sécurité des biens et des personnes
Question de :
M. Guy Teissier
Bouches-du-Rhône (6e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 20 mars 2013
VIOLENCES À MARSEILLE
M. le président. La parole est à M. Guy Teissier, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.M. Guy Teissier. Monsieur le ministre de l'intérieur, une semaine et six morts nous séparent de l'intervention de ma collègue Valérie Boyer - que j'associe d'ailleurs à ma question - sur la violence à Marseille et de votre réponse distanciée, pour ne pas dire arrogante, ton que vous affectez séance après séance.
À l'occasion d'un déplacement à Marseille, M. le Premier ministre avait déclaré qu'il ferait de cette ville une priorité. Vous êtes, pour votre part, venu six fois et vous avez déclaré que vous aviez la volonté farouche de pacifier Marseille. Au-delà des grands mots, qu'en est-il ?
La spirale de la violence s'intensifie, on assiste impuissants à des règlements de compte entre narcotrafiquants, des commerçants sont bannis de leur quartier et, ce matin encore, une prise d'otage s'est soldée par une victime innocente. On ne peut que constater tristement l'échec de votre politique. Ce ne sont pas les 200 gendarmes et CRS que vous avez envoyés récemment, lesquels regagneront d'ailleurs très vite leur caserne, qui arriveront à faire taire la mélopée des Kalachnikov.
Monsieur le ministre, je vous le dis : malgré la volonté qui vous anime, vous échouez, et vous échouerez encore parce que vous avez décidé de concentrer vos efforts sur les quartiers Nord et pas sur l'ensemble de cette ville. Votre réponse n'est ni globale ni équitable. Vous échouerez parce que vous et vos collègues ne voulez pas tirer les leçons d'une politique d'assistanat qui a corrompu le pacte social, le sens de l'effort et la responsabilité individuelle. Vous échouerez parce que vous dites avoir déclaré la guerre aux trafiquants de drogue pendant que certains de vos collègues plaident publiquement ici en faveur de la dépénalisation du cannabis. (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe SRC.) Vous échouerez parce que face à une criminalité nouvelle, enkystée au plus profond de certaines banlieues, il faudrait apporter de nouvelles solutions, doter la police d'un service unique ; bref il faut changer de stratégie. Cette tragique réalité exige enfin un traitement à la hauteur, c'est-à-dire une tolérance zéro !
Monsieur le ministre, si vous ne voulez pas rester le ministre de la parole, vous devez convaincre votre collègue, la ministre de la justice, d'abandonner son credo permissif ! (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Manuel Valls, ministre de l'intérieur. Monsieur Guy Teissier, Marseille est malade de la violence. Elle est malade aussi de la pauvreté, et de l'abandon, depuis des années, des pouvoirs publics. (" Eh oui ! " sur divers sur les bancs des groupes SRC et écologiste. - Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Des quartiers de Marseille ont été abandonnés et la violence, pas seulement depuis quelques mois mais depuis des années, avec son lot de morts et de trafics de drogue, est malheureusement présente. Ce gouvernement a décidé de faire de Marseille une priorité. C'est difficile et ce sera long. Des moyens supplémentaires ont déjà été mis en place : 220 policiers et gendarmes. J'ai décidé d'appuyer de manière durable la stratégie d'occupation du terrain, depuis plusieurs jours, par des CRS et des gendarmes mobiles : ils resteront longtemps. Le Gouvernement a décidé de créer des zones de sécurité prioritaire dans les quartiers Nord et dans les quartiers Sud, et de poursuivre le travail entamé en centre-ville. Je me réjouis qu'enfin, même si cela a été bien tardif, la municipalité de Marseille ait lancé la modernisation de sa police municipale et mis en oeuvre la vidéoprotection.
J'ai déjà lancé un appel pour combattre la violence et la drogue, laquelle tue aussi. Il nous faut un pacte, au-delà des mots, des polémiques et de l'absurdité de vos propositions (Exclamations sur les bancs du groupe UMP), entre les élus locaux de tous bords et l'État pour combattre cette pauvreté et pour attaquer la violence qui est enracinée dans la société marseillaise.
Monsieur le député, je vous le dis : travaillez avec Jean-Claude Gaudin et avec le préfet Bonnetain plutôt que de participer aux divisions au sein de votre camp ou entre la droite et la gauche dans cette ville. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.) Que chacun prenne ses responsabilités : Marseille a été abandonnée ; l'État, aujourd'hui, fait de Marseille une priorité et luttera de manière acharnée contre cette violence, malgré vous ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs des groupes RRDP et écologiste.)
Auteur : M. Guy Teissier
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Sécurité publique
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 20 mars 2013