Favoriser la vente directe de vin aux particuliers au sein de l'Union Européenne
Question de :
M. Dominique Potier
Meurthe-et-Moselle (5e circonscription) - Socialistes et apparentés
M. Dominique Potier alerte M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance sur les difficultés que rencontrent les petits producteurs de vins pour vendre leur production par correspondance aux particuliers au sein de l'Union européenne. Face à la baisse tendancielle de la consommation sur le marché intérieur et à la concurrence des vins étrangers, des petits vignobles, dans un esprit coopératif, multiplient les initiatives pour assurer leur attractivité et échanger leurs productions à l'international. C'est le cas du GEIE Terroir Moselle, créé en 2013, qui représente à ce titre une démarche de coopération inédite entre vignerons, acteurs touristiques et collectivités territoriales et qui encourage le développement de l'œnotourisme et les échanges transfrontaliers. L'émergence de cette nouvelle clientèle frontalière a vocation à être fidélisée. Il importe donc que l'ensemble des conditions soient réunies pour favoriser les transactions, entre des producteurs et des particuliers. Or, à ce jour, la vente de vins tranquilles et mousseux (produits soumis à accises) à des particuliers par correspondance en dehors des frontières se heurte à trois freins principaux : une grande complexité des formalités règlementaires, fiscales et administratives pour les vendeurs, imposant notamment le recours à un représentant fiscal dédié ; une incohérence tarifaire avec des coûts inhérents à la déclaration des vins tranquilles et mousseux qui sont proportionnellement très élevés pour les petits volumes ; l'absence d'unité concernant la TVA, les droits d'accises et d'autres éléments de fiscalité nationaux qui s'appliquent pour l'État de destination. Face à ces difficultés, l'organisation transfrontalière GEIE terroir Moselle propose notamment l'introduction d'un seuil de 90 litres pour l'expédition et la vente de petites quantités de vin à des particuliers dans un autre État-membre. D'autres pistes peuvent également être explorées, telles que la mise en place de simplifications règlementaires dans le cadre prévu par l'article 36 du règlement européen 2008/118/CE. Il souhaiter donc l'interroger sur la position du Gouvernement vis-à-vis de ces initiatives et souhaite connaître les mesures qu'il compte mettre en œuvre pour soutenir les petits producteurs de vins dans leurs démarches de vente sur le marché intérieur européen, dans un contexte politique favorable avec la prochaine présidence française de l'Union européenne en 2022.
Réponse publiée le 4 janvier 2022
La fiscalité reste une compétence propre des États-membres, harmonisée au sein de l'Union européenne pour faciliter la libre circulation des produits. Ainsi, les taux d'imposition sont fixés librement par les États-membres dans le respect des règles fixées par les directives européennes concernant les accises et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Afin de garantir la libre circulation des marchandises entre les États-membre, les modalités de circulation des produits soumis à accise sont prévues par la directive 2008/118/CE du 16 décembre 2008. L'article 36 de cette directive fixe les prescriptions auxquelles doivent se conformer les vendeurs qui envoient des produits pour lesquels les droits d'accise ont déjà été acquittés dans un État-membre, tels que le vin par exemple, à destination d'un particulier établi dans un autre État membre. Si l'article 36 prévoit explicitement que l'accise est due dans l'État-membre de destination, la procédure de vente à distance laisse cependant une certaine marge de décision aux États-membres, qui peuvent décider d'imposer le recours à un représentant fiscal. La France exige ainsi qu'un vendeur européen désigne un représentant fiscal en France pour déclarer les ventes qu'il réalise à destination d'un particulier établi en France. En contrepartie, depuis le 1er janvier 2020, la direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) a simplifié les procédures pour les entreprises concernées dans le but de sécuriser la perception de l'accise en France. À compter du 13 février 2023, la directive 2008/118 sera remplacée par la directive (UE) 2020/262 du Conseil du 19 décembre 2019 établissant le régime général d'accise. Les dispositions de son article 44 reprennent les dispositions actuelles de l'article 36 pour la vente à distance. La personne redevable des droits restera ainsi l'expéditeur, mais les États-membres ne pourront plus lui imposer d'avoir recours à un représentant fiscal dans l'État-membre de destination. L'expéditeur aura donc la possibilité d'accomplir lui-même les formalités fiscales dans l'État-membre de destination. La suppression de cette faculté d'imposer la représentation fiscale constitue déjà une avancée significative pour les professionnels. L'article 32 de la directive 2008/118 prévoit que, lorsqu'un particulier acquiert des boissons alcooliques pour ses besoins propres et les transporte lui-même dans un autre État-membre, en deçà d'un seuil de 90 litres pour le vin, les droits d'accise sont ceux prévus par l'État membre dans lequel les produits ont été acquis. Ce seuil de 90 litres ne pourrait cependant pas être réutilisé pour proposer que la TVA et les accises soient acquittés dans le pays d'expédition lorsque le vendeur prend en charge le transport. Contraire au principe du paiement dans l'État-membre de destination, posé par les directives accises et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), cette proposition ne pourrait pas faire l'objet d'un éventuel accord avec d'autres États-membres.
Auteur : M. Dominique Potier
Type de question : Question écrite
Rubrique : Alcools et boissons alcoolisées
Ministère interrogé : Économie, finances et relance
Ministère répondant : Comptes publics
Dates :
Question publiée le 20 juillet 2021
Réponse publiée le 4 janvier 2022