Question au Gouvernement n° 4668 :
États membres

14e Législature

Question de : M. Arnaud Richard
Yvelines (7e circonscription) - Union des démocrates et indépendants

Question posée en séance, et publiée le 15 février 2017


AVENIR DE L'UNION EUROPÉENNE

M. le président. La parole est à M. Arnaud Richard, pour le groupe de l'Union des démocrates et indépendants.

M. Arnaud Richard. Monsieur le Premier ministre, ma famille politique a forgé la nation, elle a bâti l'Europe, elle a installé la République et l'a toujours défendue quand elle était menacée. Aujourd'hui, l'esprit de démission a gagné les institutions européennes. Jean-Claude Juncker vient de livrer une vision extrêmement pessimiste de l'avenir de l'Europe, prédisant son impuissance et sa division, tétanisée par la tragédie continentale du Brexit, fustigeant la lâcheté de celles et ceux qui en font – pardonnez-moi le jeu de mots – le « bouc hémisphère » de leurs vicissitudes nationales. Comment ne pas l'entendre, alors que la défiance des peuples à l'égard de l'Europe n'a jamais été aussi importante ?

Faute de politique migratoire commune, les valeurs européennes sont étouffées. Faute de cadres économiques et sociaux communs, nos entreprises sont soumises aux pires travers de la mondialisation. Faute d'une défense commune, nous serons, sans doute, les marches fragiles d'empires en mal de nouvelles conquêtes territoriales.

Le Brexit, qui aurait dû, qui aurait pu permettre de refonder l'Europe, accélère sa division et l'affaiblit. Les déclarations agressives du nouveau locataire de la Maison-Blanche n'ont malheureusement créé aucun électrochoc européen. Nous n'avons pas le droit, chers collègues, de laisser notre projet européen ainsi péricliter. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.) L'Europe seule peut protéger nos frontières, garantir la paix, lutter contre la menace terroriste, soutenir l'investissement et l'innovation et permettre de renouer avec la prospérité.

Aussi, monsieur le Premier ministre, partagez-vous ce terrible aveu d'échec de Jean-Claude Juncker ? Quelles initiatives vraiment fortes la France compte-elle prendre après de telles déclarations ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.

M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.

M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international. Monsieur le député, je ne partage pas vos derniers mots. M. le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a dit qu'il ne se représenterait pas en 2019. Nous sommes au début de l'année 2017 ! En revanche, vous avez affirmé des principes que je peux facilement partager. Tout le chemin parcouru, du point de vue de l'intérêt de la France, du point de vue de la paix, de la sécurité et de la prospérité, je me le rappelle à chaque fois que je traverse le salon de l'Horloge au Quai d’Orsay.

Ce chemin parcouru, depuis l'appel de Robert Schuman, le 9 mai 1950, qui a permis la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier et le début de la réconciliation franco-allemande, depuis le 25 mars 1957, autre grande date, celle du traité de Rome, dont nous fêterons le soixantième anniversaire, nous avons le devoir de le mesurer et de ne pas prendre le risque de laisser s'affaiblir et se déliter ce qui a permis de nous défendre et de mieux nous protéger.

Vous avez raison de le dire : l'Europe est face à son destin. Elle affronte plusieurs menaces. Le Brexit risque de la conduire à se diviser. Or, l'essentiel dans cette période de négociations, c'est sa cohésion et sa solidarité. Des menaces viennent d'ailleurs. Je pense aux déclarations récentes du président américain, qui n'aime pas l'Europe et demande quand sera le prochain Brexit. Là non plus, il ne faut pas se laisser faire. Certaines menaces sont également intérieures, celles de tous les mouvements populistes qui exploitent les peurs.

Mme Claude Greff. On sait tout ça !

M. Jean-Marc Ayrault, ministre. C'est maintenant que l'Europe doit se ressaisir ! La France est à l'initiative, en particulier dans la relation franco-allemande. C'est le moment, pour tous ceux qui le souhaitent, et il me semble que c'est votre cas, de se mobiliser. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)

Données clés

Auteur : M. Arnaud Richard

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Union européenne

Ministère interrogé : Affaires étrangères

Ministère répondant : Affaires étrangères

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 15 février 2017

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