sur plusieurs bancs du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

Mme la présidente. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger.

M. Matthias Fekl, secrétaire d'État chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger. Monsieur le député, il faut suivre de près la politique étrangère de la France (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains),…

Un député du groupe Les Républicains. On essaye !

M. Matthias Fekl, secrétaire d'État. … et en faisant donc une analyse honnête, on constate que nous échangeons avec la Russie depuis de longs mois et même depuis de longues années : c'est vrai sur le nucléaire iranien, où nous avons négocié en permanence avec la Russie ; c'est vrai sur la question de la crise ukrainienne, où le Président de la République, avec d'autres, a été à l'initiative du « format Normandie » qui inclut la Russie dans les négociations ; c'est vrai aussi pour la Syrie puisque nous sommes depuis longtemps demandeurs d'une coordination de notre action militaire contre Daech, mais à condition que ce soit bien cette organisation qui soit effectivement visée, ce qui n'est pas encore le cas dans la politique de la Russie.

Nous pensons que les événements récents peuvent conduire à un changement à Moscou. Mais, vous le voyez, monsieur le député, contrairement à ce que vous laissez entendre, les sanctions ne tombent pas du ciel ; elles s'inscrivent dans un contexte politique très particulier : le processus de Minsk et la coordination avec nos vingt-sept partenaires de l’Union européenne sur le sujet. Ce n'est que dans ce cadre que les sanctions pourront être levées.

Nous savons par ailleurs parfaitement que ces sanctions ont un impact très fort sur certains secteurs industriels et agricoles, ainsi que sur des régions. En matière agricole, même dans les temps les plus favorables, la Russie ne représentait qu'un peu plus de 1 % des exportations de notre pays. Mais ces exportations n'en ont pas moins une grande importance pour ceux qui sont concernés. C'est pourquoi je mène, avec Stéphane Le Foll, une diplomatie des terroirs pour ouvrir de nouveaux marchés, obtenir des agréments et trouver ensuite d'autres débouchés. (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)

Diplomatie des terroirs, diplomatie économique et diplomatie politique vont ensemble. C'est la seule manière dont un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU peut travailler sur ce sujet. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)

Données clés

Auteur : M. Gérard Menuel

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Commerce extérieur, tourisme et Français de l'étranger

Ministère répondant : Commerce extérieur, tourisme et Français de l'étranger

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 2 décembre 2015

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