Imposition des plus-values dans le cadre du régime mère-fille - plus-value
Question de :
M. Romain Grau
Pyrénées-Orientales (1re circonscription) - La République en Marche
M. Romain Grau attire l'attention de M. le ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargé des comptes publics, sur l'imposition des plus-values dans le cadre du régime mère-fille. Lorsqu'une société mère cède les titres de sa filiale, elle réalise une plus-value ou une moins-value. Le droit fiscal français aujourd'hui en vigueur est très clair : lorsqu'une société relevant de l'impôt sur les sociétés cède les titres de sa filiale, la plus-value ainsi réalisée par elle est soumise à un taux nul. En contrepartie, la loi dispose qu'une quote-part de frais et charges est prise en compte pour la détermination du résultat imposable. Cette quote-part initialement fixée à 5 % du résultat net des plus-values de cession a été portée progressivement à 12 % tout en modifiant l'assiette puisque ce ne sont plus désormais les plus-values nettes de l'exercice qui sont frappées mais les plus-values brutes. Selon de nombreux commentateurs de la loi de finances pour 2013 qui a vu cette dernière modification, ce changement est économiquement néfaste car il est de nature à favoriser les distributions préalables à la cession pour des raisons essentiellement fiscales. À cela s'ajoute que le taux de 12 % est beaucoup plus élevé que celui existant chez ceux des États européens qui connaissent le mécanisme d'une quote-part de frais et charges sur les plus-values de participations. Il lui demande, après plusieurs années de pratique, si on a observé une baisse des plus-values imposables dans le cadre du régime mère-fille susmentionné.
Réponse publiée le 5 avril 2022
Les dispositions du a quinquies du I de l'article 219 du code général des impôts (CGI) prévoient que le montant net des plus-values à long terme afférentes à des titres de participation, réalisées par les entreprises ou groupements soumis à l'impôt sur les sociétés, sont taxées séparément à un taux de 0 %. Corrélativement, ceux-ci doivent procéder à la réintégration d'une quote-part de frais et charges (QPFC) égale à 12 % des plus-values brutes de cession. Le champ d'application de ce régime est plus large que celui applicable aux produits de participation dans le cadre le régime des sociétés mères et filiales des articles 145 et 216 du CGI. Si la réintégration de la quote-part de frais et charges de 12 % ne place pas le régime français d'imposition des plus-values de cession de titres de participation parmi les plus généreux en Europe, le niveau de participation exigé pour que soit accordé le bénéfice du dispositif est relativement faible (5 %) en comparaison des niveaux exigés dans d'autres pays de l'Union Européenne (Portugal, Luxembourg, Belgique par exemple), où celui-ci est plus proche de 10 %. Le régime français en vigueur est donc équilibré. Le tableau ci-dessous présente le coût de la dépense fiscale, le nombre d'entreprises ayant réalisé des plus-values éligibles et le montant des plus-values correspondantes (source : Tome II évaluation des voies et moyens).
PLF | Année budgétaire | Montants | Nombre d'entrepises | Montant des plus-values | Exercices clos en |
PLF 2010 | Résultat 2008 | 12 500 M€ | 6 200 | 38,4 Md€ | 2007 |
PLF 2011 | Résultat 2009 | 3 400 M€ | 5 700 | 24,5 Md€ | 2008 |
PLF 2012 | Résultat 2010 | 3 240 M€ | 4 900 | 17,0 Md€ | 2009 |
PLF 2013 | Résultat 2011 | 4 140 M€ | 4 700 | 22,7 Md€ | 2010 |
PLF 2014 | Résultat 2012 | 7 050 M€ | 5 300 | 41,4 Md€ | 2011 |
PLF 2015 | Résultat 2013 | 2 850 M€ | 4 200 | 18,8 Md€ | 2012 |
PLF 2016 | Résultat 2014 | 3 860 M€ | 4 200 | 24,3 Md€ | 2013 |
PLF 2017 | Résultat 2015 | 4 060 M€ | 5 500 | 24,2 Md€ | 2014 |
PLF 2018 | Résultat 2016 | 5 590 M€ | 6 030 | 33,2 Md€ | 2015 |
PLF 2019 | Résultat 2017 | 4 429 M€ | 6 682 | 27,6 Md€ | 2016 |
PLF 2020 | Résultat 2018 | 7 022 M€ | 7 172 | 43,2 Md€ | 2017 |
PLF 2021 | Résultat 2019 | 3 800 M€ | 7 400 | 30,0 Md€ | 2018 |
Auteur : M. Romain Grau
Type de question : Question écrite
Rubrique : Impôt sur les sociétés
Ministère interrogé : Comptes publics
Ministère répondant : Économie, finances et relance
Dates :
Question publiée le 10 août 2021
Réponse publiée le 5 avril 2022