Question au Gouvernement n° 797 :
perspectives

14e Législature

Question de : M. François Brottes
Isère (5e circonscription) - Socialiste, républicain et citoyen

Question posée en séance, et publiée le 24 avril 2013

STRATÉGIE ÉCONOMIQUE

M. le président. La parole est à M. François Brottes, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.
M. François Brottes. Monsieur le Premier ministre, lorsqu'un commentateur sportif analyse le jeu d'une équipe, il ne se contente pas de parler seulement de la couleur du maillot, de la taille des crampons, de la tactique envisagée, de la santé ou du tatouage des joueurs, ou encore de l'enthousiasme des supporters. En fait, il parle de tout. Il sait que c'est l'ensemble qui compte, et qui permet de jouer la gagne.
Monsieur le Premier ministre, sous l'impulsion du Président de la République, vous êtes le capitaine de l'équipe de France de la croissance à venir et de l'emploi à retrouver. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe UMP. - Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)
Le terrain est difficile. Les vents contraires sont puissants. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Les supporters encouragent trop souvent les adversaires. Et les commentateurs s'intéressent plus à ce qui se passe dans les vestiaires qu'à ce qui se déroule sur le terrain ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Mais notre majorité construit, loi après loi, les alternatives. Bien sûr, chaque mesure prise isolément ne peut faire le match à elle seule. Mais tous les commentateurs n'ont pas le talent des journalistes sportifs pour faire une analyse complète. Il y a un cap, une cohérence. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Ceux qui en doutent encore doivent retrouver le chemin de la bonne foi et sortir des vestiaires. (Mêmes mouvements.)
M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues !
M. François Brottes. Monsieur le Premier ministre, votre action forge les atouts. Je veux citer le financement du temps long pour l'industrie,...
M. Sylvain Berrios. Barjot !
M. François Brottes. ...l'entrée des jeunes dans l'emploi, la valorisation de l'expérience des seniors, la lutte contre l'héritage de la dette qui a plombé nos marges de manoeuvre (Exclamations sur les bancs du groupe UMP - Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC),...
M. Philippe Cochet. Carton rouge !
M. François Brottes. ...la mise en oeuvre d'une stratégie nationale de l'innovation filière par filière pour nos PME, l'obsession de trouver des repreneurs plutôt que de subir l'infinie désespérance des plans sociaux, la baisse des charges des entreprises pour retrouver la compétitivité à l'export, mais aussi la priorité donnée à ceux qui investissent dans l'économie réelle et la pénalisation de ceux qui jouent au yo-yo de la spéculation. Déjà tout cela, monsieur le Premier ministre !
Mais le brouhaha de l'intolérance et des égoïsmes...
M. le président. Merci, monsieur Brottes !
M. François Brottes. ...l'actualité médiatique qui vit du zapping...
Plusieurs députés du groupe UMP. C'est fini !
M. Julien Aubert. Coupez-le !
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, monsieur le président François Brottes, je pourrais moi aussi poursuivre la métaphore sportive. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
M. Sébastien Huyghe. Allô !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Vous connaissez mon attachement au beau jeu, au jeu collectif.
Plusieurs députés du groupe UMP. Ce n'est pas le cas !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Certains parleraient de jeu à la nantaise. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP. - Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)
Mais j'arrêterai là la métaphore, parce que je veux nous ramener au réel, car seul compte le réel.
M. Yves Fromion. Où sont les supporters ?
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Mesdames et messieurs les députés, ne nous racontons pas d'histoires. Nous avons trouvé un pays plongé dans une crise d'une exceptionnelle gravité. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
M. Olivier Audibert-Troin. Vous dites toujours la même chose !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Je sais la situation du peuple français. Je connais son inquiétude et la dureté de ce qu'il vit. La crise, c'est d'abord et avant tout un mot-clé : c'est le chômage de masse dont la progression est ininterrompue depuis plus de cinq ans. Voilà la réalité que vivent nos compatriotes !
M. Sébastien Huyghe. C'est de la brasse coulée !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. J'en connais le coût pour les familles françaises, ainsi que la peur de ceux qui se demandent quel est l'avenir de la France.
M. Philippe Gosselin. Ça, on se le demande !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Mon devoir et celui de mon gouvernement, depuis le premier jour où le Président de la République m'a confié cette mission et où le Parlement m'a donné sa confiance, a été de répondre à cette angoisse par l'action. C'est ce que nous faisons, mesdames et messieurs les députés.
M. Philippe Meunier. On dirait du Cahuzac !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Aujourd'hui, je ne veux pas seulement incarner un pouvoir des mots. Je veux incarner devant cette assemblée un pouvoir en actes. Quels actes, me direz-vous ? Qu'avons-nous réussi, si nous voulons, malgré la multiplicité des mesures qui ont été prises, nous concentrer sur l'essentiel ? Je ne citerai que trois actes.
Nous avons sauvé l'euro alors que tout le monde n'en donnait pas cher. Si nous ne l'avions pas fait, nous aurions connu la catastrophe et la pénurie en Europe. (De nombreux députés du groupe UMP brandissent leur carte de vote tournée du côté rouge.)
M. le président. Allons, je vous en prie, mes chers collègues !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. C'est le premier acte politique du Président de la République, que nous avons réussi.
Nous avons aussi choisi le sérieux budgétaire. Je dis bien " choisi ", parce que nous avons choisi la souveraineté. (Mêmes mouvements.) Nous avons choisi l'indépendance de la France et nous avons refusé l'austérité que certains, sur ces bancs, veulent pratiquer les députés de l'opposition. (" Carton rouge ! " sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. Mes chers collègues, calmez-vous : on a compris !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Qui a dit ce matin qu'il fallait maintenant travailler trente-neuf heures payées trente-cinq ? C'est vous qui l'avez dit, mesdames et messieurs de l'opposition ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Croyez-vous qu'une telle mesure permettrait au pays de s'en sortir ? Nous refusons l'austérité, parce qu'elle engendrerait encore plus de chômage, de misère et d'inégalités. Nous avons fait le choix du retour de la croissance.
Pendant un an, nous avons forgé ensemble les armes pour la bataille de l'emploi et de la compétitivité. Des armes, oui ! Ces armes sont prêtes : à présent, la bataille peut prendre toute son ampleur. Nous avons passé un an pour préparer et engager l'offensive ; nous disposerons de quatre ans pour la réussir et la gagner ensemble.
Je vous invite à cette bataille. Nous l'avons engagée avec un handicap d'une décennie de retard, une décennie d'abandon, une décennie de négligence, de négligence coupable.
M. Frédéric Reiss. Carton rouge !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Voilà le défi que nous devons réussir à relever. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)
Je sais que beaucoup de Français doutent encore de gagner cette bataille. Aujourd'hui, je leur demande, je vous demande de nous mobiliser tous - toutes les forces de la France : les entreprises, les salariés, les collectivités locales, les citoyennes et les citoyens.
Je demande à chacune et chacun d'entre vous de vous poser cette question : " Qu'aurai-je fait pour lutter contre le chômage ? " Je le demande à la majorité - la majorité de tout un peuple -, mais aussi à l'opposition.
Cette bataille est celle de toute une génération. J'y mets toutes mes forces, toutes les forces du Gouvernement, toutes les forces de la France. La bataille, c'est maintenant ! (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)
M. le président. Mes chers collègues, je vous renvoie à l'article 9 de l'instruction générale du Bureau, dont M. Accoyer pourrait vous parler mieux que moi. Je vous demande de cesser ce type de comportement, prescrit de manière précise par l'article 9 de l'instruction générale du Bureau, relatif à la tenue des séances. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP. - Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)

Données clés

Auteur : M. François Brottes

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique économique

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 24 avril 2013

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