politique de l'emploi
Question de :
M. Jean-Christophe Fromantin
Hauts-de-Seine (6e circonscription) - Union des démocrates et indépendants
Question posée en séance, et publiée le 29 novembre 2012
CRÉDIBILITÉ DE LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE
M. le président. La parole est à M. Jean-Christophe Fromantin, pour le groupe Union des démocrates et indépendants.M. Jean-Christophe Fromantin. Monsieur le Premier ministre, vous évoquiez il y a quelques minutes l'emploi et la confiance. Or hier, ici même, quand Jean-Louis Borloo vous a demandé les chiffres du chômage, vous n'avez pas répondu, et on ne les a appris qu'en lisant la presse.
Comment peut-on dès lors, dans cette enceinte, être dans le climat de confiance que vous appelez de vos voeux à propos des chiffres du chômage ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UDI et sur de nombreux bancs du groupe UMP.) Comment, monsieur le Premier ministre, pourrions-nous retrouver un esprit de confiance quand les chiffres encore avancés pour les perspectives de croissance en 2013 sont aujourd'hui contestés par les économistes, qui disent : " Non, la France n'aura pas le taux de croissance annoncé, mais un taux de croissance plus proche de zéro l'année prochaine. " Comment retrouver cet esprit de confiance quand les entreprises sont maintenant depuis des semaines, en raison de la loi de finances, dans le viseur de votre gouvernement et que ce sont des mouvements comme celui des pigeons qui, au dernier moment, arrivent à faire modifier un article et à donner ainsi un peu d'oxygène à nos entreprises, les seules à pouvoir recréer une dynamique d emploi et d'activité, une dynamique économique ? Enfin, monsieur le Premier ministre, comment redonner une perspective de confiance à la population, à tous ceux qui nous regardent, et qui, avec 1 500 chômeurs de plus chaque jour, vivent dans l'angoisse du chômage pour les uns, dans l'angoisse du déclassement pour d'autres, alors que plus des deux tiers des Français l'ont aujourd'hui perdue ?
Je vous renvoie à la lecture du livre d'Alain Peyrefitte, La société de confiance, dans lequel il avait repris les grands modèles économiques et en avait conclu que c'est la transparence qui donne une perspective de confiance, une dynamique économique, une dynamique d'emploi. Aujourd'hui, le chômage est en France pour 40 % un chômage de longue durée, c'est-à-dire structurel. Ce sont des réformes de fond, pas des réformes de circonstance, qu'il faut impulser, de véritables réformes qui engagent la France, qui lui redonne un avenir.
Mme Laure de La Raudière. Très juste !
M. Jean-Christophe Fromantin. Ce n'est pas le cas des emplois d'avenir. Il faudrait des réformes bien plus courageuses. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDI et sur de nombreux bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.
M. Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. Monsieur Fromantin, tout d'abord, un petit point de méthode qui ne devrait pas échapper à celui qui, juste à côté de vous, a été ministre du travail et de l'emploi : les chiffres du chômage sont élaborés non pas - heureusement - par le ministre, mais par un organisme indépendant, l'INSEE, et par la DARES, qui obéissent à des règles déontologiques que je respecte comme d'autres avant moi les ont respectées. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe SRC.)
M. Michel Herbillon. Et alors ?
M. Michel Sapin, ministre. Deuxièmement et sur le fond : la question du chômage est la question centrale, et nous devrions nous retrouver sur ce point-là parce que vous savez de quoi il s'agit. Je vous rappelle qu'il y a dix-huit mois que l'accélération a repris et qu'il y a eu un million de chômeurs de plus lors des cinq dernières années. Quand on a connu une situation de cette nature, on commence par être modeste (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe SRC) : modeste dans l'appréciation de l'action du Gouvernement parce que modeste dans l'appréciation de ce que l'on a fait ou pas fait. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur de nombreux bancs des groupes écologiste et RRDP. - Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Pour le reste, monsieur le député, je suis d'accord avec vous sur un point : quand on se bat contre le chômage et pour l'emploi, on n'utilise pas une seule mesure. Oui, les emplois d'avenir, c'est tellement nécessaire que vous-même et votre groupe les avez votés ! Et nous les mettons en oeuvre en l'espace de quelques semaines ! Oui, le contrat de génération, qui va être présenté ici est tellement nécessaire que j'espère qu'il va être voté très largement sur vos bancs ! Oui, il faut aussi des réformes de structures, des réformes en profondeur : c'est le crédit d'impôt, à propos duquel nous verrons dans quel sens vous et vos collègues vous prononcerez. Quand le Président de la République, le Premier ministre et le Gouvernement se battent au niveau de l'Europe pour la réorienter vers la croissance (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP), pour la stabiliser et lui redonner de la confiance, c'est aussi sur le front du chômage qu'ils se battent. La bataille contre le chômage et pour l'emploi, c'est une bataille de tous les instants, de tous les ministres, de tout le Gouvernement. Vous avez échoué sur ce front. Nous réussirons ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)
Auteur : M. Jean-Christophe Fromantin
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Emploi
Ministère interrogé : Travail, emploi, formation professionnelle et dialogue social
Ministère répondant : Travail, emploi, formation professionnelle et dialogue social
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 29 novembre 2012