réforme
Question de :
Mme Dominique Nachury
Rhône (4e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 13 mars 2013
REFONDATION DE L'ÉCOLE
M. le président. La parole est à Mme Dominique Nachury, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.Mme Dominique Nachury. Ma question, qui s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, concerne le projet de loi sur l'école.
Monsieur le ministre, vous nous annoncez depuis des mois une refondation de l'école de la République.
M. Guy Geoffroy. Tu parles !
Mme Dominique Nachury. Force est de constater, alors que nous commençons cette semaine à discuter de votre projet de loi, qu'il est loin de répondre aux attentes des acteurs de l'éducation - parents, éducateurs et enseignants. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
Mme Laurence Dumont. Pas vous ! Pas ça !
Mme Dominique Nachury. Plus de devoirs à la maison, plus de notes, plus de redoublement ; rien sur le statut des enseignants et leurs obligations de services ; rien non plus sur le nécessaire retour aux fondamentaux pour lutter contre l'échec scolaire. (Nouvelles exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
À côté de cela, vous désorganisez le temps scolaire et mettez les communes devant une équation insoluble. D'ici à la fin mars, les communes auront dû choisir entre l'application à la rentrée scolaire 2013 et le report à la rentrée 2014 de la semaine de quatre jours et demi.
Dans le Rhône, dont je suis l'élue, il y a un très large rejet de l'application de votre réforme à la rentrée 2013. La ville de Lyon - alors même que son adjoint aux affaires scolaires était un ardent défenseur des quatre jours et demi au niveau national - ainsi que la majorité des grandes villes de l'agglomération lyonnaise ont donc opté pour l'an prochain.
Les raisons évoquées sont le coût pour le budget de la collectivité - Lyon l'estime à 5 millions d'euros la première année, 7 millions la deuxième et 8 millions la troisième -, la difficulté d'organiser le temps périscolaire et l'absence de consensus entre parents, enseignants, personnels municipaux et associations.
Quelle déception, monsieur le ministre ! Notre école et nos enfants méritaient mieux. Vous nous avez habitués à de belles envolées lyriques dans cet hémicycle, mais nous attendons des réponses concrètes. Quand allez-vous admettre que cette réforme est mal conçue ? Quand allez-vous revenir sur les textes mal ficelés qui la portent ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale.
Plusieurs députés du groupe UMP. Et du cannabis !
M. Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale. Madame la députée, comme vous le voyez, il y a là, dans cet hémicycle un tableau qui y a été installé au moment où la République s'est instaurée et qui reproduit L'École d'Athènes. Mais peut-être l'ignorez-vous. (Vives exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
M. Bernard Accoyer. C'est scandaleux !
M. Guy Geoffroy. Honteux !
M. Vincent Peillon, ministre. Cela appelle à une certaine exigence intellectuelle dont vous n'avez pas fait preuve à l'instant. (Vives protestations sur les bancs du groupe UMP.)
L'école de la République mérite d'être refondée. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.) Cela suppose d'accorder la priorité au primaire. C'est ce que fait le projet de loi de refondation de l'école de la République. Nos enfants ont besoin de pouvoir apprendre à lire, écrire, compter et, pour cela, que l'on mette en face d'eux des maîtres et des maîtresses. (Les protestations se poursuivent sur les bancs du groupe UMP.)
Ils ont également besoin que ces maîtres et ces maîtresses soient formés. Vous avez - peut-être vous en souvenez-vous ? - supprimé la formation des enseignants ; nous la rétablissons. (Même mouvement.)
Ils ont besoin aussi de temps pour apprendre. Ce temps leur a été dérobé par une réforme subreptice qui a amené la semaine de quatre jours. Pour la première fois peut-être, tous ceux qui connaissent l'école peuvent se rassembler autour de priorités que nous avons choisies comme étant consensuelles.
L'ensemble des groupes de cette assemblée, qui ont commencé un débat dans lequel vous étiez d'ailleurs absente, madame Nachury - cela ne vous honore pas - (Tumulte et claquements de pupitres sur les bancs du groupe UMP. - Applaudissements sur les bancs du groupe SRC) - ont convenu qu'il fallait premièrement donner cette priorité au primaire, deuxièmement travailler sur la formation, troisièmement procéder à la modification des rythmes, quatrièmement revoir l'orientation.
Si vous cherchez l'intérêt des élèves de France, force est de constater que vous ne l'avez pas montré pendant dix ans. (Nouvelles protestations sur les bancs du groupe UMP, dont de nombreux membres scandent : " Démission ! Démission ! ")
M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues, on retrouve son calme !
M. Vincent Peillon, ministre. Je vous tends la main autour d'une oeuvre patriotique à laquelle je vous appelle. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, dont un certain nombre de membres se lèvent, et sur de nombreux bancs des groupes écologiste, RRDP et GDR. - Protestations continues sur les bancs du groupe UMP.)
M. Michel Herbillon. Voyou !
Auteur : Mme Dominique Nachury
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Enseignement
Ministère interrogé : Éducation nationale
Ministère répondant : Éducation nationale
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 13 mars 2013