Question au Gouvernement n° 4453 :
Cuba

14e Législature

Question de : M. Damien Abad
Ain (5e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 8 décembre 2016


POSITION DE LA FRANCE SUR LE RÉGIME CUBAIN

M. le président. La parole est à M. Damien Abad, pour le groupe Les Républicains.

M. Damien Abad. Monsieur le Premier ministre, les déclarations tragi-comiques sur Fidel Castro et le régime de Cuba de celle qui est désormais votre ministre de l'écologie sont le symbole de la déliquescence d'un pouvoir socialiste à la dérive. Aller rendre hommage à Fidel Castro est déjà, en soi, une faute de goût qu'aucun autre pays européen que la France n'a commise, à l'exception de la Grèce.

Mais au lieu de faire profil bas, madame la ministre de l'écologie, vous avez encensé le régime de l'un des derniers dictateurs staliniens, contre toute évidence et en toute indécence. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

M. Jean-Jacques Candelier. C'est faux !

M. Damien Abad. Cette faute de goût s'est transformée en faute morale car vous avez trahi la mémoire des victimes de l'oppression du régime cubain. Cette faute morale, enfin, est aussi une faute politique, parce que vous avez abaissé la parole de la France en tenant des propos complaisants sur cette dictature.

M. André Chassaigne. Parlez-nous de Batista !

M. Damien Abad. Comment pouvez-vous prétendre qu'il y a de la désinformation sur la réalité des droits de l'homme à Cuba, alors qu'y règnent la censure et la répression ? Que dites-vous à ces centaines de prisonniers politiques ? Comment pouvez-vous déclarer que les Cubains ont une liberté religieuse et de conscience, alors même qu'Amnesty International dresse un bilan accablant sur les libertés fondamentales ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains et plusieurs bancs du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

M. Pierre-Yves Le Borgn'. Très bien.

M. Guy Teissier. C'est honteux !

M. Jean-Jacques Candelier. C'est faux !

M. Damien Abad. Madame la ministre, la castritude aiguë, ça se soigne ! (Sourires sur les bancs du groupe Les Républicains.) Contrairement à ce que vous avez déclaré, ce n'est pas la polémique qui est déplacée, ce sont vos propos !

Madame la ministre, vous avez tenu ces propos au nom du gouvernement Valls. Ma question est simple, monsieur le Premier ministre : la confirmation dans ses fonctions de Mme Royal signifie-t-elle que le Président de la République et vous-même approuvez ses déclarations scandaleuses, qui abîment encore un peu plus l'image de la France à l'international ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l’environnement, de l’énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat. (Huées sur les bancs du groupe Les Républicains.)

On écoute la réponse de Mme la ministre !

Plusieurs députés du groupe Les Républicains. La question s'adressait au Premier ministre !

Mme Ségolène Royal, ministre de l’environnement, de l’énergie et de la mer, chargé des relations internationales sur le climat. Je peux y répondre moi-même. Un peu de liberté d'expression, s'il vous plaît ! (Vives exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

Comme à Cuba ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain. – Exclamations persistantes sur les bancs du groupe Les Républicains et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

M. le président. Mes chers collègues, monsieur Cochet, écoutez donc la réponse de Mme la ministre !

Mme Ségolène Royal, ministre. Monsieur le député, je vous remercie de votre question qui me donne l'occasion de répondre à cette polémique. Je n'ai pas voulu, ni pu y répondre jusqu'à présent, car je respecte le temps des funérailles auxquelles je me suis rendu et pour lesquelles de centaines de milliers de Cubains se sont rassemblés. (Rires sur les bancs du groupe Les Républicains et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

M. le président. S'il vous plaît…

Mme Ségolène Royal, ministre. Je ne vous cache pas que la violence de cette polémique m'a surprise, et qu'elle a blessé les Cubains. (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

M. Pierre Lellouche. Ce n'est pas la violence de la polémique qui est la plus grave, c'est celle du régime de Fidel Castro !

Mme Ségolène Royal, ministre. Je l'ai dit et je le répète : c'est aux historiens de faire le bilan de cette histoire, avec sa part d'ombre et sa part de lumière. Je me suis exprimée sur la situation actuelle d'un pays magnifique et courageux…

M. Guy Teissier. Et misérable !

Mme Ségolène Royal, ministre. …qui est en train de s'ouvrir. Il reçoit 4 millions de visiteurs, de touristes, chaque année. Vous n'allez pas me dire que 4 millions de personnes se rendent dans une dictature, monsieur le député, ce n'est pas vrai ! (Mêmes mouvements.)

M. le président. S'il vous plaît ! Monsieur Lellouche !

M. Jean-Jacques Candelier. C'est scandaleux !

Mme Ségolène Royal, ministre. Nous devons aujourd'hui accompagner l'ouverture de ce pays, comme le font de grandes entreprises françaises, qui ont été consternées par cette polémique. Ou alors il faudra m'expliquer, monsieur le député, pourquoi vous n'agressez pas de la même façon le pape, qui s'est rendu deux fois à Cuba et a rencontré personnellement Fidel Castro, de même que ses deux prédécesseurs. (Les exclamations couvrent la voix de la ministre.)

L'ambassadeur de France à Cuba, nommé par Nicolas Sarkozy en 2010, a déclaré qu'il n'y a plus de condamné détenu pour motif politique à Cuba, et qu'il faut cesser de caricaturer cet État. Je vous en prie, construisons positivement l'avenir de ce pays, renforçons les relations entre la France, l’Union européenne et Cuba. Le 14 décembre prochain sera signé un accord de coopération entre l'Union européenne et Cuba et je m'en réjouis profondément. (Huées sur les bancs du groupe Les Républicains et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

M. le président. S'il vous plaît ! Vous savez bien ce que provoque, chez ceux qui nous regardent, ce genre de réaction ! Vous avez pu poser votre question, Mme la ministre a pu y répondre. Chacun a pu mesurer le contenu et de la question et de la réponse. Ne vous en faites pas, les électeurs savent voir et entendre !

Données clés

Auteur : M. Damien Abad

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Environnement, énergie et mer

Ministère répondant : Environnement, énergie et mer

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 8 décembre 2016

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