police nationale
Question de :
M. Julien Aubert
Vaucluse (5e circonscription) - Les Républicains
M. Julien Aubert appelle l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur les moyens alloués aux services de sécurité et plus particulièrement de la police nationale. Les policiers vauclusiens, qui ont participé à un mouvement national le 5 novembre 2013, ont fait part de leur mécontentement en protestant contre le manque de moyens (véhicules, armes en nombre insuffisant ou hors service), la dégradation des conditions de travail, la diminution de la prime de risque et le blocage des salaires dans la profession. Les motifs d'insatisfaction ne manquent pas et les fonctionnaires de police attendent du Gouvernement des mesures fortes, afin de renforcer les moyens de la police et d'améliorer leurs conditions de travail actuelles. Par conséquent, il lui demande de lui indiquer quelles mesures le Gouvernement entend prendre en vue d'apaiser la légitime inquiétude des policiers.
Réponse en séance, et publiée le 26 février 2014
MOYENS ALLOUÉS À LA POLICE NATIONALE
Mme la présidente. La parole est à M. Julien Aubert, pour exposer sa question, n° 570, relative aux moyens alloués à la police nationale.
M. Julien Aubert. Madame le président, monsieur le ministre, le 5 novembre dernier, les policiers du Vaucluse, à l'instar de leurs collègues de tout le territoire français, ont participé à une manifestation afin de faire part de leur mécontentement. Ils protestaient contre le manque de moyens alloués aux services de sécurité, et plus particulièrement à la police nationale. Véhicules vétustes, armes en nombre insuffisant ou hors service, dégradation des conditions de travail, locaux parfois inadaptés et souvent vétustes, diminution de la prime de risque, blocage des salaires dans la profession : les motifs d'insatisfaction ne manquent pas chez les fonctionnaires de police. Ils attendent du Gouvernement des mesures fortes, afin notamment de renforcer les moyens de la police et de la gendarmerie, et d'améliorer leurs conditions de travail actuelles.
Je suis toujours catastrophé d'entendre des fonctionnaires de police ou des gendarmes m'expliquer qu'ils amènent leur papier personnel pour pouvoir travailler, ou qu'ils doivent remplir leur véhicule de service avec du carburant acheté sur leurs deniers personnel.
Je vous demande donc, au nom de tous les fonctionnaires en charge de la sécurité publique, quelles mesures vous entendez prendre en vue d'apaiser la légitime inquiétude des policiers et des gendarmes.
Mme la présidente. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Manuel Valls, ministre de l'intérieur. Monsieur Julien Aubert, je sais que vous êtes ambitieux, mais de là à parler au nom de toute la police, c'est un nouvel exemple de votre toupet ! (Sourires.) D'autant que vous oubliez – et c'est normal – les 13 700 suppressions d'emplois de policiers et de gendarmes et la baisse de 18 % des moyens de fonctionnement et d'investissement de la police et de la gendarmerie décidées par la majorité précédente, comme je le rappelais tout à l'heure à l'une de vos collègues.
Qu'a donc fait le Gouvernement ? Nous avons arrêté l'hémorragie des postes : nous remplaçons tous les départs à la retraite et créons 400 à 500 emplois de policiers et de gendarmes chaque année, pour donner les moyens nécessaires à la police et à la gendarmerie.
Pour la première fois depuis plusieurs années, nous avons aussi, dans le cadre de la loi de finances pour 2014, adopté un budget en augmentation, certes modeste, mais qui permettra tout de même une hausse des crédits de fonctionnement et d'investissement.
Par ailleurs, nous sommes, évidemment, attentifs aux conditions de travail et indemnitaires des policiers et des gendarmes, dans un contexte budgétaire difficile. Je suis très attentif au moral et à la situation des policiers et des gendarmes, et je ne doute pas un seul instant que vous ne le soyez également.
Nous avons besoin que les policiers et les gendarmes reçoivent le soutien et la très large confiance de nos compatriotes. Ils doivent pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Le fossé est difficile à combler, mais nous essayons de le faire progressivement. Les zones de sécurité prioritaire permettent aussi de renforcer les moyens sur le terrain. Je veux saluer à nouveau, devant cet hémicycle comble et ce public très nombreux dans les tribunes (Sourires), l'excellent travail réalisé par nos fonctionnaires de la police et les militaires de la gendarmerie.
Mme la présidente. La parole est à M. Julien Aubert.
M. Julien Aubert. Non, monsieur le ministre, je n'ai rien oublié. J'entends bien que vous avez beaucoup d'amour pour les forces de police, mais il serait également intéressant de donner des preuves d'amour !
Vous m'avez parlé, à juste titre, de la diminution du nombre d'agents. Or, je vous ai interrogé, non pas sur les effectifs, mais sur les moyens ; et il y a bien un problème d'arbitrage entre les moyens alloués et le nombre d'agents.
La seule ville de Carpentras a connu, en 2013, 1 515 crimes et délits. Évidemment, les statistiques officielles y verront une baisse en pourcentage. Cependant, dans une ville de 30 000 habitants, chaque crime ou délit a un impact. Vous comprendrez bien que, pour une ville de 30 000 habitants, 1 515 crimes et délits, ce sont 1 515 actes en trop, par rapport à ce qu'une population peut supporter.
Enfin, vous avez mentionné l'augmentation des moyens et parlé des zones de sécurité prioritaire. Je souscris, bien évidemment, à vos propos, mais je répète qu'il faut des preuves d'amour. Or, je n'ai pas oublié que, le 17 janvier dernier, vous vous êtes rendu en Vaucluse, et plus particulièrement à Carpentras, afin d'y rencontrer les fonctionnaires de police du commissariat de la ville.
J'ai noté que vous n'aviez annoncé aucun renforcement de moyens et aucune zone de sécurité prioritaire pour Carpentras. En conséquence, je me demande si cette visite avait pour véritable objet d'écouter les inquiétudes des policiers ou d'apporter un soutien politique, dans le cadre d'une campagne électorale.
Auteur : M. Julien Aubert
Type de question : Question orale
Rubrique : Police
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 18 février 2014