Question au Gouvernement n° 814 :
gouvernement

14e Législature

Question de : M. Bruno Le Maire
Eure (1re circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 25 avril 2013

POLITIQUE DU GOUVERNEMENT

M. le président. La parole est à M. Bruno Le Maire, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
M. Bruno Le Maire. Monsieur le Premier ministre, on ne vous écoute plus. On ne vous écoute plus parce qu'on ne vous croit plus. Et on ne vous croit plus parce que vous-même et M. le Président de la République, François Hollande, n'avez cessé de tromper les Français depuis un an. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP - Exclamations sur plusieurs bancs du groupe SRC.)
Vous aviez promis l'emploi ; nous avons un chômage de masse dont le taux n'avait pas été aussi élevé depuis vingt-cinq ans.
Vous aviez promis le pouvoir d'achat ; nous avons une accumulation de taxes et d'impôts supplémentaires qui pèsent sur tous les Français sans exception.
Vous aviez promis la réindustrialisation de la France ; nous avons des fermetures d'usines par dizaines : Florange, Petroplus, Aulnay. Elle est longue, la liste des déceptions que vous avez infligées aux ouvriers français.
M. Christian Hutin. Vous racontez toujours la même chose !
M. Bruno Le Maire. Vous aviez promis l'exemplarité ; nous avons le mensonge et la dissimulation de votre ancien ministre du budget. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
Vous aviez promis l'impartialité ; nous avons un Président de la République qui, contrairement à ses engagements, reçoit les députés de la majorité par fournées entières à l'Élysée (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
Vous aviez promis l'Europe ; nous avons la division franco-allemande et la relégation de la France sur la scène européenne.
Vous aviez promis le rassemblement ; nous avons la division de la France.
Vous aviez promis l'avenir ; nous avons les vieilles recettes du passé, qui ne marchent pas.
Plusieurs députés du groupe SRC. Vous êtes un expert en la matière !
M. Bruno Le Maire. Monsieur le Premier ministre, le 3 juillet 2012, vous disiez dans cet hémicycle : " Notre pays s'est affaibli économiquement, il s'est dégradé socialement, il s'est divisé politiquement, il s'est abîmé moralement. "
M. Philippe Martin. C'était vrai !
M. Bruno Le Maire. On ne saurait faire une meilleure description de l'état dans lequel vous avez plongé la France, depuis un an. Alors, quand allez-vous enfin offrir un espoir à la France ? Quand allez-vous en finir avec les divisions de votre majorité ? Quand allez-vous enfin fixer un cap pour la nation française ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Monsieur Bruno Le Maire, j'aime vous lire - je vous l'ai dit l'autre jour - car vous avez un talent de chroniqueur.
Mme Claude Greff. Et vous de comique !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Tout le monde n'a pas le temps, étant ministre, d'écrire des livres. Mais vous avez ce talent, et je vous adresse mes félicitations. (Sourires et applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)
M. Guy Geoffroy. C'est petit !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Ce qui me plaît dans votre propos, c'est que j'y retrouve toute la critique, la sévère critique du quinquennat auquel vous avez participé. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)
Oui, je revendique avec fierté ce que nous avons entrepris pour le redressement du pays. Je sais ce que j'ai dit le 3 juillet, ici même, et je vous remercie d'y avoir été attentif : nous avons trouvé un pays qui avait perdu confiance dans son avenir,...
Mme Claude Greff. Cela fait un an maintenant !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. ...qui avait vu son industrie se déliter, avec 750 000 emplois détruits (Exclamations sur les bancs du groupe UMP),...
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. ...qui voyait son commerce extérieur refléter sa perte de compétitivité, avec plus de 70 milliards d'euros de déficit,...
M. Michel Herbillon. C'est toujours la même rengaine !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. ...qui voyait son système éducatif s'affaiblir et conduire plus de 20 % de la jeunesse au chômage et d'échec en échec.
M. Michel Herbillon. Parlez-nous d'avenir !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Ce pays était effectivement économiquement affaibli, politiquement divisé et doutant moralement de lui-même. Ce défi, que nous avons relevé et qui nous anime et nous mobilise depuis un an, c'est celui du redressement, du refus du déclin de la France.
Monsieur Le Maire, j'aimerais bien que vous sortiez des facilités dans lesquelles vous venez de tomber...
M. Michel Herbillon. Vous aussi vraiment !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. ...et qui ne vous ressemblent pas. D'une certaine façon, je salue votre lucidité par rapport à ce qu'a fait l'ancienne majorité, c'est-à-dire l'opposition actuelle.
M. Christian Jacob. Ce n'est pas au niveau !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Il y a quelque temps, vous teniez des propos que je trouvais courageux : nous ne sommes pas près, disiez-vous, de retrouver la confiance des Français parce que, sur beaucoup de plans, nous avons échoué. J'aimerais bien que vous continuiez sur cette voie, parce que dans une démocratie, il est important que ceux qui ont perdu le pouvoir soient aussi capables de faire le bilan, l'inventaire de l'échec dans lequel ils ont conduit la France. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)
Lorsque vous aurez terminé ce travail,...
M. Christian Jacob. Nous, nous aimerions que vous vous mettiez au travail !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. ...nous pourrons confronter ce que nous faisons à ce que vous proposez (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
M. Philippe Le Ray. Ça ne marche plus ! Nous voulons des réponses !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Pour l'instant, vous êtes divisés. Vous êtes dans une compétition : il s'agit de courir de plus en plus vite derrière l'extrême droite, comme nous l'avons vu au cours des derniers jours. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC. - Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Tous ne sont pas d'accord avec cette hypothèse, je le sais. Sur le plan politique, vous aurez aussi à clarifier le choix de vos alliances (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Vous aurez aussi à dire clairement aux Français ce que vous leur proposez.
M. Christian Jacob. C'est vous qui êtes aux responsabilités !
M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. Certains d'entre vous le font déjà, comme mon prédécesseur, qui a donné hier une interview au journal Les Échos. Eh bien, je vous le dis, la gauche n'est pas d'accord avec ce que vous proposez : l'austérité, la retraite à soixante-cinq ans, trente-neuf heures de travail hebdomadaire payées trente-cinq, des dizaines et des dizaines de milliers d'emplois publics détruits, des services publics abîmés (Exclamations prolongées sur les bancs du groupe UMP.) Croyez-vous que c'est avec l'austérité que nous allons redonner confiance aux Français ?
Pour notre part, nous avons fait le choix de la rénovation de notre modèle social et républicain en le réformant. Ce chantier demande du courage, du temps, de la constance. Le cap est fixé, il faut surtout s'y tenir ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et écologiste - " Debout ! " sur les bancs du groupe UMP.)

Données clés

Auteur : M. Bruno Le Maire

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : État

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 25 avril 2013

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